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Daniel Ng Cheong Hin: «Nous voulons démontrer que Maurice veut faciliter la conduite des affaires»
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Daniel Ng Cheong Hin: «Nous voulons démontrer que Maurice veut faciliter la conduite des affaires»
Depuis le 1er décembre 2016, c’est la grogne au niveau des transitaires. Les douanes mauriciennes n’accordent aux transitaires que trois heures pour soumettre leur «manifeste de produits importés». Explications de Daniel Ng Cheong Hin.
Pourquoi ce remous dans le milieu des transitaires ?
Ils protestent contre le fait qu’à compter du 1er décembre de l’année dernière, ils sont tenus de soumettre aux autorités douanières le manifeste des produits importés trois heures après que la ligne maritime d’un bateau à destination de Maurice a elle-même soumis sa propre déclaration aux services portuaires mauriciens.
Il se pourrait qu’il y ait eu une mauvaise communication. Les transitaires devraient, malgré tout, trouver un modus operandi un peu plus flexible avec les autorités douanières pour se conformer aux nouvelles dispositions. Elles vont dans l’intérêt du destinataire final des marchandises, à savoir l’importateur et de l’intermédiaire qu’est le transitaire.
Vous parlez du gain de temps. Comment la déclaration préalable du manifeste de chargement des navires parviendra-t-elle à faire gagner du temps ?
Les services des douanes n’attendront pas l’accostage d’un navire pour démarrer la procédure en vue de faciliter le dédouanement du chargement du navire et la livraison des conteneurs.
Comment ces opérations à distance peuvent-elles être effectuées ?
Par l’informatique. Les technologies de l’information et de la communication raccourcissent les distances géographiques. Et c’est pour cette raison qu’en 2008, est créée la Mauritius Cargo Community Services Ltd (MACCS). La création de cette société se situe dans la droite ligne de la tendance des ports du monde entier à se doter d’un système informatique pour relier entre eux tous les acteurs de la communauté, tant dans l’aérien que le maritime. Un système informatique communautaire est indispensable pour faciliter la conduite des affaires transfrontalières.
À quoi est dû un tel changement ?
Il résulte des décisions prises dans le cadre du dernier Budget de l’État pour l’exercice financier 2016/2017. Ces décisions ont été inscrites par voie d’amendement au Customs Act de 1988 avec la rentrée en vigueur en décembre du Finance Act qui marque la mise à exécution définitive des mesures préconisées dans le Budget.
«Maurice se devait de secouer les opérateurs du secteur du transport maritime.»
Quelle est la principale motivation des autorités à embarquer un secteur aussi stratégique qu’est celui du transport maritime dans cette réforme ?
L’idée est de démontrer au monde que Maurice a pris des dispositions précises pour faciliter la conduite des affaires sur son territoire. Dans ce cas précis, il s’agit de ramener au minimum le délai de livraison des marchandises à leurs destinataires que sont les importateurs. C’est un signal fort lancé au monde entier que Maurice est un des pays de la région où la facilité à y faire des affaires est une réalité. Maurice se devait de secouer les opérateurs du secteur du transport maritime. Ce secteur n’est pas tout à fait étranger à la piètre 49e place occupée par Maurice au dernier classement établi par la Banque Mondiale dans le cadre de l’exercice du Ease of Doing Business.
La mise sur pied de la Mauritius Cargo Community Services Ltd a donc occasionné l’informatisation de nombres d’opérations jusqu’ici exécutées manuellement…
Cette transformation a été engagée dès 2009. Elle a fait disparaître de nombreuses tâches qui se faisaient manuellement ou qui impliquaient des déplacements. Elle a aussi éliminé le papier entre les différents acteurs de la chaîne de la logistique : douaniers, exportateurs, importateurs et transitaires. Plus besoin de faire la queue devant les bureaux de la douane ou de se déplacer rien que pour réclamer un amendement aux documents soumis préalablement à la douane.
Aujourd’hui, la déclaration de manifeste du chargement d’un avion peut se faire 4 heures avant l’atterrissage. Ce qui permet de gagner pas moins d’une journée. Jusqu’ici, il fallait attendre l’atterrissage de l’appareil pour effectuer un examen physique du contenu de sa soute de marchandises. Nous venons d’équiper notre plateforme existante d’un dispositif qui nous permettra de faire un compte rendu par message électronique à tout importateur de l’ensemble d’une opération étape par étape. Un debriefing de l’exercice devrait permettre à l’importateur de détecter les failles du système, qu’elles aient pour origine l’erreur ou la négligence humaine ou encore une faille du système mis en place. Il pourra alors prendre les décisions qui s’imposent.
Le module concernant l’export aérien sera déployé incessamment. Ce qui devrait permettre aux douanes de mieux contrôler les exportations par voie aérienne. Le module relatif au transbordement maritime initié le 1er juillet 2010 permet de traiter plus de 90 % des déclarations en moins de trois heures. Quant au transbordement aérien, il a été concrétisé cette année. Plus besoin de faire deux déclarations douanières pour réaliser une opération. Une seule suffit. Cette initiative a été accélérée pour faciliter les opérations dans le cadre du projet air corridor entre Maurice et le continent asiatique.
«Nous nous déplaçons désormais à la demande des importateurs…»
Qu’est-ce qui a été fait pour renforcer la compréhension du fonctionnement de ce service informatique au niveau des importateurs eux-mêmes ?
Nous avons pris conscience des limites de notre approche. Nous n’avons pas toujours été incités à aller vers les utilisateurs de nos services. C’est une lacune à laquelle nous nous sommes attaqués dès cette année. Le premier exercice a donné des résultats satisfaisant. Les membres de notre personnel se sont rendus sur place pour un échange à la suite d’une présentation du potentiel de notre service. Le mode de fonctionnement de la chaîne de la logistique de cet importateur a été examiné étape par étape. En éliminant les failles repérées, il a économisé entre Rs 2 millions et Rs 3 millions sur ses coûts d’opération. Nous nous déplaçons désormais à la demande des importateurs qui souhaitent tirer le maximum de profit de notre système informatique communautaire.
Dans quelle mesure, l’informatique est-elle parvenue à contrer la perception de corruption dont le secteur douanier a été l’objet ?
Il n’est interdit de penser qu’avec le temps, la MACCS campe le rôle de juge de paix. Elle présente des faits recueillis électroniquement et qui ne peuvent pas être contestés. Avec la MACCS, le Bon Dieu a moins de travail car on ne peut plus mentir au niveau de tous les acteurs de la chaîne de la logistique. Car tous les apports, les manquements, les tergiversations, les tentatives de manipulation des faits en vue de dissimuler les passe-droits, combines, abus de confiance, réticences à prendre les mesures correctives qui s’imposent peuvent être désormais repérés. Si les hommes utilisent judicieusement l’instrument qu’est le système informatique communautaire en place, non seulement le pays améliorera son niveau dans l’échelle de classement du Ease of Doing Business mais le consommateur auquel les marchandises importées sont destinées sortira gagnant.
Contexte
Un partenariat public-privé pour l’efficience des services portuaires
<p>La Mauritius Cargo Community Services Ltd (MACCS) est issue d’un partenariat secteur privé/secteur public pour la gestion d’une plateforme informatique communautaire qui relie tous les acteurs de la logistique : importateurs, transitaires, transporteurs maritimes et aériens. La plateforme informatique dont dispose la MACCS s’est améliorée et abrite d’autres services tels que l’expédition de messages électroniques permettant aux investisseurs d’effectuer une vérification du fonctionnement de la chaîne de la logistique d’une commande depuis son arrivée à Port-Louis ou à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam jusqu’au dépôt d’un importateur. Le service de l’importation postale sera greffé sur la plateforme de la MACCS afin de permettre à la douane de disposer des données sur les importations réalisées par voie postale. Le modèle du système informatique communautaire mauricien est inspiré de celui mis en place au Havre, en France par la Société d’Informatique Portuaire qui a fusionné avec Protis, le système informatique communautaire de Marseille pour former AP+.</p>
Gérer la relation client, le rôle d’Evin Sangeeleemootoo
<p>Evin Sangeeleemootoo assume la fonction de <em>Customer Care Administration Operations </em>de la MACCS. Il se dit fier d’avoir participé à l’entrée de Maurice dans la liste des pays qui disposent d’un système informatique communautaire en bonne et due forme. « T<em>out n’est pas parfait. Puisque c’est un système</em> <em>communautaire, nous devons cheminer avec les autres participants à ce projet.</em>»</p>
<p>Si au niveau des infrastructures informatiques, Evin Sangeeleemootoo se dit satisfait de ce qui a été fait jusqu’ici pour relier les différents opérateurs de la chaîne de la logistique entre eux, il indique que bon nombre d’importateurs ignorent tous les bénéfices que le système informatique communautaire du MACCS peut leur offrir.</p>
<p>C’est ce à quoi le MACCS va s’atteler cette année. Il s’agit de la mise en place d’un vaste programme de vulgarisation des bénéfices du système proposé par le MACCS.</p>
<p>Recruté à la création du MACCS en 2008, Evin Sangeeleemootoo vient du secteur des lignes maritimes, ce qui lui a donné une connaissance de la réalité de ces opérations. Au départ, il ne se sentait pas très à l’aise avec certaines fonctionnalités du système fourni par SOCET, initiateur du système informatique communautaire au Havre et à Marseille, en France. «<em>Je me suis rendu compte que certaines fonctionnalités ne</em> <em>s’adaptaient pas au contexte mauricien.» </em>Il cite par exemple la proposition du fournisseur de soumettre aux services des douanes, un manifeste temporaire via le nouveau système informatique. Une réticence qui l’a poussé à trouver les fonctionnalités qui correspondent au contexte mauricien.</p>
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