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Le secteur privé énonce ses priorités pour 2017
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Le secteur privé énonce ses priorités pour 2017
L’année 2017 s’annonce pleine de défis pour la plupart des opérateurs du secteur privé. Outre un environnement international difficile, l’économie locale n’est pas non plus en reste. Certains n’hésitent pas à égratigner le gouvernement pour le «manque de résultat concret» et les nombreuses annonces faites lors des deux derniers Budgets qui n’ont jamais été réalisées. Alors que la grande rentrée pour bon nombre d’entreprises aura lieu cette semaine, l’express a parlé à quelques-unes d'entre elles pour connaître leurs priorités. Tour d’horizon.
Mauritius Export Association : la relance de l’exportation et le lancement de l’Export Credit Scheme
Pour la directrice de la Mauritius Export Association (MEXA), Lilowtee Rajmun, la relance du secteur de l’exportation se poursuivra en 2017. Elle fait ressortir que c'est un travail qui s’inscrit sur le long terme, d’autant plus que le secteur fait face à un marché international peuplé d’incertitudes, à commencer par le Brexit.
«Les exportations ont chuté de 10% l’année dernière, principalement en raison du Brexit. Tant que le gouvernement anglais n’invoquera pas l’article 50 pour enclencher les procédures afin que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, l’incertitude devrait perdurer», avance-t-elle. Et d’ajouter que la dépréciation de la livre sterling continue à avoir un impact négatif sur le secteur de l’exportation.
Autre priorité de la MEXA cette année : la formation, notamment le programme en alternance lancé par l’association depuis deux ans, qui rencontre un franc succès chez les étudiants et les entreprises participantes. La MEXA s’occupera également de la mise en place de l’Export Credit Scheme pour pallier le risque de non-paiement des clients.
Association of Mauritian Manufacturers : rendre le label «made in moris» plus inclusif
Au niveau de l’ Association of Mauritian Manufacturers (AMM) cette année, l’objectif est de devenir un «Act Tank, un partenaire stratégique et incontournable pour les industriels qui ont besoin d’être plus compétitifs et plus productifs», nous explique-t-on du côté de la direction de l’association. Cela se fera notamment dans le cadre de la Vision 2030 pour l’industrie (NdlR : dans son discours sur Vision 2030, le Premier ministre avait pour objectif d’augmenter la part du secteur manufacturier au PIB, passant de 18 % actuellement à 25 %).
Autre priorité : rendre le label Made in Moris encore plus inclusif en invitant de nouveaux artisans et producteurs agricoles. «En trois ans, la marque a obtenu une grande notoriété au point que nous espérons que les sucres vont se joindre à nous», souligne-t-on à l’AMM. Et c’est sans compter le Grand Jeu télévisé qui remporte un succès d’audience, selon la direction. De plus, l’association compte également se focaliser sur l’exportation. «Nous voulons créer un outil logistique et un marketing commun pour vendre les produits Made in Moris vers un ou deux pays africains», nous explique-t-on.
Toutefois, la direction de l’AMM ne mâche pas ses mots quand il s’agit de faire le bilan de 2016 pour le secteur et des perspectives pour 2017. «Il y a eu un travail de l’AMM pour la préparation du Budget, principalement pour étayer la réintroduction d’une Equity Duty sur une liste limitée de produits sensibles au titre du Level Playing Field. Notre déception a été grande par rapport à cela car c’est le concept de Duty Free Island qui l’emporte, alors que nous disons que les deux approches sont compatibles», avance-t-on. Et de souligner que les avancées obtenues après le Budget restent «minces». Du reste, l’AMM souhaite que cette année, le gouvernement aille plus loin avec le Buy Mauritian Act.
Mauritius Information and Technology Industry Association : un plan stratégique pour le secteur local en préparation
Pour la Mauritius Information and Technology Industry Association (MITIA), le cheval de bataille cette année sera la préparation d’un plan stratégique axé sur le développement du secteur des TIC mauricien. Ce sont une quarantaine d’opérateurs du secteur et membres de la MITIA qui participent à la rédaction du document qui devrait servir de feuille de route dans ce milieu. «Notre objectif, c’est que le plan soit fin prêt avant le prochain Budget», explique Dev Sunnasy, président de la MITIA.
Parlant de ce plan stratégique intitulé «Vision 2020», le président avance que le gouvernement est également invité à y contribuer, s’il le souhaite. Quant au contenu de ce document, Dev Sunnasy explique qu’il sera axé sur des actions concrètes pour faire décoller ce secteur qui ne se développe pas de manière soutenue, malgré son potentiel avéré pour l’économie locale. Parmi les actions préconisées par la MITIA : la conquête du marché africain en cluster, une manière plus efficace et plus sûre pour les opérateurs mauriciens de capitaliser sur les opportunités du continent, dont les marchés sont divers et complexes.
«Nous avons également demandé à l’État de nous soutenir pour promouvoir le secteur en Afrique, d’autant plus qu’il contribue à hauteur de Rs 1 milliard pour la promotion de différents secteurs à l’étranger chaque année à travers des organismes tels la MTPA, FSPA, etc.», explique le président de la MITIA.
Par ailleurs, il ajoute que selon leurs analyses et estimations, le secteur des TIC pourrait rapporter Rs 15 milliards à l’économie locale en allant sur le marché africain. Il est grand temps que l’État mette en place une agence de promotion pour le secteur du numérique, nous dit Dev Sunnasy. Pour ce faire, la MITIA a demandé au gouvernement un prêt de 2 millions de dollars par an pendant trois ans. Autre projet à l’agenda : la création d’un incubateur d’entreprises.
Passant en revue l’année 2016, Dev Sunnasy dit avoir constaté une baisse dans l’export des TIC. Quid de 2017 ? Statistics Mauritius prévoit une croissance de 6,7 % cette année, un taux légèrement plus élevé que l’année dernière. «Il faut savoir que le secteur TIC comprend également des compagnies BPO, qui sont pour la plupart des filiales de multinationales basées à Maurice. Elles sont en croissance certes mais ne sont pas représentatives du secteur des TIC mauricien dans son ensemble», précise Dev Sunnasy.
Ainsi, pour les entreprises locales, notre interlocuteur prévoit une légère hausse des métiers TIC cette année, mais pas de croissance dans l’export des services. «L’État doit réfléchir à une manière d’aider les opérateurs mauriciens», dit-il. D’ailleurs, le gouvernement travaille également sur un plan stratégique pour le secteur, fait-il ressortir.
Mais ce qui inquiète notre interlocuteur, c’est que les opérateurs n’aient pas été sollicités pour la préparation de ce plan. «Sachant que le dernier ICT Strategic Plan présenté par le gouvernement a été un échec, l’on se demande ce que celui-là donnera», s’interroge-t-il.
Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice : travailler avec la nouvelle administration du ministère du Tourisme
Parmi les priorités de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) cette année : continuer à travailler de concert avec la nouvelle administration du ministère du Tourisme après le départ de Xavier-Luc Duval, affirme le président de l’AHRIM, Jean Louis Pismont. Il s’agira aussi de travailler sur des dossiers qui ont un impact négatif sur la destination Maurice, comme le problème des chiens errants ou encore d’insalubrité. Le maintien de la politique d’ouverture de l’accès aérien sera aussi une des priorités de l’AHRIM pour cette année.
Concernant la performance du secteur et des projections de Statistics Mauritius qui prévoit une croissance de 3,2 % du segment Accommodation and food services activities pour 2017, contre 8,4 % l’année dernière, le CEO de l’AHRIM, Jocelyn Kwok, fait ressortir que ce taux de croissance prévisionnel est tout à fait «acceptable et compréhensible» en expliquant qu’en 2015 et 2016, le secteur a connu «des taux de croissance d’au moins deux fois plus que la moyenne nationale. Il est donc tout à fait normal que le taux prévisionnel pour 2017 soit plus faible car il part d’une base relativement plus élevée». Et de souligner que l’AHRIM prévoit une consolidation du secteur en 2017.
Fédération des petites et moyennes entreprises : faire avancer les dossiers en suspens et les mesures budgétaires
La Fédération des petites et moyennes entreprises (PME) a un agenda pour le moins chargé cette année, d’autant plus que 2016 a été une année plutôt mitigée, selon le président, Amar Deerpalsing. «Cela a été une année d’attente ponctuée de bouleversements politiques. Ce qui a créé des incertitudes qui ont eu un impact négatif sur la confiance des entrepreneurs. Il y a également des mesures budgétaires qui ont été annoncées et qui n’ont toujours pas été réalisées», observe-t-il.
Ainsi, pour 2017, la fédération des PME entend continuer à suivre les dossiers qui sont restés en suspens depuis l’année dernière, à l’instar du SME 10-Year Masterplan et la fusion des entités SMEDA-Enterprise Mauritius et National Women Entrepreneur Council. «Nous travaillerons également sur la formation, d’autant plus que bon nombre de PME peinent à trouver une main-d’œuvre qualifiée dans certaines industries», avance le président.
Par ailleurs, le président dit s’attendre que le gouvernement concrétise toutes les mesures annoncées une fois pour toutes avec une politique claire pour les PME.
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