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On a peur à cité Ste-Claire
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On a peur à cité Ste-Claire
Des saisies de drogue, des descentes policières, des opérations coups de poing. Cité Ste-Claire a été le théâtre de plusieurs incidents ce mois-ci, à savoir le vendredi 18 novembre et le jeudi 3 novembre.
Pourtant, en ce vendredi 25 novembre, le calme est assourdissant. Le silence est ponctué de temps en temps par des voix d’enfants. Où sont les fauteurs de troubles ? Pas de gros bras en vue, hormis une maman fâchée qui gronde des bambins. Les ours mal léchés sont sans doute dans leur tanière. Les habitants, eux, affichent la méfiance.
Des regards assassins
Un jeune homme aux cheveux peroxydés a pris ses aises sous un manguier. Il ne doit pas avoir plus de 15 ans ; il a les yeux rivés sur son portable. Un véhicule blanc s’approche de lui. Il bondit, détale, franchit un portillon en tôle.
«Akoz lapolis ki tou dimounn koumsa isi», lâche une dame que l’on rencontre un peu plus loin. Elle est assise en bordure de route, en compagnie de ses sept fils et filles. Il n’y a pas d’électricité dans la cité, le Central Electricity Board effectue des réparations. Faute de pouvoir se distraire en regardant la télévision, par exemple, toute la petite famille a décidé de sortir prendre l’air.
Deux hélicoptères survolent cité Ste-Claire
De toute façon, ici, les scènes de films d’action, on en voit plus souvent dans les rues que sur le petit écran. Le maître-mot : la méfiance. La panique, un sursaut, des regards assassins. «Hé, ki problem», assène un habitant en faisant deux pas en arrière.
«Nou pa kont lapolis. Zot bizin fer zot travay. Mé éna enn fason fer li. La, kouma bann zanfan tann loto, zot ploré», explique une dame. Son fils a 12 ans. «Lot fwa-la, zot inn bat tou dimounn ki zot inn trouvé. Zanfan, madam, lisien tou inn gagn baté.»
«Éna la drogue, mé pa tou dimounn ki trafikan !»
D’où la réaction des villageois en voyant des inconnus. Qui pourraient bien être des policiers en civil. Au même moment, deux hélicoptères survolent cité Ste-Claire. Apeurés, des gamins se réfugient dans les bras de leur mère, abandonnant bouteilles, branches et autres jouets de fortune.
«La vie ici est calme. Éna la drogue, mé pa tou dimounn ki trafikan ! Nou viv trankil mé kan lapolis vini, zot met tou dimounn dans mem panié», souligne Caroline (prénom modifié). Pour survivre, elle cultive quelques légumes et aide les autres planteurs à se faire un peu plus d’argent.
«Apart baté, lotorité pa fer nannié pou nou»
Son fils aîné est au chômage, affirme-t-elle. Il lui sera difficile d’obtenir du travail si les employeurs savent qu’il habite cité Ste-Claire, soutient-elle. Et d’ajouter, sur un ton amer : «Apart baté, lotorité pa fer nannié pou nou.»
Une vannette passe par là, une voix monocorde se fait entendre à travers un haut-parleur. «Likid vésel Rs 50. Éna balié. Éna zavel…» C’est grâce à cette boutique ambulante que certains habitants de cité Ste-Claire peuvent se procurer ce dont ils ont besoin, puisqu’il n’y a pratiquement aucune boutique aux alentours.
Un peu plus loin, une roulotte en tôle jaune fait office de tabagie. Des gens sont massés autour, on grignote, on papote. Annabelle Christophe a d’ailleurs beaucoup de choses à dire. Cette mère de famille, âgée de 28 ans, était aux premières loges lors des dernières descentes policières. «Monn nek ouver laport. Banla inn pous mwa andan, inn zour mwa. Mo zanfan 9 an inn gagn enn koudpwin. So lalev inn kasé.»
«Ce n’est que récemment que les trafiquants y ont élu domicile»
Michel Juliette, qui se cachait sous sa casquette, se joint à la conversation. Pour lui, il y a certes du nettoyage à faire, mais il faut savoir comment procéder. «Bizin koné kot pou alé. Pa nek vini ar rwayar pou bat tou séki trouvé.»
Les résidants de cité Ste-Claire, poursuit-il, sont des laissés-pour-compte et se débrouillent comme ils peuvent. Mais «ce n’est que récemment que les trafiquants y ont élu domicile», assure Michel. Pour son amie, «zour kot lapolis ramas tou sa bann marsan-la, nou pou dormi trankil».
D’ici là, ce sera avec la peur au ventre.
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