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Artistes locaux: fausse note pour le compte en banque

17 juillet 2016, 19:30

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Artistes locaux: fausse note pour le compte en banque

«Vinn zoué gratis to pou gayn visibilité.» Une phrase qui donne de l’urticaire aux artistes. Leur réponse étant qu’à la fin du mois, ce n’est pas la visibilité qui paiera leurs factures. De fait, très peu sont les chanteurs, auteurs, compositeurs, ou les trois, à pouvoir vivre de leur art à Maurice.

Entre les paiements irréguliers des royalties, le piratage et le téléchargement illégal, plusieurs artistes locaux doivent souvent exercer d’autres activités pour pouvoir survivre. Et le compte en banque dans tout ça? «Je ne peux avancer de chiffre exact, mais ce ne sont pas des millions», lâche Dr Boyzini. Pour lui, les fins de mois riment avec soutien financier des parents et proches. «C’est grâce à leur aide que j’arrive à m’en sortir», confie le chanteur.

Le montant du dernier chèque qu’il a reçu de la Mauritius Rights Management Society (MRMS – ex-Mauritius Society of Authors) était de Rs 5 000. «Par an, cela fait à peine Rs 10 000. Essayez de vivre un an avec cela», ironise l’artiste. Ainsi, comme la plupart de ses confrères, il a un travail à côté. Dr Boyzini est aussi dans l’événementiel. Il organise des soirées et autres fêtes. En sus de cela, il a une formation de graphiste et travaille de temps en temps avec une imprimerie. La somme affichée sur le relevé bancaire? «Je ne peux pas vous dire le chiffre exact car d’une part, cela relève de ma vie privée et d’autre part, ce n’est jamais fixe. Je travaille selon la demande.»

«Il y en a qui doivent se résigner à faire des travaux manuels», renchérit Dagger Killa. Le chanteur était en représentation au Caudan, la semaine dernière. Mais ce n’est pas son art qui lui permet de faire bouillir la marmite. Quand il n’est pas sur scène, Dagger Killa passe ses journées sur les chantiers. Les revenus sont aléatoires avec ce type de travail, souligne-t-il. «La chanson ne me rapporte pas grand-chose. Cela fait quatre ou cinq ans que la Mauritius Rights Management Society ne m’a pas reversé de ‘gros’ ou même moyen chèque.» La plus grosse somme qu’il ait touchée jusqu’ici? Rs 12 000 par an. Alors que le travail de maçon lui assure un revenu minimal.

Qu’à cela ne tienne, cette année, il veut se consacrer davantage à son art. Il a un gros projet en préparation et, sans en donner les détails, il affirme que cela ne lui laisse pas de temps pour aller gagner sa vie dans le domaine de la construction. «Comme je n’ai pas d’autres revenus que ceux que la MRMS veut bien me donner deux fois par an, je compte sur le soutien de ma famille en ce moment.»

«Des chèques de Rs 9»

Bruno Raya, lui, affirme qu’effectivement, il touche son dû de la MRMS mais ignore totalement les sommes. «Personne ne peut compter dessus car on ne sait jamais à quel montant s’attendre. Des fois, nous recevons des chèques de Rs 10 000, des fois de Rs 20 000, d’autres fois, le montant inscrit dessus est inférieur au coût du papier», dit-il en riant. Il y a en effet des chèques de Rs 9 qui sont émis par l’institution.

Pour joindre les deux bouts, Bruno Raya s’est lancé depuis longtemps dans l’événementiel. Mais pour lui, il serait temps que les artistes puissent vivre de leur art. «Pour la même chose, les artistes perçoivent différents montants. Personne n’a jamais compris comment la MRMS calcule ses tarifs. Le travail d’un artiste est son art et il est inconcevable de ne pas pouvoir en vivre en 2016», fait valoir le porte-parole du Kolektif Artis Morisyen.

Sollicités, d’autres artistes n’ont pas souhaité répondre à nos questions.