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Déclaration sur l’épargne et la pauvreté : le vice-président pas épargné

18 septembre 2016, 19:30

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Déclaration sur l’épargne et la pauvreté : le vice-président pas épargné

C’était lors du lancement d’un livre intitulé «Bridging Inequalities» à Ébène, jeudi. Une fonction lors de laquelle le vice-président de la République a exhorté les plus démunis à développer une culture de l’épargne. Depuis, les critiques ne sont pas avares de commentaires.

«Il est impératif d’encourager les plus démunis à développer une culture de l’épargne et de l’investissement. Cela, en dépit de leurs moyens limités.» Des mots sans doute bien intentionnés prononcés par le vice-président de la République, lors du lancement d’un livre intitulé Bridging Inequalities, à Ébène, jeudi. Et Barlen Vyapoory ne se doutait sûrement pas que sa phrase allait être sujette à polémique.

D’autant que, si l’on suit sa logique, les pauvres empruntent de l’argent aux riches pour ensuite acheter des produits fabriqués par ces mêmes riches. Ce qui, estime le vice-président, crée un cercle vicieux où l’argent appelle l’argent, alors que ceux qui sont au bas de l’échelle passent leur vie à rembourser des dettes. Épargner, donc, est le seul moyen pour eux de se sortir de ce cycle infernal, estime-t-il. Sauf que les principaux concernés ne partagent pas son avis…

Pour Glenda Gai, 22 ans, ces propos sont totalement dénués de sens. «Ti pou bon si sa bann gran-gran dimounn desann inpé lor térin avan zot kozé», martèle cette habitante de Mahébourg, qui est actuellement au chômage, malgré son diplôme. Une situation qui fait qu’elle vit toujours chez ses parents. Et son père est le seul à travailler pour subvenir aux besoins de la famille : sa femme, ses deux filles et son petit-enfant… «Ant kass ki bizin pou asté manzé, bann dépans pou lakaz, ki lékonomi zot pansé nou kapav fer ?» Elle ajoute que pour les familles qui doivent , en plus, encourir des dépenses pour la scolarité de leurs enfants, la situation est encore plus critique.

Glenda raconte qu’elle habite dans une cité et que ses voisins pensent la même chose qu’elle. Là où elle est, les gens ne gagnent pas plus de Rs 4 000 par mois et parviennent à peine à joindre les deux bouts. «Par isi, kas fini det resté ! Bizin ris diab par laké», ironise la jeune femme, en riant tristement. Pour elle, le mot épargne ne fait pas partie de leur vocabulaire. «Foldé zamé inn al dormi vant vid mem pou dir dimounn mizer ramass kass.»

Par ailleurs, il n’y a pas que les plus démunis qui ont du mal à mettre des sous de côté. Il s’agit d’un «sport» que même ceux de la classe moyenne ont bien du mal à pratiquer par les temps qui courent.

À l’instar de Ludovic Labonne. Ce jeune homme de 26 ans est originaire de La Gaulette. Il travaille pour une maison d’édition depuis cinq ans. Même s’il ne se plaint pas de son quotidien, toujours est-il que, pour lui, le vice-président aurait dû y réfléchir à deux fois avant de parler. «Li pa o kouran sitiasyon bann Morisien. Inn bizin manz poul salmonel mem pou dir sa», lâche le jeune homme avec une pointe d’humour.

L’épargne ? Connaît pas. «Vu le prix des denrées, c’est à peine si on arrive à se faire plaisir de temps en temps. Il est impossible d’économiser avec ce qu’on gagne de nos jours.» Pour lui, le vice-président vit au Pays des Merveilles. «Il aurait pu demander aux riches de faire don de leur argent. Cela aurait aidé bien des gens…»

Registre social

<p>L&rsquo;enregistrement pour figurer dans le registre social est entré dans sa phase de finalisation cette semaine. 16 925 familles dont les revenus n&rsquo;excèdent pas Rs 9 520 s&rsquo;y sont inscrites et bénéficieront de l&rsquo;aide de l&rsquo;État à partir de décembre.</p>