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Alimentation: danger dans les assiettes

10 juillet 2016, 17:59

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Alimentation: danger dans les assiettes

Elle n’en a pas forcément l’air de prime abord, mais notre assiette ressemble de plus en plus à un laboratoire de chimie. Pour cause, édulcorants, additifs, pesticides et antibiotiques sont présents dans des aliments que l’on consomme.

Au Chili, par exemple, un des plus gros producteurs de saumon a avoué qu’il utilisait 500 fois plus d’antibiotiques que les autres pays dans les élevages marins. Quel rapport avec Maurice ? Trois tonnes de saumon chilien se sont retrouvées sur nos étals l’année dernière… Que risque-t-on dans ce cas ? Les différents ministères concernés se contentent de dire que «toutes les précautions sont prises pour s’assurer que les aliments importés sont de bonne qualité». Essaierait-on de nous faire avaler des couleuvres ?

«Certains produits, même s’ils sont présents en quantité réduite dans les aliments, peuvent nuire à notre santé», souligne Shameem Adamjee Fatehmamode, consultante en nutrition. À l’instar des friandises et de la majorité des gâteaux, qui sont remplis d’additifs dérivés de produits chimiques. Lorsqu’un certain seuil a été atteint, l’organisme n’arrive plus à digérer ces substances et c’est le foie qui en prend un coup. «Cet organe est le carrefour métabolique du corps. C’est lui qui décide de ce qui sera digéré et de ce qui est toxique. S’il y a un embouteillage à ce niveau, c’est là que les problèmes tels que les allergies apparaissent.» Qui, dans des cas extrêmes, peuvent être fatales.

Autre «tueuse» potentiel : l’huile de palme, qui divise écologistes et médecins ailleurs. «Je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle est toxique. Elle est pleine de graisses saturées et une surconsommation peut s’avérer néfaste, mais en quantité raisonnable, la santé ne va pas en pâtir», rassure Shameem Adamjee Fatehmamode. On peut donc réduire la quantité de crème chocolatée sans pour autant la bannir de nos placards.

Et puis il y a les édulcorants artificiels, comme l’aspartame ou les boissons light. Ils sont prisés surtout par les diabétiques et ceux qui veulent à tout prix garder la ligne, quitte à braver le goût chimique. Seraient-ils cancérigènes comme le prétendent certains ? «Jusqu’à présent, aucune étude sur le lien entre le cancer et les édulcorants n’a été faite ou publiée, donc il ne faut pas se laisser gagner par ces raccourcis», prévient la consultante en nutrition. Et de rappeler que le foie, encore lui, ne peut en métaboliser qu’une quantité réduite par jour. Excès, donc, égal problèmes hépatiques.

Sinon, y a-t-il une liste de ces aliments indigestes pour le foie et d’autres organes qui pourrait nous aider à faire le tri ? «Nous n’allons pas mettre des barrières là où il n’en faut pas. De plus, une telle liste irait à l’encontre des règlements de la World Trade Organisation», affirme un préposé à la Food Import Unit du ministère de la Santé. Il faut donc ingurgiter des substances nocives pour plaire à cette organisation ? «Absolument pas. Le ministère prélève souvent des d’échantillons de tous les produits comestibles à des fins d’analyses. Si une anomalie est détectée, tout le lot est détruit en présence de nos officiers.»

Les produits alimentaires pas des «controlled goods»

Du côté du ministère du Commerce, l’on affirme que les produits alimentaires ne figurent pas sur la liste des «controlled goods». Hormis des bonbons en forme de cigarette et des «lagom» qui contiennent un additif spécifique, ils sont tous les bienvenus chez nous.

D’ailleurs, les procédures à suivre pour l’importation des produits alimentaires sont aussi simples que la préparation de nouilles instantanées. Il suffit de se munir d’un certificat émis par les autorités compétentes du pays d’origine, affirmant que le produit est propre à la consommation. Aucune autre autorisation locale n’est nécessaire, la logique étant que le produit n’aurait pas passé les contrôles du pays d’origine en cas de pépin.

Toutefois, en ce qui concerne les fruits de mer, le ministère de la Pêche a son mot à dire. Et qu’a-t-il à dire justement au sujet du saumon chilien fourré aux antibiotiques qui a atterri sur nos étals ? «Maurice n’importe plus de saumon du Chili depuis cette année», précise une source officielle du ministère. Alors que, si l’on en croit Statistics Mauritius, le pays a importé 403 kilos pour le premier trimestre de cette année…

Quoi qu’il en soit, Diane Desmarais, nutritionniste, rappelle que les antibiotiques présents dans la chair animale peuvent poser problème non seulement pour le consommateur mais pour les personnes qui l’entourent. «Lorsque la personne consomme ces chairs, ses bactéries deviennent de plus en plus résistantes. En cas de transmission, l’autre personne peut se retrouver avec une bactérie beaucoup trop ‘forte’ pour son système.»