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Cassandra De Pecol: à 26 ans, elle parcourt le monde pour promouvoir la paix

30 juillet 2016, 16:12

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Cassandra De Pecol: à 26 ans, elle parcourt le monde pour promouvoir la paix

À ce jour, elle a effectué de courts séjours dans 140 pays. Elle, c’est Cassandra De Pecol, une jeune femme de 26 ans qui porte une double casquette: celle d’ambassadrice de l’International Institute for Peace Through Tourism (IIPT) et de «marathonienne» du voyage et ce, dans le but de briser le record du Livre Guinness des records mondiaux dans la catégorie Fastest Female To Travel All Sovereign Nations. Elle est arrivée à Maurice lundi et a quitté l’île mercredi. Il lui reste 56 pays à voir.

Cette tournée de 196 pays, Cassandra De Pecol compte la faire en deux ans. Elle est la première femme à tenter l’aventure pour figurer dans le Livre Guinness des records mondiaux. Cet organisme donne trois ans aux hommes pour ce défi et quatre aux femmes.

Lors de ses escales, qui ne dépassent jamais trois jours, celle qui a créé pour l’occasion une compagnie baptisée Expedition 196 va à la rencontre des habitants et des étudiants. Elle distribue la Déclaration de la paix de l’IIPT. À Maurice, mardi, elle a assisté au lancement d’un réseau pour un tourisme responsable et durable par le chapitre mauricien de l’IIPT, présidé par Maga Ramasawmy. Elle a aussi animé une causerie avec les étudiants de l’université de Technologie, une autre avec les femmes du National Women Entrepreneur Council. Et a planté un arbre au Jardin de la Compagnie.

Mais qu’est-ce qui pousse cette jeune femme, originaire de l’État du Connecticut aux États-Unis, à entreprendre un tel périple en solitaire, tantôt dans des pays où la culture patriarcale est fortement dominante, tantôt dans ceux secoués par des conflits, voire des actes terroristes? Cassandra De Pecol explique qu’elle est d’abord une passionnée du voyage. Après des études environnementales, elle a pris son sac à dos et a visité 26 pays, prodiguant des conseils en tourisme durable à plusieurs hôtels du Pérou, de l’Équateur, du Mexique, de l’Italie où elle a de la famille, de Turquie et d’Égypte, pour ne citer que ceux-là. Après quoi elle a posé ses valises à Los Angeles pour faire du Web Designing et du baby-sitting.

«It is a legacy project. I wanted to leave my footprint behind.»

Cependant, à l’âge de 25 ans, elle vit une crise existentielle. Hantée par l’idée de mourir avant d’avoir réalisé quelque chose de grandiose dans sa vie, elle ne se voit pas opter pour un emploi qui ne la passionnera pas. Elle ne se sent pas prête non plus à fonder une famille. Ayant pris goût aux voyages, elle veut récidiver. Le déclic de briser un record mondial se produit lorsqu’elle lit un article sur un candidat de l’émission de télé-réalité The Bachelor, qui a décidé de visiter plus d’une centaine de pays dans un court délai pour entrer dans le Livre Guinness des records mondiaux.

«Cela m’a inspirée à en faire autant, surtout qu ’aucune femme ne l’a tenté jusqu’ici, et à proclamer la paix à travers le tourisme. Je me suis dit que j’en profiterai aussi pour faire la promotion du développement durable et tenter de briser les barrières et montrer aux gens qu’ils ont tort d’avoir des préjugés à propos d’autrui. It is a legacy project. I wanted to leave my footprint behind.»

Elle planifie alors son voyage. Des démarches qui lui prennent un an. Elle contacte bon nombre de compagnies pour la parrainer et comme elle est la première femme dans l’histoire à tenter de battre un tel record, plusieurs importantes entreprises la soutiennent. À l’instar de la compagnie d’assurance American International Group, la Global Positionning System SPOT qui lui remet un Satellite Personal Tracker permettant de suivre ses mouvements 24 heures sur 24, le bijoutier Dogeared et plusieurs compagnies aériennes et chaînes hôtelières internationales.

Elle s’équipe aussi d’un énorme appareil photo qui fait office de caméra. Car, au final, elle veut réaliser un documentaire racontant son périple en solitaire et les différents échanges qu’elle a eus, de même qu’un projet d’écriture d’une série de livres basés sur sa rencontre avec les étudiants des différents pays visités.

«Je veux montrer aux gens qu’ils ont tort de faire des généralisations à propos des cultures et des religions différentes.»

Autant ses parents l’encouragent car elle a déjà découvert 26 pays dans le passé, à 15 jours de son départ, son père fait un cauchemar dans lequel il la voit enlevée en Syrie. «Il n’a fallu d’un rêve pour qu’il flippe et me demande de revoir mon plan. Mais j’ai tenu bon car je veux mener à bien ce projet.» Elle quitte les États-Unis le 24 juillet 2015. À ce jour, elle a séjourné dans 140 pays. Ceux qui l’ont le plus agréablement surpris jusqu’ici sont le Vanuatu et l’Afghanistan où les gens ont été extrêmement gentils envers elle.

Par contre, elle a vécu deux mauvaises expériences. Dans une île des Caraïbes, les douanes l’ont retenue pendant deux heures, le temps pour eux de faire analyser les cinq types de vitamines qu’elle transportait en grande quantité pour couvrir son séjour. «Ils ont dû me prendre pour une trafiquante de drogue. I felt violated. It was so injust.» Dans un autre pays, européen celui-là, c’est du harcèlement sexuel qu’elle a subi. «Les hommes que je croisais n’arrêtaient pas de me siffler, de tenir des propos déplacés, de faire des gestes obscènes. Et tout cela en plein jour car je me fais un devoir de ne pas sortir la nuit depuis le début de mon périple.»

Il n’empêche qu’elle n’est pas si désarmée que cela. Avant son départ, elle a suivi un cours d’autodéfense mis au point par les forces de défenses israéliennes. Il s’agit du Krav Maga, combinant plusieurs disciplines comme le judo, l’aïkido, la boxe, la lutte… Mais Cassandra De Peco préfère éviter les confrontations. «Dans le pays européen en question, j’ai préféré rester stoïque et passer mon chemin.» Mais si on la cherche, on la trouvera; ou plutôt on trouvera son pendentif en forme de petite épée qui pourrait faire très mal.

Ses autres destinations ? Plusieurs pays du continent africain mais aussi la Syrie, le Yémen, le Pakistan et l’Irak où des conflits armés et des attentats ne sont pas à écarter. Cassandra De Peco ne craint pas pour sa sécurité. «Vous savez, les politiciens essaient de diviser les gens. En ce moment, tout le monde craint les musulmans. Lorsque j’étais en Tunisie, deux jours avant, des terroristes s’en étaient pris à un autobus et avaient tué des passagers. J’y ai pensé en prenant l’autobus dans ce pays. Mais lorsque j’ai tendance à laisser la frayeur me gagner, je pense aux statistiques. Quelles sont les probabilités que je meure dans une attaque à l’étranger plutôt que dans un accident de voiture à Los Angeles? Je crois que les risques d’accident dans mon pays sont plus grands que ceux de périr à l’étranger. Le réaliser me permet de relativiser les choses. Et puis, je veux montrer aux gens qu’ils ont tort de faire des généralisations à propos des cultures et des religions différentes.»

«Je suis une Américaine de 26 ans, voyageant seule, qui visite des pays islamiques et qui parle aux hommes inconnus. Je n’ai eu aucun problème jusqu’ici. Je veux montrer aux gens que tous les Afghans ne sont pas des terroristes et que tous les Sud-Américains ne sont pas des narcotrafiquants.» Ce tour du monde prendra fin quelque part dans les Caraïbes en juillet 2017. Cassandra De Pecol entend produire son documentaire et le faire projeter sur Netflix ou National Geographic en 2018. Sans compter la série de livres sur ses rencontres avec les étudiants de divers pays, idée d’étudiants pakistanais.

De son périple jusqu’ici, ce qu’elle retient c’est qu’au-delà des nationalités, ethnies, cultures et religions différentes, les Hommes portent en eux les mêmes aspirations. «Nous aspirons tous à avoir un toit sur nos têtes, à nous nourrir, à remplir nos besoins primaires et à être heureux.» Elle demande par conséquent aux gens de ne pas juger autrui. «Dès le préscolaire, la société nous apprend à rire des gens différents de nous, que ce soit des gros, des maigres, des handicapés, des gens de couleur ou de religion différente. Or, chacun a une histoire qui lui est propre. Learn someone’s story before judging him or her.»

Une femme qui n’a peur de rien? Non, on pourrait dire que ses seules craintes sont que l’avion dans lequel elle voyage ne s’abîme en mer ou encore qu’elle soit retenue à une frontière. Car dans certains pays comme l’Arabie saoudite, une femme ne peut voyager seule. Et, pour cela, elle devra louer les services d’un accompagnateur, ce qui l’agace. «This is a trip about women and I want it to be my achievement. Bien que l’idée de la mort soit constamment présente chez moi depuis que j’ai démarré ce périple, elle me booste.»