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Hamada Madi Boléro: «Sans sécurité, on ne peut parler de développement ni d’intégration»
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Hamada Madi Boléro: «Sans sécurité, on ne peut parler de développement ni d’intégration»
Il a été président, Premier ministre, secrétaire à la défense, diplomate, entre autres. Il se retrouve aujourd’hui à la tête de la Commission de l’Océan Indien. Le secrétaire général (SG) Hamada Madi Boléro, natif de Mohéli, Union des Comores, nous livre sa vision pour les quatre prochaines années.
Vous prenez officiellement vos fonctions de SG dans deux jours (NdlR, 16 juillet). Que ressentez-vous ?
Déjà, je dirais que c’est une chance. C’est la première fois que je prendrai des fonctions dans un pays autre que le mien. Mais rester dans l’océan Indien est important pour moi. J’avais d’ailleurs presque oublié que je viens d’être nommé. Je me sens déjà parfaitement intégré.
Quelle sera votre première action à la tête de la COI ?
La première tâche pour tout SG d’une organisation, est de faire le suivi de ce qui a été réfléchi, de ce qui a été fait, de ce qui a été conçu. Je vais continuer et compléter l’œuvre de mon prédécesseur, du conseil des ministres et des Etats membres.
Deuxièmement, j’avoue que j’ai une petite déformation, j’ai été trois fois chargé de la défense et de la sécurité aux Comores. Donc, dès que j’arrive quelque part, je pense à la sécurité. Pas seulement d’ailleurs à la COI ; le problème est aujourd’hui international.
Vous êtes un peu le M. Sécurité donc…
C’est vous qui me le direz à la fin de mon mandat ! Quand je dis sécurité, je parle de celle de la personne et des biens, de sécurité alimentaire, environnementale, sanitaire. L’insécurité frappe tout le monde. Si nos cinq Etats peuvent régler ces problèmes de sécurité, ce sera déjà un problème en moins pour l’Afrique et le monde entier.
De plus nous sommes dans l’océan Indien, une zone très fréquentée, très riche en termes de présence. On retrouve, dans cette zone, les pays du Golfe, l’Inde, la Chine, de grands pays qui entourent l’Indianocéanie. C’est pourquoi il est nécessaire que la COI rime avec sécurité.
Sous votre direction, la COI va-t-elle redéfinir son rôle dans les pays membres ?
La COI, c’est l’émanation de ses Etats membres ; ils donnent le cap à la COI. Donc si ces pays souhaitent redéfinir la vocation de la COI, bien sûr que nous nous y conformerons. Mais ce n’est pas la vocation de la COI de s’immiscer dans les affaires internes des pays. Toutefois, lors de périodes de crises, comme on a vu à Madagascar, la COI peut être sollicitée.
Comment voyez-vous les quatre prochaines années à la COI ?
Il est très important que notre organisation puisse laisser sa marque au niveau international. C’est vrai que la COI est petite, mais quand on se rend compte que l’océan indien a deux pays présents, nommément la France et la Chine, en tant que membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, on voit que la zone est très importante. Donc, il faut faire en sorte que la COI puisse jouer un grand rôle au niveau international pour le maintien de la paix, pour la lutte contre le terrorisme, la drogue, le crime organisé. Donc ma vision est celle-là : que la COI puisse devenir un grand partenaire, puisse jouer un grand rôle à la fois au niveau de l’Afrique et aussi au niveau mondial.
Y a-t-il un secteur où vous voudriez que la COI entreprenne des actions ?
Justement, j’y réfléchissais. J’aurais bien aimé qu’à mon départ, la COI ait mis en place un système de renseignement au niveau des pays membres, afin que nos services de sécurité puissent partager des informations à l’instantané. Ceci, afin de prévenir des menaces terroristes, des entrées illégales dans les pays, etc. Que les pays puissent assurer leur sécurité, ce serait, pour moi, une belle réussite. J’estime que sans la sécurité, on ne peut pas parler de développement ni d’intégration.
Comment voyez-vous ce changement de vie, vous qui sortez de la politique active pour être à la tête d’une organisation régionale ?
C’est un choix. Déjà que de ma formation initiale de relations internationales, je me destinais à travailler justement dans des organisations internationales. Oui, j’ai fait de la politique, mais c’était au niveau national. Cela n’a pas été difficile pour moi de m’intégrer, je me suis déjà reconverti afin de penser plus en termes d’accompagnateur des Etats plutôt qu’être partie prenante des affaires internes.
Comment vivez-vous ce dépaysement de l’Union des Comores pour venir à Maurice ?
Je vais vous dire un secret, j’oublie même que j’ai quitté mon pays. En tout cas, côté climat, il n’y a aucune différence. J’aime surtout le temps qu’il fait actuellement. Je ne sens pas du tout le dépaysement, surtout avec le soutien constant de mes collaborateurs. Nous sommes issus des îles de l’océan indien et c’est justement la raison pour laquelle nous avons mis en place cette organisation. Pour apprendre à mieux se connaître.
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