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Lakshmi Gunessee: celle qui répand la lumière
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Lakshmi Gunessee: celle qui répand la lumière
Lakshmi Gunessee n’a eu de cesse d’oeuvrer pour que les femmes du Sud puissent mener une activité génératrice de revenus, contribuer à leur ménage et se sentir valorisées.
Sous un physique de petite femme frêle et timide, la sexagénaire Lakshmi Gunessee cache une foi inébranlable dans le potentiel féminin et une détermination sans faille à le faire se réaliser. Cette sexagénaire, qui a passé son enfance et son adolescence à Curepipe jusqu’à son mariage avec un habitant d’Union Park, aurait très bien pu s’occuper de ses oignons. Et continuer à mener une vie confortable entre son emploi au sein de l’administration de l’université de Maurice et son mari et leurs trois enfants.
Mais en s’installant à Union Park, au fil de ses rencontres, elle est effarée par le nombre de femmes analphabètes qu’elle croise dans le Sud. On est à la fin des années 60, début 70. Comme il n’y a, à l’époque, aucune association féminine dans la région, elle en crée une officieusement, qu’elle nomme Union Park Women Association et fait patiemment des démarches pour que cette association puisse obtenir de l’aide des autorités sous forme de cours de formation en couture, broderie et cuisine. Cours dispensés dans le Village Hall. C’est dans les années 80 qu’elle enregistre officiellement l’association.
Pour pouvoir former les femmes, elle suit des cours de sténographie et de dactylographie et intègre la Women Association du Grand Port Savane Regional Committee. Par ce truchement, elle représente sa région au sein du National Women Council. Elle suit tous les cours possibles et elle transmet les connaissances acquises aux femmes de l’association, dénombrées à 65 membres. «Avec le temps, certaines ont rejoint des associations de troisième âge. Valeur du jour, l’association compte 44 femmes.»
En 1989, toujours dans le désir de se parfaire pour transmettre, elle suit un cours en Women Studies auprès de l’UOM. Sa recherche pour sa dissertation porte sur les femmes employées aux champs sur la sucrerie de Rose-Belle. Elle réalise à quel point ces femmes, analphabètes pour la plupart, mènent une vie difficile et sont renfermées sur elles. C’est ce qu’elle fait ressortir dans sa dissertation. Lakshmi Gunessee obtient son certificat.
En 2001, lorsque la sucrerie de Rose-Belle ferme ses portes, car elle voit défiler avec peine de nombreuses femmes devant sa porte. Celles-ci, des ex-laboureurs de la sucrerie, cherchent des emplois à la journée. Elle peut presque toucher leur désespoir du doigt.
En 2009, elle écrit un projet sur la biodiversité pour les femmes sans emploi et réussit à louer, grâce au soutien du Programme des Nations unies pour le développement, trois arpents de terre à Banane. Elle encourage cinq femmes à faire de la culture bio. En parallèle, elle apprend à faire du compost auprès du professeur Romeela Mohee à l’UOM et l’initie celles-ci à cette forme d’amendement naturel des terres. Les cultivatrices ont une belle récolte de légumes bio qu’elles arrivent à écouler. Cela leur permet de générer des revenus.
À l’écoute de tout ce qui se fait en termes de cultures, Lakshmi Gunessee réalise que le Food and Agricultural Research Extension Institute donne des cours en culture de champignons pleurotes sur du compostage. Pour qu’un plus grand nombre de femmes en bénéficient, elle monte alors une société coopérative, la Fairy Women Entrepreneur Cooperative Society et incite 90 femmes à la rejoindre. En 2011, l’Union européenne accepte de financer l’association.
Lakshmi Gunessee loue alors un bâtiment à bail et y emménage des étagères et tous ses équipements pour fabriquer le compost et pasteuriser les sacs à semences de pleurotes, de même que pour la déshydratation des champignons en cas de demande. Elle démarre ses activités en 2013. Trente femmes sont formées en emballage, 30 autres à la culture de pleurotes et les 30 dernières en transformation alimentaire. En sus des pleurotes frais ou déshydratées, les spécialités de la coopérative sont lamayonnaise, le mazavarou et le ketchup de pleurotes.
Aujourd’hui, une dizaine de femmes continuent à faire tourner la coopérative alors que les autres lui achètent des sacs avec les semences pasteurisées et les cultivent à domicile à des fins de vente. Ce qui leur permet de se faire des sous.
Comme la pasteurisation absorbe beaucoup d’électricité, Lakshmi Gunessee veut désormais passer au photovoltaïque pour réduire sa facture électrique. Mais le capital fait défaut. «Nous attendons le feu vert du Central Electricity Board et après, nous serons obligées de contracter un emprunt d’environ Rs 300 000 de la banque.»
Lakshmi Gunessee a reçu une ou deux demandes pour exporter les produits vers La Réunion et l’Italie. Elle fera confirmer par la Government Analyst Division que son produit soit aux normes. Elle attend aussi le code-bar de la Small and Medium Entreprises Development Authority. «Sans ce code-bar, nous ne pouvons placer nos produits en supermarché, ni les exporter», explique-t-elle.
Autant il est clair que les femmes qui passent par la coopérative arrivent à contribuer aux revenus du ménage et à se sentir utiles – c’est le cas de Nisha, 28 ans, qui avec ce qu’elle perçoit, «cooper ar mo mari pou la kwizinn» ou encore de Shoba, 50 ans, qui «kapav pey kour l’Alliance française pou mo garson ar sa kas-là», que gagne Lakshmi Gunessee de cet encadrement sans relâche ? «La satisfaction d’avoir créé de l’emploi pour des femmes dans la misère. Et puis, c’est une belle façon de meubler sa retraite, ne trouvez-vous pas ?»
Quatre récompensées au Sommet de Gender Links
<p>Le <em>Sommet de Gender Links</em> (GL) a eu lieu samedi dernier, soit plus tôt que d’habitude. Ceci en raison du fait que les fonds alloués par le Canadian Fund se terminent à la fin février et qu’Anushka Virahsawmy, la directrice du pays, se devait de tout boucler avant. Le concours débouchant sur le Sommet a, cette année, vu la participation de 12 femmes, dont des survivantes de violence, émanant de six régions de l’île et qui ont suivi une formation préalable en entreprenariat auprès de GL et qui ont réussi, dans 75 % des cas, à se mettre à leur compte et à gagner leur vie ou contribuer aux revenus du ménage. Les autres concernés étaient des entrepreneures confirmées et les conseils de district et de village qui ont suivi une formation en égalité du genre. En sus de Lakshmi Gunessee, qui a remporté le prix de Best Practice, Firdauss Abdoullah, qui fait du prêt-à-porter, a gagné celui de la meilleure entrepreneure, alors que la fleuriste et décoratrice Marjorie Dardenne a pris la deuxième place avec mention du jury. C’est le conseil de district de Savanne qui a eu le prix de <em>Best Council</em>. Anushka Virahsawmy déclare vouloir travailler davantage avec la communauté. Pour information, le bureau de GL n’est plus à Beau-Bassin mais à la rue Coopérative, Melrose, Moka.</p>
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