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Mon-Goût: Un village qui va à vau-l’eau

10 octobre 2016, 14:33

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Mon-Goût: Un village qui va à vau-l’eau

La gravité des inondations survenues à partir de 2008 a mené à d’importants travaux d’infrastructures visant à rendre plus sûrs les environs de la rivière Citron, à Mon-Goût. Des mesures qui devraient faire l’objet d’un suivi, estiment les habitants.

Petit village proche de Pamplemousses, Mon-Goût est traversé par la rivière Citron. Véritable havre de verdure, il a toutefois dû subir d’importants travaux à la suite des inondations de 2008 et 2013, afin de protéger les habitants des crues de la rivière. Aujourd’hui, les villageois déplorent un manque de suivi de la part des autorités, craignant de nouvelles catastrophes.

Un peu plus de huit ans se sont écoulés depuis les inondations meurtrières du 26 mars 2008 à Mon-Goût. Cette localité avait alors été la scène de quatre décès tragiques dont celui de Laura Paul, collégienne de 13 ans, emportée par les eaux de la rivière Citron. L’on se souviendra qu’un Fact-Finding Committee avait été institué par la suite et placé sous la présidence du juge Bhushan Domah. Celui-ci déclarait, à l’époque : «Il nous faut concevoir des structures solides pour éviter qu’un tel désastre se reproduise.»

La rivière est recouverte de plantes envahissantes.

Puis, en février 2013, de nouvelles averses se sont abattues sur le nord de l’île, forçant le gouvernement d’alors à entreprendre des travaux d’envergure la même année en vue de réduire la dangerosité de la rivière Citron. Le cours d’eau a donc été dragué et élargi, au coût de Rs 5,2 millions, dans le cadre d’un Emergency Rehabilitation Programme. Des travaux pris en charge par le ministère des Infrastructures publiques et la National Development Unit, entre autres.

Par ailleurs, la sécurité des habitants de Mon-Goût a été renforcée grâce à la construction d’un mur de soutènement le long des berges de la rivière et de ponts, ainsi que l’aménagement de drains. Entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous ces ponts et le village a retrouvé sa quiétude, de même que la rivière Citron, les autorités ayant négligé l’entretien du cours d’eau et des infrastructures aménagées. Tel est le point de vue de Claude Moonien, travailleur social vivant à Mon-Goût. «Après les travaux qui ont été effectués près de la route principale, il était question de revoir aussi l’état de la rivière, mais rien n’a été fait en ce sens. Il est très rare qu’elle soit nettoyée», déplore-t-il.

Soulagement et satisfaction

Hemanlall Roopun, un autre habitant de Mon-Goût, évoque, lui, le soulagement et la satisfaction qu’ont ressentis les villageois lorsque Mon-Goût a été transformé par toutes les améliorations apportées. Il rappelle, notamment, que «sept ponts et des drains ont été construits, la route principale a été embellie, un coin détente a été créé près de la rivière, avec des bancs et de beaux luminaires». Néanmoins, poursuit-il, «maintenant ces bancs et lampes sont endommagés pour la plupart».

Les infrastructures aménagées près du cours d’eau ont été laissées à l’abandon.

Une visite sur place nous permet de constater que le coin détente s’est effectivement bien éloigné de sa vocation première par l’état de négligence dans lequel il se trouve. De vieux morceaux de tôle et des palettes de bois sont entassés çà et là et sur la dizaine de bancs disponibles à l’origine, seuls deux sont encore utilisables. Il n’empêche que des villageois continuent à venir prendre l’air en ce lieu. L’un d’eux, Eganaden Rengadoo, nous confie qu’il aime lire son journal assis sur un banc tout en écoutant s’écouler la rivière. «C’est triste que des millions ont été dépensés mais qu’après, on laisse tout pourrir», lance ce villageois, dépité. Et d’ajouter que «la rivière est envahie de plantes aquatiques et de déchets, si bien qu’on l’entend à peine».

Selon Claude Moonien, les autorités doivent assumer leurs responsabilités vis-à-vis des habitants de Mon-Goût. «Il faut que ces infrastructures soient revues et que les travaux continuent car nous ne sommes toujours pas à l’abri du danger», insiste-t-il.