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Abattage: des boeufs traités comme des chiens
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Abattage: des boeufs traités comme des chiens
«Enn masak ti ena sa zour la», confie d’emblée Dorine Appadu. Ses 40 bêtes ont été «sauvagement» tuées, dit-elle, vendredi, par des vétérinaires du ministère de l’Agro-industrie et des officiers de la Special Mobile force (SMF). Les animaux, selon les procédures, doivent être «endormis» grâce à une injection avant d’être abattus par balle. Sauf que bien souvent, le scénario ne se déroule pas comme prévu…
Selon Dorine, plusieurs de ses animaux, dont une vache pleine, étaient toujours conscients lorsque les officiers de la SMF ont tiré sur eux, à bout portant. «Pour un taureau, la dose injectée n’était pas suffisante. Mo zanimo ti ankor vivan et ti pé debat letan inn touy li», raconte-t-elle, les mains tremblantes. Quant aux cadavres, ils sont jetés dans une fosse commune.
Alors que nous conversons avec Dorine, des coups de feu sporadiques retentissent au loin. Signe que la campagne d’abattage se poursuit toujours à cité La-Cure, tout comme à Vallée-des-Prêtres, d’ailleurs.
Des officiers armés de gourdins
Quinze minutes de voiture plus tard, un chemin de terre sinueux, qui serpente à travers les maisons des squatters, nous conduits sur les «lieux du crime». Une quarantaine de soldats, armés de gilets pare-balles, y ont érigé un enclos de fortune. Des officiers du ministère, eux, ont sorti les blouses blanches et les masques. Tout ce beau monde essaie de «dompter» un veau récalcitrant. Pour cela, tous les moyens sont bons : cris effrayants, méthodes de dissuasion et surtout gourdins…
S’ensuit alors une chasse à l’animal à travers la forêt et des sentiers boueux. Dix minutes plus tard, le veau est pris au piège. «Ou pa gagn drwa ress la !» lance tout à coup un officier de la SMF. Notre présence dérange. Et pourquoi ne pourrait-on pas assister au coup de grâce s’il n’y a rien à cacher ? «Akoz tro boukou polemik lor krioté tousala», admet l’officier. D’accord mais ce ne sont pas les «cachotteries» qui viendront arranger les choses, non ? Il ne veut rien entendre.
«Pou évit problem»
Et la fosse commune, peut-on y jeter un coup d’oeil ? La réponse est toujours la même. D’ailleurs, pour ceux qui seraient tentés de venir assister à ce triste «spectacle», l’officier tient à les mettre en garde. «Inn less selman bann abitan isi gueté pou évit problem», murmure-t-il, tout en tenant des enfants, curieux, à distance.
Aux grands maux les grands remèdes. Nous avons essayé de grimper dans un arbre afin d’épier les gestes des soldats, mais la vue est obstruée par la végétation, très dense à cet endroit. Et puis, il faut dire que les soldats ont les yeux partout…
Par ailleurs, les étrangers nous ont également à l’oeil. Deux ONG internationales – dont l’International Coalition for Animal Welfare et la Humane Society International – ont contacté le ministère de l’Agro-industrie pour dénoncer cette campagne d’abattage. De son côté, le Principal Agricultural Officer du ministère de l’Agro-industrie, le Dr Deodass Meenowa, explique que tout est fait selon les «normes». «Les procédures sont respectées. Dans les cas d’urgence, l’injection suivie de l’abattage par balle est la méthode préconisée».
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