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Revendications: changer la face du ministère des Arts et de la culture

20 février 2017, 20:15

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Revendications: changer la face du ministère des Arts et de la culture

Au-delà de l’appel au boycott des célébrations du 12 mars, le front commun des artistes réclame la refonte du ministère des Arts et de la culture. De même qu’un engagement ferme du gouvernement pour une politique culturelle cohérente.

Boycotter le 12 mars

Antipatriotiques ? Un groupe d’artistes constitué en front commun appelle au boycott des célébrations du 12 mars, date anniversaire des 25 ans de la République. Le symbole se veut fort. «Les artistes ne sont pas antipatriotiques parce que pour un jour, ils refusent de participer à un tamtam», affirme Nirveda Alleck, membre du front commun. «Ce n’est pas comme le ministère des Arts et de la culture qui fait une activité d’un jour. Nous, c’est tous les jours que nous sommes au service de la culture. C’est tous les jours que nous représentons Maurice avec ou sans l’aide de l’État.»

La plasticienne va plus loin. Elle déclare que «célébrer l’Indépendance, ce n’est pas faire un tam-tam, c’est comprendre ce que c’est qu’être indépendant. Pour les artistes, c’est ne pas être dépendant du ministère.»

Percy Yip Tong, également membre du front commun, martèle: «Si on est patriotique, pour le 12 mars, on fait un spectacle de niveau international. Nous sommes à trois semaines du 12 mars, les appels d’offres pour le spectacle n’ont pas encore été lancés. Avant de cracher sur les artistes, c’est au ministère d’être professionnel.» Avant de préciser: «Nous ne pointerons pas du doigt ceux qui participeront aux célébrations officielles du 12 mars.»

Artiste professionnel : un statut complexe

Au-delà de l’appel au boycott des célébrations du 12 mars, les artistes attendent le Status of Artist Bill, projet de loi qui reconnaît le statut d’artiste professionnel. Le ministère a réuni des artistes de diverses filières autour d’une experte de l’Unesco, Vesna Copic, qui était chez nous du 31 janvier au 16 février pour des consultations portant sur le projet de loi.

Nirveda Alleck (à g.) et Percy Yip Tong sont d’avis que l’État ne s’engage pas assez pour apporter son soutien aux artistes mauriciens.

 

Nirveda Alleck figure parmi les artistes sollicités par le ministère. Comment définir l’artiste professionnel? La plasticienne indique que les propositions évoquées portent sur quatre catégories. «Cela concerne celui dont le travail – qu’il a l’intention de commercialiser – est protégé par la Copyright Act Cela concerne aussi les métiers liés à l’art, par exemple, galeriste, critique d’art, etc. De même que les techniciens son et lumière. Ainsi que la catégorie des artisans et ceux qui se produisent dans les hôtels. «Certains artistes sont dans plusieurs catégories à la fois.»

Être professionnel, c’est aussi bénéficier du soutien de l’État, quand l’artiste ne travaille pas. «Une formule d’aide aux artistes sur dix ans a été proposée, pour qu’ils puissent devenir des professionnels.» Ainsi qu’une abolition des taxes pendant dix ans, là encore pour aider à la professionnalisation.

Qu’en est-il des financements ? Nirveda Alleck explique que les artistes sont catégoriques: «Il ne faut pas que ce soit géré par le ministère mais par une institution indépendante où siègent des artistes de chaque filière et des représentants des ministères de la Sécurité sociale, du Tourisme, du Travail, des Arts et de la culture.» Un National Body for the Arts a  été proposé. «Il pourrait fonctionner en même temps qu’un National Arts Council qui s’occuperait de la politique culturelle, c’est-à-dire de l’ensemble des décisions à prendre dans l’intérêt des artistes», explique Nirveda Alleck.

L’experte de l’Unesco devrait être de retour à Maurice en avril avec une proposition ferme. «Tout dépendra de la réponse du gouvernement aux propositions de l’Unesco.» Et du calendrier décidé pour que le projet de loi soit voté.

White Paper on Creative Industries : un travail inachevé

Document de référence, le White Paper Creative MauritiusVision 2025, c’est l’ensemble des mesures à mettre en place pour une vision progressive de l’art. En 2013, deux autres experts de l’Unesco, spécialisés en cultural and creative industries, Justin O’Connor et Avril Joffe, étaient chez nous pour élaborer le White Paper. Le document a été rendu public en 2014. «Tant qu’il n’y a pas d’autres consultations sur ce document, c’est juste du papier», précise Nirveda Alleck. «Il n’y a pas d’engagement du gouvernement pour changer les choses. Les propositions sont dans un tiroir.»

D’où la demande du front commun des artistes pour réactualiser le White Paper.

Parmi ses propositions :

  •  Séparer le culte du culturel. «Pourquoi ne pas créer un département de religious affairs, par exemple au bureau du ministre mentor?» dit Percy Yip Tong. Séparation aussi du budget accordé à la culture et aux socioculturels.
     
  • Une parité entre sports et culture. «Les sportifs ont un terrain, les artistes manquent de ‘baz’ où répéter et se produire.» Nouvelle demande pour un stade musical. Création de bourses artistiques sur le modèle du sport-études. Mise en place d’un National Arts Council, équivalent du Mauritius Sports Council.
     
  • Au moins 1% de la Corporate Social Responsibility des entreprises et du Loto Fund alloué aux arts et à la culture.
     
  • Restructuration de la Rights Management Society (ex-Mauritius Society of Authors). Que les nouveaux tarifs pour l’utilisation de la musique soient appliqués.
     
  • Considérer les artistes comme le patrimoine vivant de Maurice et à ce titre, sauvegarder leur contribution.

 

Ras Natty Baby s’est exprimé lors de la réunion du front commun des artistes, la semaine dernière.