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Devesh Dukhira: «Nous avons plusieurs défis à relever, mais nous devons nous adapter à chaque fois»

5 octobre 2016, 14:30

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Devesh Dukhira: «Nous avons plusieurs défis à relever, mais nous devons nous adapter à chaque fois»

 

L’Union européenne entame la dernière ligne droite vers la fin des quotas dans le cadre de la réforme de son régime sucrier en octobre 2017. Pour mieux faire face à ce changement d’envergure, le Mauritius Sugar Syndicate (MSS) affûte ses armes.

Après plus d’une dizaine d’années où le secteur local a subi les séquelles de la réforme du régime sucrier de l’Union européenne, peut-on toujours dire que l’industrie sucrière à Maurice passe par des moments difficiles ?

 Il est vrai que nous faisons face à des menaces, surtout avec la libéralisation des marchés autrement préférentiels. Les prix garantis sont du passé. Nous opérons désormais dans un marché de plus en plus ouvert.

 Cela dit, il est crucial que nous poursuivions la diversification des marchés d’exportation à notre niveau. Aujourd’hui, le sucre mauricien est présent dans plus de 50 pays à travers le monde.

 D’autre part, nous avons aussi travaillé sur l’inclusion d’une valeur ajoutée dans le sucre local, destiné à l’exportation, et celui-ci à des marchés niches qui nous permettent d’avoir des prix de revient au-dessus de la moyenne. Nous avons affaire à plusieurs défis, mais il est important de savoir s’adapter aux nouvelles conditions des marchés.

Le prix du sucre sur le marché mondial a connu beaucoup de fluctuations dans le passé. Quelle est votre lecture de la présente campagne sucrière ? Comme toutes les commodities, le sucre connaît des hauts et des bas. Dans un passé récent, la situation était un peu morose, avec des prix bas dus à un surplus de production sur le marché international pendant cinq années consécutives.

 Heureusement, cette année-ci, nous nous attendons à un manque de sucre sur le marché mondial. De ce fait, nous avons l’assurance d’avoir de meilleurs prix pour la nouvelle campagne.

Nous ne sommes qu’à une année maintenant de la fin des quotas en Europe, ce qui permettra aux producteurs européens d’écouler plus de sucre sur leur propre marché. Sommes-nous prêts à affronter cette situation ?

Nous y travaillons déjà avec la diversification de nos marchés et de moins en moins de dépendance du marché européen. Cela, en vue de saisir des opportunités, avec de meilleurs prix. Donc le travail se fait et nous sommes sûrs de préserver notre industrie locale.

 Même en Europe, l’objectif est de cibler des marchés niches qui recherchent le sucre de canne. De même que les marchés où notre sucre est moins exposé à la concurrence du sucre de betterave, tel que pour le sucre avec le label «commerce équitable».

Selon vous, la diversification des marchés est la clé de la survie du sucre mauricien. Êtes-vous satisfait de cette démarche jusqu’à présent ?

 Comme je l’ai dit, nous sommes présents dans plus de 50 pays. Il faut mettre l’accent sur l’idée que la diversification est un exercice continuel et dynamique. Je dirais que je suis satisfait de notre démarche jusqu’à présent, mais nous continuons à travailler sur de nouveaux marchés.

Et où se situent ces nouveaux marchés ?

Alors que l’Europe demeure toujours un marché important, nous misons aussi beaucoup, en ce qui concerne les sucres spéciaux, sur d’autres marchés, tels que l’Europe de l’Est, les États-Unis, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est. Quant au sucre blanc, nous en livrons davantage sur le marché régional, où Maurice bénéficie d’un accès privilégié selon les termes du COMESA et de la SADC.

Il faut aussi noter que le marché africain est déficitaire en ce qui concerne le sucre, estimé à plus de 7 millions de tonnes pour le continent. Nous exportons déjà vers huit pays de la région. Je pense que nous avons fait et continuons de faire de notre mieux. Bien entendu, nous avons plusieurs défis à relever et nous devons nous adapter à chaque fois.

Maurice produit moins d’un pour cent de la consommation mondiale. Comment affrontons-nous cette compétition féroce sur le plan international ?

Évidemment, nous faisons face à une concurrence de plus en plus féroce, surtout avec les gros producteurs avec des économies d’échelle hors pair. Mais ce qui nous aide à continuer, c’est notre crédibilité en ce qui concerne la qualité de nos produits, mais aussi une fourniture à temps de ceux-ci sur les marchés. Il y a également de plus en plus d’accent sur la durabilité de l’industrie et Maurice est bien positionné.

Le MSS importe également du sucre pour la consommation locale. Quelle est la situation du marché mauricien actuellement ?

 Le marché local tourne à présent autour de 35 000 tonnes de sucre annuellement. Il y aurait des concurrents qui tentaient d’importer le sucre à un meilleur prix, souvent de qualité inférieure, mais le gouvernement vient d’imposer une taxe de 15 % sur les sucres importés pour la consommation directe.

Or, comme notre sucre est raffiné localement, nous ne sommes sujets à cette taxe, ce qui fait que c’est un marché intéressant pour nous. Il faut aussi savoir que le sucre livré par le syndicat est de la même qualité que ceux exportés vers les marchés les plus stricts.

Avec le sucre maintenant exporté en conteneur, quel sera le rôle du Bulk Sugar Terminal à l’avenir ?

Il faut se rappeler que nous exportons toujours du sucre en sac, que ce soit les sucres spéciaux ou le sucre blanc, sur le marché régional et même à certains clients en Europe. Nous avons donc toujours besoin des entrepôts à Port-Louis pour pouvoir répondre aux besoins des clients en ce qui concerne les conditions de livraison.

 Par ailleurs, le syndicat importe du sucre roux pour être raffiné localement depuis 2011. Cela, afin d’optimiser les capacités de raffinage et ainsi augmenter l’exportation dans le contexte d’une production locale en baisse. Ces sucres sont entreposés dans le Bulk Sugar Terminal avant d’être expédiés aux raffineries durant l’année.