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MV Benita: Décryptage

23 juin 2016, 21:15

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MV Benita: Décryptage

 

Qui paiera les frais des opérations de renflouage du pétrolier ? Quelles conséquences pour l’environnement et quels dommages l’État peut-il réclamer ? Éclairage.

LES DÉPENSES

Le propriétaire du MV Benita devra payer la note pour les dépenses lors des opérations de renflouage par les garde-côtes et la Mauritius Ports Authority. L’on relève notamment les frais de carburants (hélicoptères/vedettes/véhicules), l’utilisation des hélicoptères, la mobilisation des remorqueurs et du personnel (policiers/spécialistes de l’environnement), l’utilisation des équipements pour empêcher la diffusion du fioul, le pompage du carburant et le nettoyage de la plage. «Nous travaillons actuellement sur les dépenses encourues jusqu’ici. On saura bientôt combien nous avons dépensé», explique Alain Wong, ministre de l’Environnement.

LES DOMMAGES

«Il y a eu des dégâts à l’environnement. Nous réclamerons des dommages», soutient le ministre de l’Environnement. Alain Wong affirme que le gouvernement travaille déjà sur ce dossier avec l’aide du bureau du Directeur des poursuites publiques.

ERIKA ET EXXON VALDEZ ONT CASSÉ LA TIRELIRE

D’énormes sommes sont en jeu en termes de dommages. À titre d’exemple, la justice française avait sommé une compagnie pétrolière et l’armateur d’Erika de payer 200,6 millions d’euros de dommages et intérêts au gouvernement, aux associations écologiques et aux collectivités locales après que le pétrolier avait sombré au large de la France en 1999.

QUE DEVIENDRA LE NAVIRE ?

Le capitaine Thierry Bétuel, directeur général de Taylor Smith and Co Ltd, explique qu’il faudra d’abord pomper le carburant et remorquer le navire pour un constat des dégâts. «S’il y a des fissures, il faudra souder la coque sous l’eau afin d’empêcher celle-ci de pénétrer la cale.» Le navire pourrait ensuite partir dans une grosse cale sèche à Durban pour des réparations complètes. Le MV Benita pourrait tout aussi bien finir sa carrière comme récif artificiel, si les dégâts sont trop conséquents. Les 11 experts étrangers dépêchés sur les lieux n’ont pas encore tranché.

LES OPÉRATIONS DE RENFLOUAGE

L’opération de pompage des tonnes de fioul du réservoir du MV Benita a débuté mardi. Mercredi, l’hélicoptère Dhruv de la police s’est attelé à transporter 22 000 litres de fioul. Au total, 22 cuves ont ainsi été stockées sur un terrain de foot non loin de la plage. L’opération s'est poursuivi ce jeudi, et cette partie devrait durer encore quatre jours. Deux autres hélicoptères, soit l’Alouette 3 et le Fennec, avaient pour tâche le transport du personnel mauricien et étranger ainsi que les différents équipements.

C’EST QUOI CETTE HUILE ?

Le navire contient 145 000 litres de fioul utilisé dans la salle des machines, dont une partie a été déversée en mer depuis samedi matin. Le navire libérien contient aussi une citerne d’huile lourde («heavy fuel oil») qui est cependant restée intacte. L’opération s’avère délicate pour le pompage de celle-ci.

RETOUR SUR LE NAUFRAGE

Selon la version des membres de l’équipage, c’est dans la soirée du jeudi 16 juin qu’un des leurs s’est excité, accusant ses collègues de vouloir l’agresser. Il semblait avoir des «hallucinations». Lors de cette soirée, le marin Omar Taton s’était enfermé dans la salle des machines et aurait agressé le quatrième ingénieur avant de saboter les moteurs. Le capitaine a essayé de relancer la machine. En vain.

Mercredi, le marin philippin s’est rendu au Scene of Crime Office de Curepipe pour identifier des objets qu’il aurait utilisés lors de l’agression. Représenté par l’avocat Muhammad Lilshad Munsoor, il a de nouveau comparu en cour de Mahébourg ce jeudi. Il a été reconduit en cellule policière.