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[Vidéo] Cancer: maux d’enfants mots de parents

19 février 2017, 22:00

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[Vidéo] Cancer: maux d’enfants mots de parents

Krish* est gâté. Il est entouré de neuf femmes. Huit mères et une grand-mère. Du moins, c’est ainsi que se décrit le personnel soignant du centre spécialisé pour le traitement des enfants souffrant du cancer. «Sa maman est souffrante. Elle ne peut se déplacer. Ainsi, chaque jour, à des heures irrégulières, c’est le papa de Krish qui lui rend visite», nous confie Veena Nathoo, l’une de celles qui veillent sur l’enfant, le seul à être admis à la Specialised Care Children Unit. «On veille à ce que sa mère ne lui manque pas trop», dit cette infirmière. «Nou réprimann li kan li fer dézord. Mais il nous écoute. Il connaît même les noms des médicaments.»

D’autres enfants suivent leurs traitements au centre : leurs parents respectifs ont aussi une petite attention pour Krish. Nous sommes dans un lieu où la solidarité n’est pas un vain mot. Il y a par exemple, la maman de Clarissia, 2 ans, une habituée des lieux. Desirela Macaque, mère de 23 ans, a elle-même connu des moments douloureux lorsqu’elle a appris que son enfant souffrait de leucémie. «Cette maladie a détruit son enfance. Elle est devenue agressive. Moralement, c’est une dure épreuve pour moi», confie-t-elle.

L’esprit de solidarité, elle connaît – elle compte elle-même sur des associations pour l’aider à réunir la somme qui lui permettra d’emmener sa fille en Inde pour des soins dans quelques mois.

 

«En moyenne, je vais avoir besoin de Rs 200 000 à Rs 300 000», dit-elle. Mais le compte de Desirela Macaque est à sec. La jeune femme, en effet, a dû renoncer à son travail pour prendre soin de sa fille. La grand-mère de l’enfant, qui est à la retraite, «a fait beaucoup de sacrifices pour pouvoir réunir l’argent» nécessaire à un premier traitement dans la Grande péninsule. C’était en 2016. «C’est difficile d’avoir un emprunt pour financer l’autre volet du traitement de ma fille.»

Audrey Annoua, 38 ans, connaît aussi des difficultés financières, après avoir abandonné son travail pour s’occuper de son enfant malade. «Ce n’est pas évident, mais on s’en sort. On fait beaucoup de compromis. On se serre la ceinture.» Sa vie a basculé lorsqu’elle a appris, en juin dernier, que son benjamin Matthias, était atteint de neuroblastome, un cancer lié au système nerveux. «C’est un enfant très fort pour son âge», confie-telle, les larmes aux yeux.

Du courage, il lui en faut. De la foi aussi. Elle dit attendre un miracle même si, concède-t-elle, «parfwa mo péna boukou la fwa». Malgré tout, il faut rester fort. Pour son mari et ses deux autres fils. «Je fais le va-et-vient entre la maison et l’hôpital. L’aîné, âgé de 15 ans, comprend la situation alors que le cadet, 10 ans, ne cesse de me demander si Matthias va guérir. Une question à laquelle je n’ai pas de réponse…» Une phrase qui résonne comme un écho aux prières de Desirela Macaque : «Je ne fais qu’espérer que les médecins auront une bonne nouvelle pour Clarissia et moi.»

Autre famille, combat identique. Chez Cindia Lanfray, 35 ans, toute l’attention est braquée sur le petit Léo, âgé de six mois et souffrant d’hépatoblastome, le cancer du foie. Le temps s’est arrêté. «J’ai fermé le salon où j’exerçais mon métier de coiffeuse pour être au chevet de mon fils. On allait entamer des travaux de rénovation à la maison, mais on a tout laissé en suspens.»

Sa fille aînée, âgée de 10 ans, comprend que la priorité va au bébé. «Elle a longtemps attendu la venue de son petit frère. Mais elle était loin de se douter de ce qui nous attendait. J’ai passé Noël et le Nouvel an à l’hôpital, aux côtés de Léo.» La jeune mère garde le sourire : «Il y a toujours de la lumière au bout du tunnel…» 

* Prénom modifié

 

«Ward 14» : une unité pas comme les autres

<p>C&rsquo;est en 2009 que le Centre spécialisé pour le traitement d&rsquo;enfants atteints du cancer, plus connu comme la&nbsp;<em>&laquo;Ward 14&raquo;</em>&nbsp; a ouvert ses portes à l&rsquo;hôpital Victoria. Auparavant, les enfants suivaient leurs traitements aux côtés des adultes. Le personnel est constitué de huit infirmières, trois domestiques et un ward manager. Guidés par la consultante en oncologie, le Dr Devi Tanooja Hemoo, nous découvrons 12 salles, chacune portant le nom d&rsquo;un oiseau et arborant une photo du volatile en question. Sur les cloisons en alu qui séparent ces salles, des gravures de dodos, des étoiles de mer, des poissons, des oiseaux, des crabes&hellip; L&rsquo;unité est aussi dotée d&rsquo;une salle de recréation. Un écran télé, un sofa bed, un puzzle géant, des tabourets, une table et un meuble-bibliothèque. <em>&laquo;Peter Pan&raquo;, &laquo;Alice aux pays des merveilles&raquo;, &laquo;Lucky Luke&raquo; </em>y figurent en bonne place. De quoi égayer le quotidien des petits.</p>