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Olivier Couacaud:«Le climat des affaires n’est pas propice à l’investissement»

19 juillet 2016, 13:00

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Olivier Couacaud:«Le climat des affaires n’est pas propice à l’investissement»

Le Budget, ses projets... Olivier Couacaud, directeur commercial de la Rhumerie de Chamarel, répond à nos questions.

Parlez-nous de la Rhumerie de Chamarel…

La Rhumerie de Chamarel a été fondée en 2008. À la suite du démantèlement progressif des accords préférentiels sur le sucre, mes parents ont décidé de diversifier nos activités. C’est ainsi qu’ils ont eu l’idée de se lancer dans la production de rhum. Et, dans la foulée, d’offrir aux gens un côté touristique, en leur faisant découvrir la fabrique et goûter les produits. Nous produisons à ce jour une gamme de 14 rhums.

Depuis notre ouverture, nous avons connu une belle progression en termes d’affluence et d’intérêt de la part des visiteurs. C’est très encourageant pour l’avenir. Nous recevons par an une moyenne de 100 000 visiteurs mauriciens et étrangers.

Vous opérez dans le tourisme depuis quelques années déjà. Quelle est votre perception du secteur?

Certes, cette année a été mieux. On sent qu’il y a eu plus de clients pendant la basse saison, mais cela reste très marqué. En effet, depuis trois ans, on remarque que les clients qui viennent à Maurice ont plus envie de découvrir l’intérieur du pays. Il y a une envie de découvrir la culture et d’apprendre de nouvelles choses plutôt que de rester sur les plages. Toutefois, nous ressentons toujours une période haute et une période basse, où ce serait bien de trouver des alternatives pour l’ensemble des opérateurs.

Vous êtes présents sur le marché local comme sur le marché de l’exportation…

Déjà, ce qu’il faut savoir, c’est que le rhum est une définition pour  un grand nombre d’alcools. Il comprend un panel de produits partant du Goodwill jusqu’à d’autres produits que l’on peut retrouver dans le commerce à Rs 10 000 – Rs 15 000. Chacune des six distilleries mauriciennes fait de bons produits.

Maurice a commencé à produire du rhum agricole à Saint-Aubin, dans les années 2000. Ce produit dans son ensemble, que ce soit Saint-Aubin, Chamarel et Labourdonnais, représente une toute petite part du marché. Raison pour laquelle nous souhaitons le faire découvrir. Mais avec les lois qui ont été mises en place à Maurice, on n’a pas le droit de faire de la publicité pour de l’alcool. D’autant plus que les parts de marché du rhum agricole dans le monde ne constituent que 5% du marché du rhum dans son ensemble.

Au niveau des exportations, notre principal marché est l’Europe. Nous visons tous les marchés potentiels. L’Asie, par exemple, est en pleine expansion. En outre, plusieurs opérateurs mauriciens, notamment les sucriers, se tournent vers l’Afrique. Avec une croissance en boom, il faudra définitivement s’y placer à l’avenir.

Quid des difficultés que vous rencontrez?

 Au niveau local, c’est de pouvoir constituer notre outil de travail, de démarrer. Quand vous investissez dans une usine, les investissements sont lourds. Il faut acheter un certain nombre de matériels. C’est dur de constituer de gros stocks et de travailler avec les mêmes outils et les mêmes rendements que nos confrères à l’international.

D’autre part, le marché local est saturé. Du coup, quand il faut introduire de nouveaux produits, ce n’est pas évident de se faire une place. Il faut être très agressif en termes de pricing et de promotion.

À l’international, une des difficultés qu’on rencontre est l’éloignement. Ce qui fait que le fret coûte cher. En Europe, nous devons payer des taxes, notamment face aux DOM-TOM qui bénéficient des avantages fiscaux sur le marché français. Sans compter les subventions que certaines distilleries reçoivent à l’international, ce que nous n’avons pas. Ensuite, il y a la politique de la devise, entre autres.

Avez-vous des projets?

Nous avons des projets. Mais en ce moment, je ne vous cache pas que la situation n’est pas favorable à l’investissement à Maurice. Le climat de l’entrepreneuriat est un peu morose. Les taxes n’arrêtent pas d’augmenter. On ne sait pas où on va, on ne sait pas trop à quoi on est confronté… On se demande dans quel domaine on va investir, qu’est-ce qu’on va continuer à faire… Aujourd’hui, on n’a pas de stabilité pour savoir s’il faut investir ou non. Les taux bancaires sont à un niveau très élevé.

Aujourd’hui, lorsque nous regardons le pays dans son ensemble, d’un point de vue macroéconomique, la croissance est autour de 3%, un taux d’inflation qui est maîtrisé. Mais nous ne pouvons pas avoir des taux d’intérêt à 7-8%. C’est énorme ! Le climat en ce moment n’est pas favorable à l’investissement.

À notre niveau, nous essayons vraiment de renforcer notre outil de production pour produire un alcool de qualité tout en constituant notre stock de vieux rhum en achetant chaque année des barriques.

Quelles sont vos attentes pour le budget?

Nous avons déjà soumis, à travers la Rum Producers Association of Mauritius, une demande au niveau technique sur les pertes d’alcool. Par an, entre 8% et 10% d’alcool s’évapore. Ce serait bien que le gouvernement considère cette offre. Nous souhaitons également avoir de l’aide au niveau de l’investissement. Notamment une défiscalisation sur le matériel que nous investissons pour arriver à créer plus de valeur ajoutée dans le temps.