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Croissance: la construction tiendra-t-elle ses promesses?

22 février 2017, 19:00

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Croissance: la construction tiendra-t-elle ses promesses?

Les contracteurs tirent la sonnette d’alarme. Ils ne savent pas à quel saint se vouer pour trouver de la main-d’œuvre locale. Celle-ci boude les chantiers. Conséquence: la croissance anticipée pour ce secteur à moyen terme, et qui devrait tirer vers le haut la croissance nationale, pourrait être compromise.

«Malgré les efforts des opérateurs, nous n’arrivons toujours pas à trouver localement des ouvriers qualifiés comme des maçons, des crépisseurs, des charpentiers, des carreleurs ou encore des électriciens», explique Didier Adam, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA) et Chief Executive de General Construction Co. Ltd, une des plus grosses compagnies de construction du pays.

Qu’est ce qui cause ce manque de main-d’œuvre ? Ce ne serait pas tant le manque de candidats que les «mauvaises habitudes» des travailleurs mauriciens. «Nous avons une main-d’œuvre locale peu performante, pas suffisamment formée. D’autres mauvaises habitudes gangrènent ce secteur, à savoir les absences répétées des employés les lundis et le refus de travailler les samedis», confiait récemment Bhooshan Ramloll, membre de BACECA, dans une interview à l’express.

Trop de chantiers ?

Cette situation inquiète Didier Adam, qui se demande si «les opérateurs pourront répondre à l’appel des promoteurs» ? Cette question a été évoquée lors d’une réunion entre les autorités gouvernementales et les membres de la BACECA au Construction Industry Development Board (CIOB) en décembre dernier. Les constructeurs et le gouvernement se sont alors accordés pour dire que seul le recrutement d’étrangers permettra de contourner cet obstacle.

Or, ce recrutement de travailleurs étrangers, que les opérateurs estiment essentiel à leur performance, n’est pas toujours acquis. Il se fait au cas par cas, au moyen d’une procédure très spécifique.

«Si un contracteur est impliqué dans un gros chantier qu’il doit achever dans un délai prescrit et s’il a besoin urgemment de recruter de la main-d’œuvre étrangère pour pouvoir respecter le délai de livraison, les autorités vont analyser sa demande et agir positivement, à condition toutefois qu’il n’ait pas trouvé des travailleurs localement», explique Sudesh Lallchand, conseiller au ministère des Infrastructures publiques, dont dépend le CIOB, organisme chargé de réglementer le secteur de la construction. Il insiste pour dire que ce n’est pas le gouvernement qui fait obstacle au recrutement de travail leurs étrangers.

Recrutements en urgence

Les constructeurs, pour leur part, estiment que la procédure n’est pas si simple. Encore faut-il établir le besoin de recruter des étrangers, et le contexte d’urgence à respecter les délais de livraison. Autre contrainte : le respect de quotas qui définissent l’équilibre entre le nombre de travailleurs étrangers et de Mauriciens, tels que le gère le CIOB.

À défaut de trouver, en premier lieu des travailleurs mauriciens, celui des étrangers serait donc compromis ? Ce qui, indirectement, en viendrait à freiner le secteur dans son ensemble. Pour l’heure les constructeurs qui peinent à terminer les chantiers en cours disent trouver auprès des autorités une «oreille attentive» et un soutien au recrutement d’étrangers.

Les petits constructeurs disent, pour leur part, ne pas avoir de problèmes à recru ter. Ils attirent les travailleurs mauriciens par des salaires plus attrayants, «jusqu’à Rs 1000 par jour, même si l’emploi est précaire, sur les petits chantiers contre seulement Rs 400 sur les grands chantiers», comme en témoigne Gérard Uckoor, petit contracteur dont la société porte son nom. Il semblerait donc que le secteur de la construction avance à deux vitesses: les grands chantiers portés par des étrangers et les plus petits par les Mauriciens.

Or, c’est de la réalisation des grands chantiers, tels que l’aménagement de la place Decaen à Port-Louis, le nouveau rond-point de Phoenix, le lancement de Metro Express ou encore le développement du projet phare de Riche Terre Business & Industrial Park que dépend, en majeure partie, la croissance.

Aujourd’hui, ils sont près de 46 000 travailleurs à être embauchés dans ce secteur mais il en faudrait deux fois plus pour assurer les chantiers à venir, estiment les opérateurs. Il y aurait alors non seulement une pénurie de travailleurs mais aussi un besoin de cadres, d’ingénieurs, de spécialistes.

Dans ce contexte, le recrutement des travailleurs étrangers sera essentiel. Et la révision des quotas étrangers/Mauriciens pour- rait s’avérer un «chantier» à part entière.

Quelles sont les solutions à long terme ?

Le président de BACECA, Didier Adam, propose des discussions au niveau national avec tous les stakeholders pour se pencher sur les moyens à mettre en place pour valoriser le métier de la construction. Il propose de pri- vilégier la formation technique des jeunes et des travailleurs de ce secteur.

Le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) y travaille déjà et lancera prochainement des cours ciblés à toutes les catégories d’employés de la construction. D’autres opérateurs ont leur propre centre de formation, dont General Construction.