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Vente de bétail sans certificats de santé: y a-t-il un risque sanitaire ?

12 septembre 2016, 08:15

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Vente de bétail sans certificats de santé: y a-t-il un risque sanitaire ?

Une grande partie de leur cheptel a été affectée par la fièvre aphteuse. Mais les fermes Socovia, Soreefarm et Jhurry ont été autorisées à livrer les bêtes commandées dans le cadre de la fête Eid-Ul-Adha, célébrée ce lundi 12 septembre. La décision est tombée, dimanche, à l’issue d’une rencontre entre les autorités, les responsables des fermes et des représentants de la communauté musulmane, à l’hôtel du gouvernement. Pourquoi cette volte-face ?

En effet, dans la matinée, le ministre de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, Mahen Seeruttun, avait déclaré qu’il était hors de question d’autoriser la livraison du bétail provenant de ces trois fermes. Avant de céder dans l’après-midi même, lors de la réunion à laquelle ont aussi assisté les ministres Anwar Husnoo et Showkutally Soodhun. «Le Qurbani est important», a fait ressortir Mahen Seeruttun pour expliquer cette décision. Et d’avancer: «80 % des animaux de ces fermes ont été affectés. Alors que 1 300 ne présentent aucun signe de la maladie.»

 

Les bêtes issues de ces fermes infectées seront toutefois livrées sans certificat de santé, souligne le ministre. «Les acheteurs et les vendeurs assument toutes les responsabilités», a-t-il avancé.

Comment a été accueillie la nouvelle ? Le maulana Haroon, qui a assisté à la réunion, a été le premier à sortir pour l’annoncer à la cinquantaine de personnes qui s’étaient massées devant l’hôtel du gouvernement. Une foule, qui au départ, était composée de quelques petits éleveurs à qui l’on avait refusé l’accès à cette rencontre, avant de grossir au fil des heures. Leur demande était simple et persistante : obtenir l’autorisation de faire sortir les animaux de ces fermes pour le sacrifice. Et ces personnes se sont vite dispersées à l’issu de la rencontre.

Les premiers signes de la fièvre aphteuse ont été détectés à Socovia, lundi dernier, alors que le bétail des deux autres fermes a commencé à présenter des symptômes de la maladie, vendredi. Parmi les 1 300 bêtes, plusieurs n’ont pas encore reçu de vaccin. À noter que la période d’incubation est de 15 jours.

Est-ce que cela représente un risque de propagation vers d’autres régions, jusqu’ici épargnées par l’épidémie ? «C’est pour cela que nous allons étendre la campagne de vaccination sur toute l’île», s’est contenté de répondre le ministre Seeruttun. La campagne de vaccination s’était jusqu’ici limitée aux zones qui avaient déjà été affectées.

Si certains sont ravis de pouvoir procéder au sacrifice du bétail, ce lundi, comme le préconise l’islam, d’autres ne voient pas cette décision d’un bon œil. À l’instar de Bashir Nuckchady, membre du conseil des religions et chargé de communication du Muslims Citizen Council. Il explique que le fondement même du Qurbani n’est pas respecté cette année car il n’y a aucune assurance que l’animal ne soit pas déjà porteur du virus.

«Une des conditions sine qua none de ce sacrifice est la garantie que l’animal est en parfaite santé. Même à l’époque du prophète, il y avait des règles strictes à respecter lors des épidémies», avance-t-il. Selon lui, il existe des alternatives au sacrifice. Il cite notamment la possibilité d’envoyer de l’argent aux pays pauvres pour qu’ils procèdent au sacrifice.

Mahmad Ellaheebaccus, imam, abonde dans le même sens. «Il est interdit de sacrifier un animal si nous ne sommes pas totalement sûrs qu’il est en bonne santé», explique-t-il.

Sollicité, le maulana Haroon a fait savoir que le ministère a donné la garantie que les animaux sont en bonne santé. Du côté du ministère de l’Agro-industrie, on insiste. «Les animaux qui ne présentent aucun signe de maladie peuvent être vendus», dit une source.