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Jean-Stephen Bothille: «C’est trop facile de critiquer les gardes-côtes et de chercher un bouc émissaire»
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Jean-Stephen Bothille: «C’est trop facile de critiquer les gardes-côtes et de chercher un bouc émissaire»
Les consignes de sécurité en mer ne sont jamais de trop. Le chef inspecteur Jean-Stephen Bothille rappelle aussi qu’en cette période, le Mauricien, a tendance à les oublier. Piqûre de rappel.
Trois morts en mer en ce début d’année. Où se situe le problème ?
Dans le cas de la jeune fille noyée à Mont-Choisy, nous avons repêché son corps hors de la zone de baignade. Quand nous l’avons sortie de l’eau, il y avait des indices qui nous laissent croire qu’elle avait consommé des boissons alcoolisées avant d'aller nager. Au Morne, quelques heures avant la noyade, des gardes-côtes présents avaient recommandé à la famille de la victime de l’empêcher d’entrer dans l’eau puisqu’elle semblait être en état d’ébriété.
Quand une personne est sous l’influence de l’alcool, elle ne montre pas les signes distincts d’une personne en détresse en mer. Difficile donc pour la foule qui l’entoure de savoir si elle est en danger. La noyade de Mont-Choisy serait liée à un problème médical. Dans les trois cas, ce qui s’est passé est triste et nous comprenons la douleur des familles.
Vous semblez dire que les cas de noyade sont souvent dus à une négligence…
Nous le disons sans cesse, il faut être accompagné quand on va nager à la mer. Ce conseil est valable pour les adultes également, surtout s’ils prennent de l’alcool. Une personne en état d’ébriété a tendance à aller au-delà de ses limites ou à exagérer. Il faut toujours avoir un œil sur son voisin.
Quand il y a foule dans l’eau, il est très difficile pour un sauveteur ou un garde-côte sur la plage de repérer une personne en danger. C’est connu que les Mauriciens vont à la mer en groupe. Il y en a souvent un qui voudra faire un peu plus que les autres en nageant plus loin. C’est dangereux. Il faut toujours nager parallèlement à la plage. Et même si vous savez nager, il vaut mieux porter un gilet.
Comment repère-t-on une personne en difficulté ?
Elle se débat beaucoup tout en faisant des gestes de la main. Il y aura également des cris. Cependant, chez une personne sous l’influence de l’alcool, on ne voit pas ces signes. En apercevant une personne en danger en mer, il faut la ramener vers la plage si c’est possible. Ensuite, il faut la mettre en «recovery position», soit ne jamais la mettre sur le dos car elle risque d’avaler le liquide qu’elle régurgitera. Il faut que ce soit une position avec le visage sur le côté.
«Trente centimètres d’eau peuvent constituer un piège mortel pour un enfant»
Que faut-il faire avant d’aller nager ?
Il faut identifier les zones de baignade et ne jamais nager là où c’est déconseillé. Il y a des panneaux qui indiquent ces lieux où les courants marins sont forts. Il ne faut pas non plus aller dans des lieux où circulent des bateaux. On ne nage surtout pas avec l’estomac rempli et, au risque de me répéter, il ne faut pas être sous l’influence de l’alcool.
Les parents doivent également surveiller de près leurs enfants, même s’ils utilisent une bouée. Souvent ces bouées sont des jouets, pas une life saving device. Les parents ne doivent pas s’asseoir sous les arbres regardant leurs enfants nager. Il faut être à leurs côtés. Trente centimètres d’eau peuvent constituer un piège mortel pour un enfant. Les personnes souffrantes doivent également éviter de prendre des risques. J’ajouterai que les policiers en patrouille sur nos plages donnent ces consignes aux pique-niqueurs.
Est-ce que ces consignes sont respectées ?
Malheureusement non! Prenez le cas du Morne. Les gardes-côtes avaient conseillé à la victime ne pas aller nager. C’est une période difficile.
La loi vous permet-elle de sanctionner ceux qui ne respectent pas les consignes ?
Il y a les droits constitutionnels de chaque individu. Nous ne pouvons pas empêcher une personne sous l’influence de l’alcool d’aller nager. Ce n’est pas comme un chauffeur au volant de sa voiture.
Quel est le temps d’intervention des gardes-côtes ?
Il y a différents postes de gardes-côtes sur les plages avec un personnel jusqu’à 21 heures. Auparavant, il était sur place jusqu’au coucher du soleil. Nous avons également des effectifs présents qui sont postés à différents endroits sur nos plages avec des véhicules et des bateaux prêts à intervenir. Il faut moins de 15 minutes pour agir.
Pourtant, à chaque noyade, la National Coast Guard (NCG) est montrée du doigt…
Je vous cite l’exemple de la jeune fille morte à Mont-Choisy. Les parents eux-mêmes disent que le courant était fort et que la victime ne savait pas nager. C’est trop facile de critiquer les gardes-côtes. On cherche souvent un bouc émissaire.
Est-ce que vous avez assez d’effectifs pour toutes les plages de Maurice ?
Le personnel administratif ainsi que ceux qui étaient au port et ailleurs sont sur nos plages. Des éléments de la Special Mobile Force (SMF) sont également sur place. De plus, aucun membre ne quitte son poste avant l’arrivée de la relève. Les membres de la SMF sont en jaune et les gardes-côtes portent des gilets fluorescents.
Sont-ils formés pour sauver des vies ?
Tous les membres de la NCG sont des life savers. Il y a parmi nous des medical assistants qui ont eu une formation en Inde. Ils sont sur nos plages en ce moment.
Cette période est également synonyme de sorties en mer. Que fait la NCG pour éviter un énième drame?
Nous avons nos bateaux qui patrouillent. Le public doit aussi prendre des mesures pour sa propre sécurité. Il faut porter un gilet et ne pas faire de mouvements brusques sur un bateau, comme danser… Il est très important d’obéir aux consignes du skipper. Il ne faut pas oublier que le non-port de gilet hors du lagon est un délit. Nous traquons aussi les skippers qui sont sous l’influence de l’alcool. Cet exercice se fait avec l’Emergency Response Service car nous n’avons pas les appareils adéquats.
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