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Sona Boyjoo : Droit dans ses bottes de cresson

10 septembre 2016, 21:00

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Sona Boyjoo : Droit dans ses bottes de cresson

Il n’aime pas en consommer. Il préfère les anguilles. N’empêche, cela fait 15 ans que ce cressiculteur bichonne ses plantes. Droit dans ses bottes, il n’est visiblement pas de ceux qui aiment raconter des salades. Rencontre.

La ferme. Non, pas vous, l’endroit. Au loin, des panneaux photovoltaïques. Devant nous, une cressonnière. Au milieu coule une source. Le bruit de l’eau, le vent léger, le calme, des lagrin diab avec lesquels l’on pourrait fabriquer des colliers sipay. Un cadre idyllique, qui donne envie de rester planté là, de végéter comme un légume. Tiens ! Une tortue molle qui prend un bain de boue.

Sona Boyjoo, 42 ans, lui, a du mal à sortir de sa carapace. C’est qu’il est plutôt timide. Il parle plus facilement à ses cressons pour qu’ils poussent correctement. L’histoire d’amour entre le cressiculteur et ses plantes a démarré il y a 15 ans. «Enn zafer fami sa, papa ousi ti pé planté.»

Pour l’aider à entretenir ses cressons, il peut compter sur l’aide de Chacha «Tcharles», de Kunal et de Navin, qui enfilent leurs bottes à mi-temps, histoire de rajouter du beurre dans les épinards à la fin du mois. Justement, parlons d’oseille. Combien rapportent les bottes de cresson ? «Kan fini pay travayer ek tir bann dépans, res anviron Rs 10-12 000 par mwa.»

D’autant que le cresson, ça ne pousse pas comme du chiendent. «Li bizin klima fré. Sak dé semenn rékolté, si li tro pousé, li pa bon pou manzé, li bizin fin. Apré lerla transplant boutir. Kréson paré sak dé semenn. Bizin vey li bien.» Raison pour laquelle le réveil sonne chaque matin à 5 heures pour Sona.

Direction la cressonnière, où il prend racine, jusqu’à 6 h 30. Une fois la récolte terminée, place à la livraison : quelque 500 bottes au quotidien atterrissent chez les revendeurs. À combien se vendent-elles à l’unité ? Prière de ne pas nous raconter des salades. «Entre Rs 3 ek Rs 10.» Oui, mais nous consommateurs la payons à Rs 15 au marché. «Pri-la li monté désann sa, dépann létan.»

On ramène notre fraise. Madame Sona est-elle également impliquée dans le business ? «Mo pa marié.» Faut-il lancer un appel aux lectrices pour que le gâteau trouve sa cerise ? «Non, mo bien la…» Bon d’accord, on a compris, ce ne sont pas nos oignons. Et sinon, que fait-il pendant son temps libre ? Partage-t-il une salade ou un bouillon de cresson avec des amis ? «Non ! Mo pa kontan manz kréson. Bien rar ! Par kont, pafwa kan gagn enn anguille, pa bizin dir ou, direk dan karay.»

Passons de l’anguille, du coq à l’âne. Les plans pour l’avenir ? Travailler jusqu’à ce que la Grande Faucheuse s’amène avec sa faux, voire sa faucille à cresson. D’ici là, Sona garde la pêche.

Chacha «Tcharles», un acolyte de Sona Boyjoo, en pleine récolte.
Chacha «Tcharles», un acolyte de Sona Boyjoo, en pleine récolte.

 

Les «lagrin diab» qui formeront un joli collier «sipay».
Les «lagrin diab» qui formeront un joli collier «sipay».

 

Cette tortue a élu domicile près de la cressonnière à La Ferme.
Cette tortue a élu domicile près de la cressonnière à La Ferme.