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Gestion de patrimoine: Maurice s’intéresse aux Africains fortunés

15 mars 2017, 13:58

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Gestion de patrimoine: Maurice s’intéresse aux Africains fortunés

 

Selon les estimations, le marché africain de la banque privée devrait croître de 8 % par an au cours des dix prochaines années. Ce qui représente un fort potentiel pour les gestionnaires de patrimoine mauriciens.

Avec plus de 160 000 individus fortunés, l’Afrique est aujourd’hui la nouvelle frontière de la banque privée. Ce qui pousse les gestionnaires de patrimoine à se repositionner pour prendre avantage de ce marché estimé à 660 milliards de dollars, selon le cabinet de recherche britannique New World Wealth. La démarche du groupe bancaire MCB d’organiser un Wealth Africa jeudi et vendredi dernier s’inscrivait dans cette logique.

Présent en Afrique subsaharienne par le biais de participations dans de grosses transactions transfrontalières et plus particulièrement à travers son initiative «Bank of Bank», le groupe MCB s’appuie sur son expertise et son expérience du Private Banking pour poursuivre sa croissance dans cette partie du monde. Il concrétise ainsi les ambitions de Maurice de s’affirmer en tant que destination privilégiée, se situant entre l’Asie et l’Afrique, pour la gestion du patrimoine et le Private Banking.

La première banque continue à diversifier ses marchés, avec un accent particulier sur l’Afrique subsaharienne où il existe un réel intérêt pour de nouvelles opportunités liées à l’investissement et la gestion du patrimoine. «Outre le marché mauricien qui est de loin le principal marché, l’Afrique subsaharienne demeure un marché avec de fortes perspectives de croissance. Elle représente actuellement 25 % de nos opérations», souligne Pratima Nundoosingh, Manager (Stratégie et Projets) de MCB Private Banking.

Elle précise que les bureaux de représentation de la MCB à Johannesbourg (Afrique du Sud) et Nairobi (Kenya) sont actuellement mis à contribution pour accroître la présence du groupe sur le continent noir.

Aujourd’hui, l’Afrique enregistre la croissance la plus rapide à l’échelle mondiale. Une croissance tirée essentiellement par la banque privée. Les estimations des experts indiquent que le marché africain de la banque privée devrait croître de 8 % par an au cours des dix prochaines années. Pour l’heure, seulement 120 milliards de dollars, selon les statistiques officielles, sont confiés à des gestionnaires de patrimoine. Une brochette de pays, et non des moindres, se sont positionnés pour occuper ce marché.

L’Afrique du Sud est de loin le principal hub de la banque privée en Afrique, avec des établissements spécialisés gérant quelque 50 milliards de dollars d’actifs comme de grosses pointures à l’image d’Investec, Rand Merchand Bank, Sanlam et Barclays Africa. D’ores et déjà de nouveaux marchés privilégiant la Private Banking émergent à l’instar du Nigeria, du Kenya, de l’Angola et de la Tanzanie.

Croissance globale

Et quid de Maurice ? Antony Cadmann, Deputy Africa Wealth & Asset Management Leader d’Ernst & Young d’Afrique du sud, invité à Wealth Africa 2017, à Maurice, soutient que le marché de la gestion de patrimoine est difficile. «Les conditions du marché, couplées à l’instabilité géopolitique, et à la chute des prix des produits de base, ont influé sur la croissance globale de la gestion du patrimoine, avec la composante Asie Pacifique enregistrant la plus forte croissance.»

Aujourd’hui, seul un tiers de la richesse des particuliers fortunés est géré par des so- ciétés de gestion de patrimoine. Ce qui représente du coup un fort potentiel pour ceux proposant des services combinant technologies digitales et savoir-faire des Fin Tech. Selon lui, le marché africain en gestion de patrimoine demeure relativement difficile.  Sans une maîtrise des réalités du terrain de ce secteur et d’une intelligence du marché, il sera difficile d’en faire une percée, dit-il.

Conscient de cette réalité, Board of Investment (BoI) compte optimiser ses moyens afin de capter une partie de ces millionnaires dont l’Afrique regorge actuellement. Déjà, Maurice a attiré le plus grand nombre de millionnaires entre 2007 et 2015, selon un récent rapport de New World Wealth. Cette publication indique que le nombre de personnes possédant au moins USD 1 million, hors résidence principale, qui se sont installées à Maurice a fait un bond de 160 % au cours des neuf dernières années.

Cette forte croissance est dans une très large mesure attribuable aux divers attraits du pays (fiscalité avantageuse, protection de droits de propriétés, niveau très bas de criminalité et octroi automatique de la nationalité mauricienne à toute personne achetant une résidence à un prix supérieur à USD 500 000).

Ken Poonoosamy, Managing Director, explique que le BoI a identifié des mesures susceptibles d’explorer de nouvelles opportunités dans la gestion de patrimoine privé. Parmi, celles portant sur la mise en place des Trusts qui se veulent des outils importants dans la planification successorale internationale. Il ajoute que le Trust Act 2001 a été décisif pour attirer des individus fortunés en leur accordant des facilités, dont la conservation des propriétés familiales, la planification fiscale, la succession et la planification d’affaires.

La région Asie-Pacifique, moteur de croissance

<p>Selon la 20e édition du World Wealth Report de Capgemini, l&rsquo;Asie-Pacifique est le moteur de la croissance de la richesse mondiale de ces dix dernières années. En 2015, la richesse des individus fortunés de cette région a augmenté de 10 %. Soit cinq fois le taux de croissance de la richesse en Amérique du Nord (+2 %), qui a fortement baissé par rapport au taux de 9 % observé en 2014. Si l&rsquo;Asie-Pacifique continue sur cette lancée avec une plus forte croissance de sa richesse qu&rsquo;entre 2006 et 2015, cette région émergera d&rsquo;ici à dix ans avec deux cinquièmes de la richesse mondiale des particuliers fortunés, soit plus que celle de l&rsquo;Europe, de l&rsquo;Amérique latine, du Moyen-Orient et de l&rsquo;Afrique réunis combinés. En ce qui concerne le nombre de particuliers fortunés, l&rsquo;Asie-Pacifique a enregistré une croissance de 9 % en 2015, un taux qui a largement dépassé celui enregistré en Amérique du Nord (+2 %) et a représenté presque le double du taux atteint en Europe (+5 %). La richesse des individus fortunés dans le monde, de son côté, a atteint la somme 58 700 milliards de dollars. Le nombre a augmenté de 4,9 % pour atteindre les 15,4 millions en 2015. Le rapport rappelle que depuis 1996, la croissance de la richesse des particuliers fortunés à travers le monde a été multipliée par quatre, passant à 59 000 milliards de dollars. À ce rythme, la richesse pourrait atteindre $100 000 milliards en 2025.</p>

Une opportunité pour les sociétés de gestion

Le rapport souligne que malgré ces niveaux de richesse record, seul un tiers (32 %) de la richesse totale des particuliers fortunés est géré par des gestionnaires individuels de patrimoine. Du coup, les sociétés de gestion de patrimoine disposent d’une grande marge de manoeuvre pour exploiter davantage ce créneau. En 2015, ces particuliers ont fait davantage confiance aux sociétés de gestion de patrimoine (+17 points) et aux marchés financiers (+30 points) qu’en 2014. Le rapport ajoute que les sociétés de gestion de patrimoine, tout comme les gestionnaires individuels, misent sur les actifs des particuliers fortunés. En 2015, une grande partie de leur richesse (35%) était essentiellement composée de liquidités, déposées dans des comptes bancaires ou détenues sous forme d’espèces, alors que 32 % étaient gérés par les gestionnaires individuels de patrimoine.

165 000 millionnaires en Afrique

L’industrie du cuir permet aux individus de certains
pays d’Afrique, dont le Maroc, de s’enrichir.

Le continent noir compte à ce jour plus de 165 000 millionnaires  et 41 milliardaires. Selon l’Africa 2016 Wealth Report, les millionnaires sont concentrés dans une poignée de pays. En tête de liste : Afrique du sud avec 46 800 millionnaires, l’Égypte (20 200 millionnaires), le Nigéria (15 400), le Kenya (8 500), l’Angola (6 400), le Maroc (4 800), l’Algérie (4 700) Maurice (3 200), Namibie (3 100) et l’Éthiopie (2 800).

Le nombre de millionnaires africains suit nécessairement le dynamisme économique de certains pays. À l’instar de l’éthiopie qui dispose de la plus forte croissance économique depuis une décennie, soit une moyenne de 9 % à 10 %. Le BTP, le textile et cuir, l’agriculture et les services figurent parmi les secteurs où se concentrent le plus grand nombre de millionnaires. De 2007 à 2015, le chiffre est passé à 2 800 et devrait atteindre 4,700 en 2020.

À Maurice, le nombre de millionnaires a connu une croissance exponentielle de 160 % de 2007 à 2015. Selon l’étude, le pays a su attirer les nombreux millionnaires  en raison de nombreux atouts : stabilité politique, fiscalité légère, l’absence de taxe sur les plus-values, droit de propriété sécurisant, entre autres.