Publicité

Lutte contre la drogue : Ruth Dreifuss ou l’ex-présidente suisse qui a testé un hallucinogène

14 juillet 2016, 10:08

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Lutte contre la drogue : Ruth Dreifuss ou l’ex-présidente suisse qui a testé un hallucinogène

 

Alors que les répliques du Premier ministre et celles du ministre de la Santé sur la problématique des drogues se veulent les unes plus tranchantes que les autres, le pays accueille jusqu’à aujourd’hui l’ancienne présidente de la Confédération suisse Ruth Dreifuss. Cette ex-ministre responsable de la santé publique, de l’assurance sociale, de la recherche, des questions féminines, de la culture et de l’environnement, a surtout été «un cobaye volontaire» en 2014, en consommant de la psilocybine, un hallucinogène. Cette militante pour une réforme des politiques antidrogues avait confié, dans la presse internationale, qu’elle souhaitait «mieux comprendre les souffrances psychiques des personnes dépendantes et pouvoir ainsi mieux les traiter».

Mardi, jour de son arrivée à Maurice, la militante pour une réforme des politiques antidrogues, a partagé sa méthode innovatrice en matière de stupéfiants qui a fait de la Suisse un modèle international. Ce modèle repose sur quatre mesures «bon marché qui se sont révélées efficaces et humaines en restituant la dignité aux personnes en question», dont la plus spectaculaire est la distribution d’héroïne sur prescription médicale. C’était au cours d’une conférence donnée à l’université de Maurice. Présents dans la salle de conférences numéro 2 du campus : des étudiants, des travailleurs sociaux, des pharmaciens, des pharmacologues et des médecins. Le thème de la conférence : échange des meilleures pratiques.

1.Se mettre tous autour d’une table

Permettre à ceux chargés de la répression, de l’éducation, du sanitaire, de la santé publique et les travailleurs sociaux, de faire un travail qui ne sabote pas celui de l’autre. «Il a fallu que la police reconnaisse que son action était un élément du problème à cause de la clandestinité dans laquelle se déroulait la consommation. Et qu’il était indispensable que les policiers acceptent que d’autres fassent un travail qui était considéré comme ‘illégal’ et qui était de mettre à disposition des consommateurs de drogue les moyens de se protéger et de protéger leur environnement», a indiqué Ruth Dreifuss.

2. Création de locaux de consommation

La Suisse s’est donné les moyens de sauver la vie de ceux qui étaient en danger. Elle a créé des locaux de consommation à l’abri des poursuites de la police et du harcèlement des dealers. Un lieu où un toxicomane qui mène une vie de harcèlement permanent et de courses permanentes pour trouver l’argent pour s’acheter de la drogue peut se poser. Un endroit où il peut également prendre une douche, un café, parler avec les travailleurs sociaux et une équipe médicale. «C’est un pas vers plus de dignité, une vie mieux encadrée.»

3. Échange de seringues

Échange de seringues et traitement de substitution pour les personnes qui en ont besoin, comme la méthadone où la Suisse à une expérience d’une cinquantaine d’années. Ce n’est pas tout. Depuis une vingtaine d’années, il y a aussi la prescription d’une héroïne pure mise en conditionnement par une pharmacie qui reçoit une concession de l’État pour ce faire. Il faut ajouter à cela des prescriptions dans des polycliniques spécialisées dans le traitement de substitution de l’héroïne.

4. Analyse des substances achetées au noir

Le pays de Ruth Dreifuss offre également la possibilité d’analyser des substances achetées sur le marché noir avec la collaboration des laboratoires universitaires et hospitaliers dans certaines villes. Le consommateur peut ainsi connaître la composition de la drogue qu’il a achetée sur le marché noir.

 

La lutte de Ruth Dreifuss et de ses amis Annan et Branson

<p>Ruth Dreifuss est présidente de la Commission globale sur les politiques en matière de drogue lancée en 2011 à Genève. Cette institution regroupe 22 personnalités, dont l&rsquo;ancien secrétaire général de l&rsquo;ONU Kofi Annan, l&rsquo;ex-premier ministre grec George Papandreou, l&rsquo;écrivain péruvien Mario Vargas Llosa ou encore Richard Branson, fondateur du groupe Virgin.</p>