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Nathacha Appanah: il court, le Goncourt
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Nathacha Appanah: il court, le Goncourt
Discrétion. C’est la carte que semble jouer Nathacha Appanah. Son dernier roman, Tropique de la violence, paru chez Gallimard le 25 août, figure parmi les 16 romans dans la présélection du prix Goncourt 2016. Une première liste rendue publique la semaine dernière.
Face à une série de questions, Nathacha Appanah a seulement répondu à la presse: «Je suis heureuse de la présélection de mon roman pour le Goncourt 2016. Je me rends compte que beaucoup de romans de cette liste disent une manière nouvelle d’appréhender le monde par la fiction, la complexité des récits, des géographies, des identités et des points de vue. En cela, la sélection de Tropique de la violence m’honore.»
Ce roman, qui se déroule à Mayotte, présente ce territoire français comme un eldorado pour les migrants des îles comoriennes voisines. On y suit Marie, une infirmière française mariée à un infirmier comorien. Son désir d’enfant – Marie ne peut en avoir – la poussera à adopter, un soir de pluie, un nourrisson qu’une jeune femme abandonne. Un bébé arrivé à bord d’un kwassa kwassa, le nom local des frêles embarcations pleines de migrants, qui tentent la traversée à leurs risques et perils.
Tropique de la violence fait partie des cinq romans publiés chez Gallimard à être en lice pour le Goncourt 2016. Deux catégories ont déjà émergé: les romanciers connus et attendus, tels Régis Jauffret et Yasmina Reza. Et les premiers romans qui arrivent directement dans la cour des grands. Tropique de la violence est le sixième roman de Nathacha Appanah.
Avant que le prix ne soit remis le 3 novembre, la liste dévoilée mardi dernier sera écrémée par deux fois. Les prochains tours du scrutin auront lieu les 4 et 27 octobre, pour arriver au «carré final» de quatre prétendants.
Le 3 novembre, un autre prestigieux prix littéraire sera décerné: le Renaudot. D’ailleurs, dans la liste des 16 prétendants au Goncourt, cinq romans figurent aussi dans la première sélection du Renaudot. Ce n’est toutefois pas le cas de Tropique de la violence.
Les premières lignes
«Marie, Il faut me croire. De là où je vous parle, les mensonges et les faux semblants ne servent à rien. Quand je regarde le fond de la mer, je vois des hommes et des femmes nager avec des dugongs et des cœlacanthes, je vois des rêves accrochés aux algues et des bébés dormir au creux des bénitiers. De là où je vous parle, ce pays ressemble à une poussière incandescente et je sais qu’il suffira d’un rien pour qu’il s’embrase. Je ne me souviens pas de toute ma vie car ici ne subsistent que le bord des choses et le bruit de ce qui n’est plus. Je me souviens de ça.»
Prix Goncourt, le chèque symbolique
Le lauréat du prix Goncourt reçoit un chèque symbolique de 10 euros, nous apprend le site de l’académie. «En revanche, les écrivains couronnés par les autres prix touchent un chèque de 3 800 euros. Il faut savoir que les académiciens Goncourt ne sont pas rémunérés. Pas de notes de frais, pas de jetons de présence, c’est un engagement et une collaboration bénévoles en faveur de la littérature.»
Quand l’académie met le couvert
L’Académie Goncourt, donc son jury, c’est dix couverts, chez Drouan, célèbre restaurant parisien. Premier couvert, donc président: Bernard Pivot. Il n’y a pas de candidature à cette académie. Après le départ ou le décès d’un membre, les académiciens recrutent le successeur par cooptation. Parmi les autres couverts: Tahar Ben Jelloun, qui était chez nous récemment. Mais aussi Virginie Despentes, Françoise Chandernagor, Philippe Claudel et Pierre Assouline, entre autres.
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