Publicité
Villes et villages: Maurice, sans les noms d’oiseaux
Par
Partager cet article
Villes et villages: Maurice, sans les noms d’oiseaux
On en a eu marre de la politique, des embrouilles, des magouilles. Comme bon nombre de Mauriciens, d’ailleurs. Qui, en ce dimanche, sillonneront les routes, à la découverte de notre beau pays. Et il se peut même que vous vous posiez, comme nous, des questions sur les noms de certains endroits… D’où viennent-ils ?
Vous n’en avez pas marre de rester enfermés ? Demandez à tous ceux qui défilent aux Casernes, pour garder le silence face aux gard. Demandez à ceux qui se voient déjà admirant la vue de Highlands, du haut d’une cité arrachée d’un héritage.
Allez, de l’air. Un vent de folie nous pousse vers Quatre-Cocos. Histoire de bwar dilo ? Mieux que ça. What’s in a name ? Celui de Quatre-Cocos justement. Au choix, il y a la version livresque (voir bibliographie). Par un tour de langue, le village qui à l’époque hollandaise s’appelait Kroonen-Bourg (sommesnous seuls à trouver que cela rappelle une marque de bière ?), qui signifie Cap de la Couronne. Plus tard, une carte datant de 1722, montre que les Français l’appellent d’abord Pointe-de-la-Couronne, puis Pointe-de-Quatre-Cocos sur une carte de 1753. Sinon, légendaire est gravée sur un monument sur place. Quatre «cocos» y signifie quatre cerveaux de notables de la localité, dont Adrien d’Epinay.
Les exemples de noms qui hurlent tout bas une histoire méconnue sont légion. Un tour de l’île s’impose. Pour ne pas s’éparpiller aux quatre points cardinaux, notre boussole nous a dirigés vers les lieux qui rappellent un personnage, un autre lieu à l’étranger, une plante ou une particularité géographique.
Le chiffre quatre nous poursuit. Jusqu’à Quatre-Soeurs et ses voisins Deux-Frères. Qui sontils ? L’archiviste Antoine Chelin nous renseigne : il s’agit des héritiers – quatre filles et deux garçons – de la famille Chéron. Les filles ont obtenu leur héritage en 1852.
Personnages
Tous ces quidams – tiens, peu de femmes à moins d’être Queen Victoria – personne ne sait ce qu’ils ont fait. Dans beaucoup de cas, c’était des colons français établis dans la région. Comme Refurveuille Nicolière qui arrive vers 1741. Le réservoir, lui, date des années 1920. Brisée Verdière vient du chevalier Charles de Verdières, qui y pose le pied en 1770. Camp de Masque est une déformation du nom de Louis de Mascle, lieutenant d’infanterie posté à cet endroit vers 1728. Candos immortalise François Nicolas Beaulard de Candos (1700-1781), colon qui s’y installe vers 1765. L’Escalier tient son nom du baron Daniel L’Escalier, fonctionnaire colonial nommé commissaire civil des Iles de France et de Bourbon en 1791. Plaine- Lauzun nous rappelle un soldat français, commandant d’un régiment de cavalerie. Les soldats faisaient leurs exercices à cet endroit. Et Trou-Fanfaron vient de Nicholas Huet, surnommé Fanfaron (1713- 1761), un tailleur de pierre employé par la Compagnie des Indes, qui vivait près du rivage.
Lieux à l’étranger
Nous sommes tous venus d’ailleurs. Face aux paysages neufs de la colonie, les nouveaux occupants ont trouvé des parallèles avec leur mère patrie. Tranquebar est une ville de l’état de Madras, devenue possession britannique en 1815. Balaclava, Sebastopol et Alma sont des lieux de batailles de la guerre de Crimée, entre l’Angleterre et la France, en Russie. À l’époque, les souffrances des troupes ont marqué les esprits. Magenta et Solférino sont des batailles des guerres napoléoniennes. Chamouny est un clin d’oeil à Chamonix, alors que Forbach est le nom d’un village en Alsace. Trianon est une référence à Versailles. Deux châteaux ont été construits dans le parc de Versailles, le Grand Trianon sous Louis XIV et le Petit Trianon sous Louis XV. Gokoola tient son nom de Gokul dans l’Uttar Pradesh, lieu de pèlerinage associé au dieu Krishna. Benarès est aussi un lieu de pèlerinage sur le Ganges.
Plantes
Pourquoi aller chercher loin, quand la Nature est à portée de main ? Calebasses, Pointe-aux-Feuilles, Plaine-des-Papayes, Pointe-aux-Piments, Pamplemousses parlent d’eux-mêmes. Tout comme Mapou, plante indigène, Vacoas et Beaux-Songes.
Géographie
Bramsthan en hindi signifie l’endroit de Brahma. Lallmatie en hindi signifie «terre rouge». Rivière-Sèche, Trou-d’Eau-Douce et Beau-Bassin ont des noms explicites. Pailles fournissait jadis du fourrage à Port-Louis et ses alentours. La Caverne et Montagne-Blanche sont spécifiques. Alors que Riambel vient d’Ariambelo qui en malgache signifie, «plage ensoleillée».
Bibliographie
<p>The Place-Names of Mauritius, P.D Hollingworth, 1961 An invitation to the charms of Mauritian localities, Bhurdwaz Mungur & Breejan Burrun</p>
Publicité
Les plus récents