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Lieux de spectacles: Casse-tête pour trouver la bonne adresse

13 septembre 2016, 18:27

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Lieux de spectacles: Casse-tête pour trouver la bonne adresse

Les endroits pour organiser des concerts se sont réduits comme une peau de chagrin. Ceux qui restent coûtent souvent trop cher. Le stade musical est une arlésienne.

Inadéquat. C’est ce qu’était l’amphithéâtre de Pointe-Canon, qui a accueilli le concert retrouvailles des Otentik Street Brothers, samedi 3 septembre. Dans un autre registre : Baz’Art, c’est fini. La petite «baz» de Beau-Vallon, qui a connu de grands moments, a fermé ses portes fin août, le conseil de district de Grand-Port l’ayant jugé inappropriée pour l’organisation de concerts. Une question demeure. Où est-ce que les organisateurs et les artistes peuvent-ils exprimer leur art ?

Selon Rama Poonoosamy, le directeur de l’agence Immedia, qui fêtera bientôt ses 30 ans d’existence, la salle est choisie en fonction de la renommée de l’artiste et du public qu’il pourrait attirer. Ses adresses attitrées: le centre de conférences Swami Vivekananda à Pailles pour les grosses pointures, l’auditorium Mahatma Gandhi et l’Indira Gandhi Centre for Indian Culture, à Phoenix, pour des rendez-vous plus «intimes». «Dans le passé, nous avons utilisé la Citadelle et le stade de Rose-Hill. La Citadelle est un lieu convivial qui a été tué par certaines ambitions ministérielles démesurées ou complètement à côté de la plaque», lâche-t-il, sans citer de nom.

Interrogé au sujet du prix de location des salles, Rama Poonoosamy constate que les tarifs ont augmenté à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. «Il y a aussi des combats sans cesse renouvelés», ajoute-t-il en référence à la récente tentative de la mairie de Port-Louis de réintroduire l’Entertainment Tax.

Secteur privé

Siva Pareemamun du Dodo Music Shop, à Mahébourg, témoigne pour sa part que «souvent des touristes me demandent où est-ce qu’il y aura un concert mauricien ? Embarrassé, je ne sais que leur répondre». Membre du High-Powered Committee sur la révision du Copyright Act, il a eu l’occasion de discuter avec les autorités compétentes. «Le ministère vous appelle, il vous écoute. Apré séki ou dir zot pas par enn zorey sorti par lot».

Le projet de stade musical refait surface de temps en temps. D’ailleurs, Santaram Baboo, ministre des Arts et de la culture, en parle dans la très récente newsletter de son ministère. Il a déclaré que ce projet est l’une de ses priorités.

Siva Pareemamun, lui, n’en croit rien et dit que «zot pran sa pou badinaz». Et d’ajouter «qu’à chaque fois que ce projet revient sur le tapis, les autorités évoquent des contraintes budgétaires. On avait proposé un budget minimal de Rs 5 millions, après cela plus rien. Pourquoi est-ce qu’on dépense des milliards pour construire des bâtiments alors qu’on a un peuple stressé ? L’art peut nous éviter d’avoir à dépenser des milliards sur la santé.» L’une des solutions, selon Siva Pareemamun, serait que le secteur privé, «qui a à cœur le pays», investisse davantage dans la culture. «Lerla minister ava gagn lexanp.»

D’autres débouchés sont possibles. Claire Le Lay de Bao Communication propose le concert de Kendji Girac à l’esplanade de Grand-Baie La Croisette, le 28 octobre prochain. Un lieu «convivial», car entouré de restaurants et qui, «permet à tous de suivre le concert sur l’écran LED». Tous ? Nuance. «Des barrières sont installées de sorte que seuls les spectateurs payants de l’esplanade peuvent voir le concert.» D’autres lieux l’attirent mais présentent des désavantages. Dans le cas du Château Labourdonnais, c’est le coût de transporter et d’installer des équipements. Le récent concert de Louane, lui a laissé un bon souvenir du centre de convention de Trianon, mais «ce n’est pas loué pour tous types d’événements».

Claire Le Lay souligne que le manque de salles explique aussi pourquoi «je ne peux pas faire des concerts de plus de 4 000 personnes». Ce qui exclut les concerts d’artistes anglophones, qui coûtent plus cher. «Il faudrait au moins 10 000 spectateurs pour amortir les coûts».

En dernier recours, d’autres artistes finiront-ils par emboîter le pas à Gaston Valayden ? Las d’attendre la réouverture des théâtres, c’est dans son garage, à Roches-Brunes, qu’il joue la pièce The invisible man de Sedley Assonne.

 

Ces lieux interdits

<p>La liste des lieux inaccessibles aux artistes est longue. Les deux théâtres municipaux, le Plaza et celui de PortLouis, sont éternellement en rénovation. Le ministère des Sports n&rsquo;accueille plus de concerts pour ne pas endommager les pistes synthétiques et autres aménités, depuis 2009. Sous l&rsquo;ancien régime &ndash; du temps du précédent ministre des Arts et de la culture Mookhesswur Choonee &mdash; il était question de couvrir le stade Anjalay. Le projet, qui date de 2012, était de trouver un équipement permettant de couvrir la piste synthétique et la pelouse, le temps des concerts. Une dotation budgétaire de Rs 40 millions avait été prévue pour cela. Mais l&rsquo;appel d&rsquo;offres avait été annulé, pour des questions de spécifications techniques inappropriées. N&rsquo;oublions pas la Citadelle, elle est aussi devenue silencieuse sur sa butte surplombant Port-Louis. Des habitants des localités avoisinantes, dont Vallée-Pitot, se sont plaints de tapage nocturne, après des concerts. Un règlement forçant les organisateurs à terminer les concerts à 22 heures pile avait été appliqué pendant un temps.</p>