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Tamarin: les villageois remontés contre la prolifération d’algues
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Tamarin: les villageois remontés contre la prolifération d’algues
Une multiplication inhabituelle d’algues dans le barachois de Tamarin suscite interrogations et mécontentement. En cause, notamment : l’odeur qu’elles dégagent en pourrissant.
Les habitants de Tamarin s’alarment d’un phénomène qui affecte le barachois, à l’extrémité droite de la plage publique. Cet espace, où se mêlent l’eau douce de la rivière et l’eau de mer, est en effet envahi d’algues. Les villageois souhaiteraient que les autorités prennent conscience des divers inconvénients que représente cette situation et y remédient
Au moment de notre visite, en début d’après-midi, la marée est relativement haute et la mer calme. Même si la plage semble avoir été nettoyée, comme en attestent des traces de râteau, l’on peut y apercevoir quelques algues. Elles proviennent du barachois, non loin de là, où les végétaux aquatiques prolifèrent. Ils s’étalent en larges plaques dans l’eau saumâtre qui s’écoule avec peine vers la mer. «Normalement, il n’y en a pas autant», s’inquiète un habitant de la localité rencontré sur place. Ne connaissant pas les raisons de cet envahissement, il déplore qu’il incommode les villageois, notamment à cause de la mauvaise odeur qu’il provoque. Selon cet interlocuteur, la puanteur est engendrée par la pourriture des algues, qui est-elle encouragée par le manque de mouvement de l’eau. Et d’ajouter que l’an dernier, les Tamarinois étaient si incommodés par l’odeur se dégageant du barachois qu’ils en avaient réclamé le nettoyage et avaient obtenu satisfaction.
Pour Stelio Labonne, pêcheur, le problème se situe à un autre niveau. Depuis que le barachois est encombré d’une profusion d’algues, ses semblables et lui ne peuvent plus y pratiquer leur métier. «Nous n’allons plus y pêcher désormais. Avant, nous pouvions y poser des casiers mais maintenant, les algues rendent cela difficile, tout comme la navigation dans ces eaux. Même le fait d’entrer ou de ressortir du barachois est devenu compliqué», affirme-t-il.
Stelio Labonne est convaincu que le problème de stagnation, dans le barachois, est dû à la langue de sable qui sépare celui-ci de la mer. Prenant de plus en plus d’ampleur, elle réduit, de ce fait, la circulation d’eau entre les deux espaces. À l’heure actuelle, les pêcheurs sont contraints de se passer des crabes et autres appâts qu’ils prenaient dans le barachois. «L’eau du barachois n’est pas renouvelée comme il le faudrait ; les algues y restent et y pourrissent. Nous demandons à ce que le barrage qui s’est formé par l’accumulation de sable soit enlevé afin de rétablir le passage de l’eau car d’un autre côté, la plage s’érode», insiste Stelio Labonne.
Contactée, une source à la Beach Authority s’est montrée plutôt rassurante. «C’est tout à fait naturel. Ce sont les courants à cet endroit qui causent le mouvement du sable. En ce qui concerne les algues sur la plage, nous avons signé un contrat avec une compagnie de nettoyage qui s’assure qu’elles soient régulièrement collectées», nous a-t-elle fait savoir. La Beach Authority ne peut se prononcer sur les raisons de la prolifération d’algues pour l’instant mais notre source nous a assuré que l’instance s’intéresserait de plus près à la question.
«Un phénomène cyclique et naturel»
<p>Afin de comprendre pourquoi le barachois de Tamarin est un terrain propice à la multiplication d’algues, nous avons interrogé l’océanographe Vassen Kauppaymuthoo. Ce dernier, d’emblée, met en garde contre toute tentative de dragage pour enlever le sable faisant barrage entre mer et barachois. «L<em>’embouchure de Tamarin est par nature très dynamique. Cette langue de sable se fait et se défait de manière cyclique. La modifier, c’est jouer avec toute la dynamique qui règle cet écosystème et cela peut avoir des conséquences graves, comme l’érosion</em>», dit-il. Quant aux accumulations d’algues, il explique que c’est un phénomène naturel dit d’eutrophisation (NdlR : enrichissement d’une eau en matières naturelles) qui se produit lorsque la rivière «ne coule plus». Les algues croissent plus abondamment et se décomposent sur place, provoquant des inconvénients tels qu’une odeur désagréable. Vassen Kauppaymuthoo conseille aux pêcheurs de se montrer patients car cette situation est caractéristique de l’hiver. Avec moins de pluie, l’eau de la rivière a été moins mouvementée mais cela devrait changer avec l’arrivée de l’été, pense-t-il.</p>
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