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Trafic de drogue : L’aveu d’échec des autorités malgaches
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Trafic de drogue : L’aveu d’échec des autorités malgaches
À Maurice, la saisie d’importantes quantités de drogue, en provenance de Madagascar, interpelle. Une enquête menée à Tana, début décembre, démontre que les autorités ne pourront compter que sur elles-mêmes pour combattre le trafic de drogue au niveau de l’axe Madagascar-Maurice.
Trente-deux. C’est le nombre d’éléments que comprend le service central des stupéfiants malgache pour tout le territoire… Pourtant, la Grande île, d’une superficie de 587 040 km2 , est 300 fois plus grande que Maurice. Résultat : hormis Tana, cette unité n’a pas de représentant dans les trois principaux ports, soit Tamatave, Majunga et Nosy Be. Des confidences faites par nul autre que le chef du service central des stupéfiants, José Rajaonarison, 45 ans. Ce dernier déplore dans la foulée les moyens «limités» mis à leur disposition. Et d’ajouter qu’il doit également utiliser sa voiture personnelle pour les déplacements à travers le pays, si besoin est.
Pourtant, le chef de service des stupéfiants est au fait de tout ce trafic. Il sait d’où provient la marchandise qui circule entre Madagascar et Maurice. «L’héroïne vient du Pakistan, de l’Iran et d’Afghanistan. La drogue transite ensuite par l’Afrique de l’Est, soit la Tanzanie et le Kenya, et l’Afrique du Sud avant d’arriver à Madagascar, puis Maurice. Les voies maritimes et aériennes sont utilisées pour acheminer cette drogue.»
Le mode opératoire des trafiquants est également un secret de Polichinelle : il suffit de fournir de fausses adresses à l’aéroport et de repérer des mules sur place pour transporter la marchandise. Et qui sont ces trafiquants ? «Des Africains résidant à Madagascar», lâche José Rajaonarison, sans hésitation aucune. La dernière grosse saisie qu’il a effectuée remonte à 2010. L’équipe de José Rajaonarison avait alors intercepté 4 kg 700 g d’héroïne lors d’un dépotage de conteneur. «Cette drogue en provenance du Pakistan avait transité par l’Afrique du Sud», se rappelle-t-il.
Le chef du service central des stupéfiants est d’avis que Maurice et Madagascar doivent travailler en étroite collaboration pour combattre le trafic de drogue entre les deux pays.
Il regrette que «les Mauriciens ne nous donnent pas d’info. Ça aurait pu aider à chercher des complices ici», fait-il valoir. Alors que, durant l’entretien, notre interlocuteur nous apprenait qu’un haut gradé de la police mauricienne était à ce moment-là en déplacement à Madagascar, «pour un début de raffermissement de la coopération entre les deux pays dans ce domaine». Interrogé à ce propos, le commissaire de police, Mario Nobin, a répliqué que c’est un responsable aux Casernes centrales qui y était, sans toutefois dévoiler l’identité de celui-ci.
En attendant, un haut cadre du service central de la police de l’air et des frontières malgaches, qui a souhaité garder l’anonymat, n’y va pas de main morte. «Madagascar est une plaque tournante et les frontières ne sont pas suffisamment contrôlées», concède-t-il.
Pour lui, la lutte contre le trafic de drogue sera vaine tant que les forces de l’ordre ne disposeront pas de moyens adéquats. «Le matériel en notre possession est obsolète pour détecter de la drogue.» Sans compter que «pour l’heure, la lutte contre le trafic de drogue n’est pas encore la priorité des autorités malgaches.»
Et cela, même si la police des frontières est rattachée directement à la direction de l’immigration et de l’émigration. Elle comprend 100 policiers, qui sont postés à l’aéroport d’Ivato et aux quatre ports - Diego Suarez, Tamatave, FortDauphin, Majunga et Tuléar.
Des cas qui interpellent
<p>L’arrestation d’Arvind Hurreechurn à l’aéroport de Plaisance, le 25 octobre, restera dans les annales. Ce policier de 30 ans avait deux kilos d’héroïne dans ses bagages alors qu’il revenait de Madagascar. Écroué au centre de détention de Moka, celui-ci a été retrouvé, deux semaines plus tard, pendu dans sa cellule. L’autre cas qui a retenu l’attention cette année concerne la saisie exceptionnelle d’une quarantaine de kilos d’héroïne au port de Sainte-Rose à la Réunion dans la nuit du 10 au 11 novembre. Ici aussi, l’axe Madagascar-Maurice-Réunion est montré du doigt.</p>
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