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Olivier Bancoult: «50 ans monn atann, asterla ki zot pou sanzé?»

7 octobre 2016, 21:31

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Olivier Bancoult: «50 ans monn atann, asterla ki zot pou sanzé?»

À son retour de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), Olivier Bancoult a allégué que le gouvernement britannique lui aurait mis la pression pour qu’il ne s’allie pas avec celui de Maurice. Ce que les Britanniques ont nié.

Vous faisiez partie de la délégation mauricienne à l’assemblée générale de l’ONU, à New York. C’est la première fois que vous participiez à un tel événement?

Oui. Je suis pleinement satisfait et reconnaissant envers le gouvernement mauricien.

Vous dites avoir subi des pressions du gouvernement britannique pour ne pas faire partie de la délégation. Pourquoi ne pas en avoir parlé avant?

En parler à qui? Je l’ai dit à mon comité! D’ailleurs, des membres étaient avec moi. Je l’ai aussi dit au Premier ministre dès que je l’ai rencontré.

Vous affirmez que la baronne Anelay a essayé de monnayer votre retrait de la délégation. Ces £ 20 000 avaient, cependant, été discutées avant, non?

En effet. Le gouvernement anglais nous avait proposé £ 20 000 après avoir annulé une visite aux Chagos.

Il avait aussi rejeté d’accorder cet argent pour des examens médicaux pour la communauté chagossienne. À quand est-ce que cela remonte?

À 2014.

De 2014 à ce jour, avez-vous remis ces £ 20 000 sur le tapis?

Bien sûr. À chaque fois que je revois les cadres ou l’ambassadeur, je leur parle des problèmes auxquels font face les Chagossiens. Je leur demande si nous aurons droit aux £ 20 000. Ils disent toujours oui, mais n’en reparlent jamais. Cette fois, et pour la première fois, c’est eux qui ont parlé des £ 20 000. C’est quand même un timing  bizarre, non?

Ces enregistrements, vous nous les faites écouter?

(rires) Malheureusement, mes hommes de loi m’ont fait promettre de ne pas les divulguer.

La baronne Anelay explique que la nouvelle administration anglaise se penche, de nouveau, sur le cas des Chagos. Qu’en pensez-vous?

50 ans monn atann, asterla ki zot pou sanzé ? Le gouvernement anglais ne peut pas dire que nous n’avons pas collaboré. On se rend à toutes les rencontres, on considère toutes les offres. Peut-être que s’il y avait eu un changement de parti au gouvernement, j’aurais envisagé cette possibilité.

Vous faites plus confiance au gouvernement travailliste anglais?

Je n’ai confiance en aucun politicien. Mais il faut quand même dire que Jeremy Corbyn a été un des premiers députés à s’intéresser à nous. Il ne manque jamais une occasion de nous rencontrer.

Vous dites ne pas avoir eu le droit d’emmener d’homme de loi à la rencontre avec la baronne Anelay. Comment ont-ils expliqué ce refus?

Ils ont dit que l’autre partie n’aurait pas d’homme de loi. Mais, eux, ils avaient quand même des conseillers.

Quel était le ton de la rencontre?

Elle était amicale. Elle n’a pas cessé de me dire: «We are very sympathetic to your cause!» D’ailleurs, je vais être franc: la baronne ne m’a pas demandé de ne pas aller à New York. Mais tous les représentants du GRC ont senti que c’était sous-entendu.

Avez-vous eu des contacts avec le haut-commissariat ou le gouvernement anglais depuis ces révélations?

Non. Mais ça va venir. Puisque nous menons beaucoup de projets ensemble. Nou espéré sa pa pou sanz narnié, mé si zot sanz attitude osi, omwin nounn dir lavérité nou.

Revenons à votre voyage à New York. Comment avez-vous accueilli cette invitation?

Nous en avons énormément discuté avant de prendre notre décision. Il y a eu un débat avec notre comité et un vote. Certains étaient contre, mais la majorité était pour.

Pour quelle raison quelqu’un aurait-il voté contre?

Beaucoup ont vécu un grand préjudice à leur arrivée ici. Ils en gardent des séquelles et ont des réserves sur la position de Maurice. C’est normal. Il y a aussi la question d’Agalega. Agalega est un peu laissé-pour-compte. Certains ont peur que cela nous arrive si l’île Maurice regagne sa souveraineté.

Comment étaient vos relations avec le reste de la délégation?

Ils ont tous été formidables. Sir Anerood Jugnauth a été extraordinaire. C’était une vraie équipe.

Sauf lors de l’ouverture ; vous n’étiez pas à la tribune, à côté du Premier ministre.

Cela ne me dérange pas. Pendant les réunions, j’ai eu le droit à la parole. Lors de cette cérémonie, je n’aurais pas eu à parler. Donc, je ne veux pas entrer dans la polémique. D’autres premières dames étaient elles aussi assises avec leur époux.

Le PM a parlé de rencontres «délicates et confidentielles». Avec qui y a-til eu des rencontres?

Avec Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU. Aussi avec le président, Peter Thomson. Nous avons parlé à Aung San Suu Kyi, la diplomate birmane. Et également avec beaucoup de chefs d’État de petits pays. Nous avons parlé de l’histoire des Chagos qui était inconnue de beaucoup. Rien que d’avoir pu raise awareness était extraordinaire.

Et la rencontre avec Boris Johnson? Qu’en est-il ressorti?

Bon, j’ai eu l’occasion de m’exprimer. J’étais vraiment un participant à part entière à la conversation. Maintenant, ce qu’il en retombe…. pas grand-chose.

Avez-vous parlé au Premier ministre depuis votre retour?

Je le rencontre la semaine prochaine pour discuter de notre prochaine étape.

Vous avez exprimé votre réticence à vous associer à la demande de fermeture de la base militaire à Diego Garcia. Pourquoi?

Ce que nous voulons, c’est retourner chez nous. Nous ne voulons pas endosser cette bataille parce que nous menons une autre bataille. Une fois cette bataille achevée, nous pourrons peut-être commencer à demander la fermeture de la base. Le rapport KPMG dit que l’île est habitable. Même Diego l’est.

Une ex-militaire américaine a fondu en larmes en vous faisant des excuses à la conférence de Lalit. Vous n’aviez pas l’air convaincu, cependant.

J’avais les larmes au bord des yeux. Cependant, ce n’est pas à elle de me faire des excuses. C’est à son gouvernement.