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[Vidéo] Méthode alternative: l’homme qui ne veut pas abattre les chauves-souris…
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[Vidéo] Méthode alternative: l’homme qui ne veut pas abattre les chauves-souris…
L’abattage de chauves-souris a débuté samedi 10 décembre. Selon le ministère, les planteurs se plaignent, encore une fois, des dégâts causés par ces petits mammifères. Mais tous ne sont pas pareils. Certains planteurs ont trouvé le moyen de contourner l’abattage, et leurs méthodes sont moins extrêmes envers ces animaux. C’est le cas de Giandutt Gooroochurn, propriétaire d’un verger à Arsenal.
Il est 18 heures. Les derniers clients sont partis. Giandutt Gooroochurn et sa famille plient bagage. Ils ramassent de leur étal les litchis invendus, mettent un peu d’ordre et rangent chaises et paniers. Au lieu de rentrer chez eux, ils prennent la direction du verger, où ils ont élu domicile depuis le 28 octobre. La seconde partie de leur journée de travail débute.
Giandutt Gooroochurn, 68 ans, s’occupe de ce verger depuis 16 ans en compagnie de sa femme et de son gendre. Pendant la saison des litchis, ils ne quittent pas les lieux. «Bizin vey sovsouri. Si pa pous zot, zot kapav manz ziska 3 000 letsi dan enn lanwit» explique-t-il. Mais il est hors de question de tuer ces pauvres bêtes. D’ailleurs, il a déjà acheté du poison mais n’a jamais eu le courage de s’en servir. Il préfère les chasser. Mais comment ?
Depuis qu’il a le verger, Giandutt Gooroochurn est devenu un vrai MacGyver de la culture. Il a inventé et abandonné mille et un moyens de repousser les chauves-souris avant de trouver le bon. Attacher du bomli aux arbres, imbiber des éponges de kérosène et les accrocher aux grappes de litchis, installer des machines à ultra-sons… En vain. Les petites bêtes venaient toujours lui manger ses fruits.
Le vieil homme n’a pas abandonné. Plusieurs essais plus tard, ses efforts ont porté leurs fruits et il est tombé sur la bonne formule. Depuis, il n’est plus embêté. La méthode Giandutt est, dit-il, simple : repousser les bestiaux avec de la fumée. C’est son gendre, Adish Seerutun, qui s’occupe de mettre en place la fameuse opération une fois la nuit tombée. Un non-initié aurait pu croire à un rite obscur quelconque, mais il n’en est rien…
La vie dans un verger
Pendant la saison des litchis, Giandutt Gooroochurn, sa femme Bhumwatee et leur gendre habitent sur place. «Sézon-la dir dé mwa anviron. Nou bizin res lamem», indique le vieil homme. Mais il y est habitué. Depuis qu’il possède ce verger, il a toujours passé toute la saison de litchis sur place pour surveiller ses fruits. Une bâche tenue par quelques morceaux de bois et attachée aux arbres fait office de cuisine. C’est là que Bhumwatee Gooroochurn cuisine tous les soirs. «Aswar, mo kwi roti. Dan gramatin nou manz dipin», dit-elle, en mélangeant sa farine sur une table faite de palettes. À côté, deux matelas sous une autre bâche et un peu plus loin, une tente pour Adish Seerutun. Après avoir allumé ses feux, la famille dîne, puis pour faire passer le temps, elle joue aux cartes. De temps en temps, le gendre fait le tour de la propriété pour s’assurer que tout se déroule sans anicroche. Vivre comme cela pendant deux mois n’est-il pas trop dur ? Aucun membre de la famille n’essaie de jouer aux braves. Il fait humide, il faut se laver à l’eau froide, il y a des moustiques et ils sont isolés de tout. «Mé bizin fer sa. Sinon ant sovsouri ek voler, pou népli res narnié pou nou vande», dit Giandutt Gooroochurn, qui veille sur son gagne-pain.
La technique Giandutt
Vers 18 h 30, Adish Seerutun commence à ratisser le verger et à ramasser des feuilles sèches. Il les met dans un tonneau, puis les tasse. S’ensuit le moment crucial, la touche qui change la donne : il y ajoute du piment sec. «Samem fer zot sover-la sa», assure Giandutt Gooroochurn de loin. Adish Seerutun continue à remplir le tonneau de feuilles et de branches avant d’y mettre le feu. Une épaisse fumée blanche s’élève et en quelques secondes, les arbres sont perdus dans ce brouillard. Pour que les feuilles ne se consument pas trop vite, Adish Seerutun rajoute un seau d’eau à celles-ci. Selon lui, le feu brûlera jusqu’à trois heures du matin.
Trois autres «machines à fumée» sont présentes dans le verger. «An mem tan pé netway verzé-la», dit le jeune homme avant d’aller mettre en marche sa deuxième machine. La fumée a le désavantage de bouger au gré du vent, entre autres. Et dès qu’une partie du verger en est épargnée, les petites bêtes ne tardent pas à venir s’y installer. Qu’à cela ne tienne, Adish Seerutun a autant de pétards qu’un gamin à la veille du Nouvel An. Une petite explosion suffit à les faire déguerpir et il est tranquille pour un moment. Pendant la soirée, il remue les feuilles qui brûlent pour garder la fumée constante.
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