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[Vidéo] Vivekanand Ramburun: «Il nous faut une stratégie régionale pour combattre le trafic de drogue»
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[Vidéo] Vivekanand Ramburun: «Il nous faut une stratégie régionale pour combattre le trafic de drogue»
La grosse saisie de drogue à La Réunion la semaine dernière a choqué plus d’un. La douane mauricienne mise beaucoup sur la coopération régionale et les mesures mises en place pour combattre ce fléau. Vivekanand Ramburun, directeur des Douanes fait le point.
La saisie de 42,6 kg d’héroïne à La Réunion, d’une valeur de plus de Rs 630 millions, la semaine dernière a choqué plus d’un. Est-ce une bonne réalisation pour le service de douane mauricien ?
C’est une grande réalisation pour la région de l’océan Indien. Nous avons une politique régionale pour combattre le trafic de drogue. Il est important pour nous que la drogue n’arrive pas à Maurice. À la douane, de concert avec les administrations régionales, nous pensons monter des opérations régionales. Échanger des informations au niveau de tous les services douaniers.
La semaine dernière, deux officiers de renseignements et moi-même étions à Madagascar pour rencontrer toutes les parties prenantes. Madagascar n’est pas producteur d’héroïne. Il y a juste un dérivé. En fait, 70 % de la drogue saisie transite par Madagascar, La Réunion, l’Afrique du Sud et le Kenya. Aucun de ces pays n’est producteur d’héroïne. La drogue ne fait que transiter. L’héroïne est produite en Afghanistan en bordure du Pakistan. Madagascar est trop grand et le service de douane est mal équipé au niveau de la gestion des eaux territoriales.
Une ou deux semaines avant cette grosse saisie, le chef d’équipe qui a monté cette opération à La Réunion était à Maurice accompagné d’un officier des renseignements français pour former les douaniers mauriciens en termes d’intelligence et de filature. Dans cette partie du monde, il y a beaucoup de trafic. C’est la raison pour laquelle il faut aller au niveau régional. Notre stratégie n’est pas limitée à Maurice. Nous avons le Regional Intelligence Liaison Office présent dans tous les pays et qui nous informe de tout ce qui se passe.
Quelles sont les technologies et les méthodes utilisées pour combattre le trafic de drogue ?
Récemment, nous avons fait l’acquisition d’un Fast Interceptor Boat qui sera utilisé pour la surveillance et pour traquer les embarcations louches qui traînent aux alentours des bateaux ciblés et dans le port. Nous avons fait la demande pour trois autres patrouilleurs. Trois skippers qualifiés ont été recrutés par la MRA et 25 douaniers sont actuellement formés à la Mauritius Maritime Academy pour manoeuvrer le bateau rapide.
La MRA a renouvelé ses scanners destinés aux conteneurs au port. La procédure a été mise en place pour l’achat d’un nouveau scanner pour le fret aérien. Les plus petits sont disponibles à l’aéroport, au port, à la section colis du bureau de poste et les services courriers afin de scanner de petits colis, des bagages, des lettres. Des détecteurs de traces sont disponibles à l’aéroport et au port. Des fibroscopes sont utilisés pour examiner des endroits difficiles d’accès comme l’intérieur d’une voiture.
À la suite de notre mission à Madagascar du 6 au 13 novembre, la Commission de l’océan Indien nous a proposé de nous enregistrer auprès du Regional Maritime Information Fusion Centre qui fournit une carte sur le mouvement des navires dans la région d’Afrique de l’Est. Nous aurons automatiquement des données de l’Automatic Information System et le Long Range Identification Tracking System grâce aux balises disponibles dans les navires. La MRA doit contacter le ministère des Finances pour une autorisation. La MRA a également créé la section Anti-Narcotics de la douane pour combattre l’entrée illicite de la drogue. Pas moins de 83 apprentis douaniers ont été recrutés.
Le président de la commission d’enquête sur la drogue, Paul Lam Shang Leen, a affirmé qu’il n’y avait pas suffisamment de chiens renifleurs dans le pays. Selon lui, il en faut davantage. Dans quelle mesure ces chiens renifleurs vous aident-ils dans votre combat contre la drogue ?
La MRA K-9 Dog Unit a été mise en place en 2004 avec trois chiens renifleurs. Aujourd’hui cette unité en comprend six. Ils sont dressés à tel point qu’au moment où ils flairent une substance illicite, ils vont s’asseoir près de la cible. On les déploie généralement au terminal des passagers.
«En sus des drogues, nous allons dresser les chiens renifleurs pour qu’ils puissent détecter les devises étrangères.»
Nous avons fait l’acquisition de quatre chiens supplémentaires de l’Afrique du Sud. Nous allons les recevoir en janvier prochain. Ces chiens peuvent détecter de l’héroïne, de la cocaïne, du cannabis, de l’ecstasy, du mandrax, du crystal meth (methamphetamine), du Subutex et des drogues synthétiques. En sus des drogues, nous allons les dresser pour qu’ils puissent détecter les devises étrangères également. Ils ont été utiles pour détecter des drogues.
Comment expliquez-vous le fait que malgré toutes les mesures prises, la drogue continue à s’infiltrer dans l’île ?
Les policiers, les douaniers ne peuvent être partout à la fois. La drogue est devenue un souci national, surtout les drogues de synthèse. Je fais un appel au public de dénoncer les cas suspects de manière anonyme à la MRA. La contrebande sera toujours un défi. Le mode opératoire change constamment. Les trafiquants de drogue ont des ressources illimitées en termes de financement, de technologie et de réseaux clandestins pour les soutenir dans leur sale besogne.
Au moment où nous allons les coffrer, ils ont déjà une longueur d’avance sur nous, même dans les pays développés. Mais nous devons lutter avec nos ressources disponibles. Il faut se rappeler que Maurice est une île et que nos frontières et nos eaux territoriales doivent être protégées et sécurisées. Nous avons déjà signé un Memorandum of Understanding avec la force policière et nous travaillons en étroite collaboration avec le service de renseignements national.
Il y a une perception du public que les douaniers sont de connivence avec les trafiquants de drogue. Il pense que les douaniers faciliteraient l’entrée de la drogue sur notre territoire. Pensez-vous que cette perception soit toujours présente ?
La perception a changé. Quand j’ai rejoint la douane en 2002, j’ai mis en place des systèmes anticorruption. Et en 2006, lors d’un concours organisé par l’ICAC, la douane a remporté le premier prix en tant qu’organisation avec le meilleur Anti-Corruption Framework mis en place. On est une référence en matière de lutte contre la corruption.
Jusqu’à présent, je n’ai vu aucun douanier impliqué dans des trafics de drogue. Les entrées au port et à l’aéroport sont contrôlées par les douaniers et l’ADSU. De plus, le service des Douanes a une politique de procéder régulièrement à une rotation de ses officiers. C’est une mesure d’intégrité prescrite par l’Arusha Convention, qui est observée par l’Organisation mondiale des douanes.
La MRA a une politique de zéro tolérance lorsqu’il s’agit de la corruption. Elle est parmi les quelques organisations qui ont une Internal Affairs Division pour administrer les problèmes d’intégrité. S’il y a un soupçon contre des douaniers, nous allons prendre des actions qu’il faut. Il faut également rappeler que tous les trois ans, le douanier doit déclarer ses avoirs à la MRA.
Vous disiez plus haut que la MRA investit dans des équipements de pointe. Mais c’est le cas également pour les trafiquants de drogue. Comment s’assurer à votre niveau que vous aurez toujours une longueur d’avance ?
L’Organisation mondiale des douanes conserve toutes les informations disséminées par les douanes du monde entier dans une base de données. Nous lui envoyons des données également. Même si les trafiquants rivalisent d’ingéniosité pour le trafic de drogue, on est au courant, peu importe la méthode utilisée.
Notre système d’intelligence est très pointu. On est au courant de tout ce qui se passe dans le monde. Les moyens utilisés par les trafiquants. En Colombie, par exemple, les trafiquants utilisent des sous-marins téléguidés. Nous savons qu’en Afghanistan, il y a 43 % de surproduction d’héroïne. Quelque 4 500 tonnes d’héroïne circuleraient dans la région.
Pensez-vous que cette bataille contre la drogue sera gagnée un jour ?
Nous pourrons éradiquer la drogue avec la participation de tout le monde. C’est un défi continu. Et nous sommes déterminés à frapper fort pour combattre ce fléau. La douane et les forces de l’ordre sont sur la bonne voie pour éliminer ou réduire au minimum l’entrée de drogues illégales dans le pays, avec le soutien du gouvernement. Cependant, nous devons être constamment vigilants car les trafiquants de drogue emploient d’énormes méthodes et de nouveaux mécanismes pour l’entrée illégale de drogues.
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