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2017: année charnière pour le Syndicat des sucres
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2017: année charnière pour le Syndicat des sucres
La libéralisation du système de quotas sucriers en Europe en octobre 2017 viendra fragiliser le mode de vente du sucre mauricien en Europe. Des événements qui bousculent le système vieux de 96 ans mis en place pour la commercialisation du sucre mauricien.
La fin des quotas sucriers en Europe veut dire que le sucre mauricien sera négocié à armes égales avec le sucre de betterave européen. Comment faire, dans ce nouveau rapport de forces concurrentiel pour obtenir le meilleur prix ? Pour certains, c’est ensemble qu’il faut avancer. Soit continuer de donner au Syndicat des sucres et à lui seul le droit de commercialiser le sucre mauricien. Alors que certains usiniers souhaiteraient, pour leur part, s’émanciper du système.
C’est le volume qui fait le prix, soutient le président du Syndicat des sucres, Kreepalloo Sunghoon. Avec un mandat de commercialiser 450 000 tonnes de sucre, le Syndicat des sucres estime pouvoir obtenir pour tous les producteurs un meilleur prix que si les usiniers commercialisaient directement leurs productions.
Il ajoute que le Syndicat dispose d’une expertise que les usiniers n’ont pas, soit un réseau de contacts en Europe et hors de l’Europe. Ce réseau leur a ouvert les portes de partenaires tels que Südzucker pour le sucre blanc dans le passé et aujourd’hui avec British Sugar pour l’achat de 100 000 tonnes de sucre raffiné et Cristal Co pour une cargaison de 130 000 tonnes de sucres spéciaux.
Marketing et branding
Si le Syndicat estime avoir une longueur d’avance, il met les bouchées doubles pour justifier cette performance que lui demandent les producteurs. Il a institué un comité pour engager des réflexions stratégiques sur les nouvelles opportunités commerciales en Europe et plus loin. C’est ainsi que le Syndicat s’intéresse à de nouveaux marchés. En 2016, plus de 40 000 tonnes de sucre raffiné ont été exportées vers Madagascar, les Comores, le Mozambique, la Namibie et le Kenya. L’Inde est aussi une cible, avec la conclusion d’un Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement.
Pour l’heure, les usiniers sont partagés et ne semblent pas disposés à bousculer le Syndicat des sucres. Son président sortant, Hector Espitalier-Noël, Chief Executive Officer (CEO) du Groupe ENL, estime que le Syndicat des sucres a été «une organisation pivot dans la transformation du secteur sucrier en une industrie agroalimentaire».
Même s’ils estiment que l’avantage du volume est plutôt faible, Maurice exporte par le biais du Syndicat 300 000 tonnes de sucre blanc, ce qui ne pèse pas lourd dans «un marché de 10 millions de tonnes», comme le rappelle Patrick d’Arifat, CEO d’Alteo. Il mise plutôt sur les «spécificités» du sucre mauricien qui plaît aux acheteurs qui traitent actuellement avec le Syndicat des sucres.
C’est encore «avec» le Syndicat que Nicolas Maigrot, CEO de Terra, dit vouloir avancer dans son rapport annuel de 2015. Tout en insistant pour «une stratégie pour améliorer la création de valeur dans les sucres spéciaux». Sa réflexion porte sur la possibilité d’un branding spécifique pour les produits de son groupe.
Même son de cloche chez Omnicane, qui insiste pour le «marketing et le branding» de ses produits comme un facteur critique de sa stratégie future. «Il est important qu’Omnicane soit plus proche de son client final pour comprendre ses besoins et ses attentes», dit son CEO, Jacques Marrier d’Unienville, dans son rapport annuel de 2015. Si bien que pour démarrer dans cette nouvelle logique, Omnicane s’est lancée dans le trading et a importé 42 000 tonnes de sucre en vue de les reexporter.
Pour le Syndicat des sucres, cette stratégie dérange. Toute opération d’importation ou d’exportation de sucre doit passer par lui, rappelle-t-il. En effet, le monopole du Syndicat sur le sucre tient du Mauritius Cane Industrie Authority Act de 2011, une loi qui lui confère les pleins pouvoirs pour commercialiser le sucre à l’étranger. Et ce, dans le but d’apporter une structure qui satisfasse les usiniers, les grands planteurs corporates, ainsi que les 15 000 petits planteurs.
Dans un système de commercialisation autonome, comment seront payés les petits planteurs ? «Aujourd’hui, le Syndicat accorde aux petits planteurs des avances au début même de la récolte. Il y a tout un système qui a été mis en place et qui a fait ses preuves», insiste Devesh Dukhira, CEO du Syndicat des sucres. Le dossier revient dans le camp des politiques.
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