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Raj Makoond : «La libre circulation des professionnels donnera un coup de pouce aux échanges commerciaux»
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Raj Makoond : «La libre circulation des professionnels donnera un coup de pouce aux échanges commerciaux»
Maurice s’apprête à ouvrir davantage ses portes aux professionnels et investisseurs de la région, après la signature d’un accord-cadre avec trois pays, vendredi. Raj Makoond, Chief Executive Officer de Business Mauritius, qui participait aux discussions, nous explique les grandes lignes de ce projet régional.
La libre circulation des hommes d’affaires et des professionnels est un sujet qui a été évoqué à plusieurs reprises par des dirigeants politiques, dans un effort de promouvoir les investissements et les échanges commerciaux entre les pays. Qu’est-ce qui a vraiment entravé cette démarche depuis qu’elle a été évoquée ?
Il faut savoir que chaque pays a sa propre politique, ses propres lois, mais il est aussi un fait que beaucoup de pays ont des conditions qui sont un peu caduques, ce qui aurait agi comme obstacle dans cette démarche visant à promouvoir les investissements et la circulation des professionnels dans plusieurs secteurs d’activités. Il y a aujourd’hui un intérêt pour l’intégration.
Il y a également un intérêt pour les investissements directs étrangers (IDE). En ce qui concerne la libre circulation des professionnels et des hommes d’affaires, il faut avouer que c’est une démarche qui comporte des procédures strictes, lourdes et compliquées. Cela prend beaucoup de temps pour qu’un homme d’affaires puisse obtenir un visa avant d’aller investir dans un pays étranger. Aujourd’hui, ce qu’on est en train de faire, c’est faciliter la libre circulation des professionnels et des hommes d’affaires. Je pense qu’un changement de mindset est nécessaire.
Il n’y a en ce moment que quatre pays qui ont signé l’accord pour la libre circulation des professionnels et des investisseurs. Y aurait-il d’autres pays qui viendront se joindre à ceuxlà prochainement ?
Nous venons de signer un Memorandum of Understanding (MOU). Il concerne à présent Maurice, les Seychelles, la Zambie et le Malawi. Ces quatre pays signataires vont désormais travailler régulièrement à travers des visioconférences pour voir comment mettre en place les différentes procédures et la documentation en vue de faciliter les démarches des professionnels. Mais il est aussi nécessaire, si l’on veut aller rapidement dans cette démarche, d’essayer d’aplanir les contraintes administratives en premier lieu.
Nous comptons cinq membres, soit Maurice, le Malawi, la Zambie, les Seychelles et le Mozambique au sein de l’Accelerated Programme for Economic Integration (APEI). Ces pays, à l’exception du Mozambique, sont signataires de l’accord. Nous avons également constaté l’intérêt d’autres pays de la région pour ce programme. Mais il va sans dire que nous devrons avant tout discuter.
Vous avez souvent utilisé le mot «breakthrough» en parlant de cette initiative. Pourquoi selon vous, s’agit-il d’un «breakthrough» ?
Oui, j’ai utilisé le mot «breakthrough» car je pense que c’est une grande avancée dans la grande démarche visant à faciliter la circulation des talents et les investissements qui, ultimement, donnera un grand coup de pouce aux échanges commerciaux. Je dois avouer que c’est un sujet hautement sensible. C’est le mot fort.
Au niveau de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le dossier de la circulation du capital humain est un sujet hautement complexe. Et d’ailleurs, comme on peut le voir maintenant en ce qui concerne la libre circulation des personnes en Europe – surtout avec le Brexit – c’est devenu un sujet extrêmement sensible pour les gouvernements européens.
Avec une telle ouverture, ne devrions-nous pas craindre un phénomène accru de «brain drain» à Maurice ?
Je ne partage pas vraiment cet avis. Ce dont on est en train de parler, c’est de mouvement circulaire. Par exemple, si on investit dans un pays, on doit y envoyer des gens pour travailler. C’est pour faciliter la mise en oeuvre de notre programme en Afrique. La libre circulation des professionnels va dans ce sens.
Et la question de la sécurité des pays a-t-elle été considérée, car cela implique de manière primordiale une ouverture totale de nos portes aux investisseurs et professionnels tant locaux qu’étrangers…
Bien sûr, il y a l’aspect sécuritaire que nous prenons toujours en considération. C’est très normal et on ne peut ignorer cet aspect.
Qu’attendez-vous des discussions entre ces pays dans les court et moyen termes ?
Dans les court et moyen termes, on doit faciliter la libre circulation des professionnels. On pourra ensuite optimiser l’investissement. Si quelqu’un investit en Zambie mais ne peut pas envoyer des professionnels pour y travailler, alors cela posera un problème. Je pense qu’on doit initialement faciliter l’intégration entre les pays signataires.
Nos lois sont-elles assez efficaces pour accélérer ces démarches ?
Nos lois à Maurice vont dans la bonne direction. Il y a un travail à faire visant à faciliter ce processus, que ce soit pour l’Occupation Permit ou le permis de travail.
Dans quels secteurs pourrons-nous attirer des professionnels de la région ?
Nous pourrons attirer des professionnels dans le secteur des services, la comptabilité, l’ingénierie, l’informatique, l’éducation et dans tous les secteurs où Maurice est déjà actif, sans oublier le secteur des services financiers. Il y aura donc des possibilités dans tous ces secteurs, avec une coopération plus intégrée.
Êtes-vous satisfait de ces démarches jusqu’à présent ?
Nous travaillons au niveau de l’équipe mauricienne et nous avons une bonne approche intégrée. L’APEI comprend également une collaboration des secteurs privé et public dans ces démarches.
Et quand pourra-t-on voir les premiers développements ?
Je pense que nous allons commencer ces discussions détaillées assez rapidement. Disons que dans les six prochains mois, nous devrions avoir une meilleure visibilité.
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