Publicité
Le nouveau système éducatif: «Une bombe à retardement»
Par
Partager cet article
Le nouveau système éducatif: «Une bombe à retardement»
Avec la réforme éducative, l’A+, la note d’excellence, disparaîtra. Dès lors, comment départager deux élèves qui auront obtenu tous deux un A? Le critère déterminant sera la proximité du lieu de résidence avec le collège. C’est ce qui amène certains dans les milieux éducatifs à juger que «ce nouveau système est une bombe à retardement». Une appréhension qui se fait sentir au moment où le Mauritius Examinations Syndicate (MES) apporte les touches finales au Primary School Achievement Certificate qui remplacera le Certificate of Primary Education dès 2017.
Comment expliquer à des parents dont les enfants ont obtenu 5 A que ceux-ci ne décrocheront pas de place dans le collège qu’ils ont choisi? Telle est la question que l’on se pose dans les milieux concernés. L’on concède appréhender ce nouveau système. «Avant, avec les collèges nationaux et l’A+, les parents comprenaient mieux pourquoi leurs enfants obtenaient des places dans certains collèges et pas d’autres. À présent, ce sera flou et cela occasionnera pas mal de confusion», souligne-t-on.
Prenons l’exemple des deux élèves avec 5 A. Ils habitent Quatre-Bornes et leurs parents ont choisi en première position SSS Sodnac. Dans les milieux concernés, l’on explique que les amendements à l’Education Act apportés fin 2015 prévoient ce type de situation. «Ce qui risque de se passer, c’est qu’un élève avec de très bonnes notes peut ne pas trouver de place au SSS Sodnac car il habite 1 km plus loin», dit-on.
Et d’ajouter qu’un élève avec des A plus «faibles» pourra y décrocher une place si sa résidence est la plus proche du collège. Si l’A+ note entre 90 et 100 points, l’A, qui subsistera sous le Primary School Achievement Certificate, équivaut à 75 à 100 points.
Au MES, l’on avance qu’à un certain moment, l’on envisageait de ramener les A à 85 points en vue de faciliter l’octroi des collèges. Cependant, cette option n’a pas été retenue car elle «menaçait le fondement même de la réforme».
Réduire la pression
L’on fait valoir, au MES, que le but de ce nouveau système est de justement éliminer la compétition. «L’objectif est de réduire la pression sur les élèves et redonner valeur aux collèges régionaux tout en diminuant la portée des leçons particulières.»
Actuellement, après le Certificate of Primary Education, les élèves ont le choix entre deux catégories de collèges: nationaux et régionaux. Les collèges nationaux sont les Star Schools et pour y décrocher une place, il faudrait non seulement que ces établissements soient cités par les parents lorsqu’ils remplissent la fiche mais aussi que les élèves aient eu d’excellents résultats, notamment 5 A+. C’est un type de ranking déguisé.
Viennent ensuite les collèges régionaux. Le mode d’allocation diffère quelque peu, car il y a trois critères à respecter: le choix parental, la proximité du collège de la résidence de l’élève et la performance en général. Ce même mode sera retenu pour l’octroi de collèges sous le Primary School Achievement Certificate.
Or, les collèges nationaux disparaissent sous le Nine-Year Schooling. Ces établissements (onze au total) deviendront des académies spécialisées. Et ce n’est qu’à l’âge de 14 ans, soit en grade 9, que les élèves pourront y avoir accès. Dans les milieux concernés, l’on est d’avis que «la compétition sera toujours là malgré la conversion des Star Schools en académies».
Interrogé, Vinod Seegum, président de la Government Teachers’ Union, trouve que le système de régionalisation serait «farfelu». «Nous nous demandons si ce ne serait pas anticonstitutionnel. Il y aura un élément d’injustice causé par le critère de proximité», juge-t-il.
Pour Vinod Seegum, le «goulet d’étranglement» existera toujours. «Les parents devront accepter les collèges sans jamais connaître les points de leurs enfants. J’appréhende beaucoup les admissions en grade 7 en 2018. Il faudrait beaucoup de débats et de transparence», propose-t-il.
Publicité
Les plus récents