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Achat à crédit: CIM joue-t-il au monopoly ?

17 juillet 2016, 09:49

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Achat à crédit: CIM joue-t-il au monopoly ?

 

Des clients qui ont été «bannis», d’autres qui ont des problèmes de standing orders, d’autres encore qui se feraient «harceler» parce qu’ils ont raté un paiement. Des problèmes auxquels font face certaines personnes qui ont acheté à crédit en passant par CIM. Mais comment faire autrement quand pratiquement tous les magasins vous demandent de passer par eux ? Ce qui nous pousse à nous poser la question suivante : CIM a-t-il le monopole du marché ?

Ils sont attablés devant des verres d’eau. Mark van Beuningen, directeur général de CIM Finance, Ambrish Maharahaje, Head of Corporate Affairs, et Melinda Soorajee, Corporate Manager – communication, ont un sourire accueillant aux lèvres. C’est gentil mais on n’a pas envie de rire.

Poignées de main : c’est fait. Formules de politesse : check. Passons aux choses sérieuses. Soyons cash. Un appel à témoins lancé sur Facebook, notamment, a fait remonter plusieurs problèmes à la surface. Il y a le cas de cette dame pour commencer. Qui a acheté un téléphone à crédit il y a une dizaine d’années. L’objet ne fonctionnait plus après deux jours. Elle est entrée dans une bataille verbale et psychologique avec le revendeur. Sauf qu’entre-temps, CIM lui demandait d’honorer ses dettes. Résultat des courses : elle a été appelée en cour et a finalement dû mettre la main au porte-monnaie.

Depuis, elle ne peut plus goûter aux joies de la vente à tempérament… «Tous les magasins vous disent qu’il faut passer par CIM. Mais moi, depuis cet incident, je suis blacklistée. Si je veux acheter quelque chose à crédit, il faut que je demande à mon conjoint ou à un proche de le prendre et je repaie les mensualités ensuite…» Et la semaine dernière, elle a encore été faire une tentative. Au Customer Service, à Rose- Hill, on lui a expliqué qu’elle été «bannie» puisqu’elle avait eu des problèmes légaux. Injuste, non ?

«ILS NE VOUS RATENT PAS, EUX !»

«Oui», avoue Mark Van Breuningen. «Nous avons eu une autre cliente qui était dans le même cas que cette dame. Et, après enquête, après avoir revu sa situation, nous avons enlevé son nom de la liste noire interne.» D’autre part, précise-t-il, CIM s’attelle à remettre à jour ladite liste. «Nous reconnaissons qu’en dix ans, par exemple, la situation financière des gens a changé. Les circonstances qui ont fait que ces personnes se sont retrouvées sur notre liste noire doivent aussi être prises en compte.» Raison pour laquelle CIM a mis en place une équipe chargée de la passer en revue. Et reconsidérer les cas «genuine». Les procédures sont en train d’être finalisées et l’information sera communiquée aux employés du service clientèle, notamment. Bon, on attendra un peu avant d’aller vérifier.

Sinon, CIM a-t-il le monopole sur le marché de l’achat à crédit ? Il y a plusieurs «façons» d’acheter à crédit, lâchent nos interlocuteurs. Et d’évoquer les cartes de crédit, les «unsecured loans» que l’on peut contracter auprès des banques, entre autres… Oui, mais encore faut-il qu’on ait de l’argent sur sa carte de crédit. Et cela ne répond pas à la question : Monopoly or not monopoly ? «Il est vrai que nous avons beaucoup d’outlets. Mais nous ne sommes pas les seuls, il y a des magasins qui proposent leur propre ligne de crédit.» N’empêche qu’ils sont très peu, hein ?

Passons à autre chose. L’on sait que CIM n’est pas une organisation charitable, mais lui arrive-t-il de prendre en compte les problèmes des gens, qui «ratent» leur paiement sur un ou deux mois, par exemple ? «Ils vous envoient un texto le lendemain de la date à laquelle vous deviez faire un paiement. Ils ne vous ratent pas, eux !» déplore un client. «C’est vrai que nous incitons les clients à effectuer leur paiement à la date prévue. Mais nous considérons les cas des gens qui ne peuvent pas le faire. On leur demande combien ils peuvent payer et il nous arrive même de rééchelonner leur crédit. Nous ne sommes pas totalement dépourvus de compassion !» rétorquent les responsables de CIM.

Attendez, ce n’est pas fini. Des clients affirment que des employés de CIM leur recommandent de ne pas faire leurs paiements à travers les standing orders, les incitant à se rendre aux guichets. «Ils nous demandent parfois si l’on veut payer plus…» Info ou intox ? «Ah non, je n’ai pas eu vent d’une telle chose. Au contraire, ce qui m’a frappé à Maurice, c’est que les gens préfèrent payer par cash, au guichet…» répond Mark van Beuningen. Probablement parce qu’arrivé à une certaine date, les comptes en banque sont vides et les standing orders ne passent plus, non ?

Sinon, il n’y a pas que du mauvais quand on achète à crédit auprès de CIM, rappelle son directeur général. «Quelqu’un me racontait récemment comment il avait pu décorer sa maison grâce aux facilités de crédit que l’on offre. C’est le cas de beaucoup de Mauriciens qui ne pouvaient se permettre certaines choses avant», souligne-t-il. Le taux d’intérêt, qui est de 12 %, est contrôlé par la loi, renchérit Ambrish Maharahaje. D’accord, accordons-leur quand même un peu de crédit…