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Tameshwar Doorgah :«La vente à l’encan, un véritable bazar»

19 mars 2017, 14:00

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Tameshwar Doorgah :«La vente à l’encan, un véritable bazar»

On l’appelle Moon. Il est maraîcher depuis qu’il a 15 ans. À la veille de ses 50 ans, ce marchand de pistaches, de patate douce, de violet et d’arouy fait partie de ceux qui, au quotidien, prennent la route à partir de 22 heures pour assister à la vente en gros des fruits et légumes. Plus pour longtemps, puisque le gouvernement projette de construire un marché national à Belle-Rive. Qu’en pense-t-il ? Est-il dans les choux ?

Avez-vous rencontré un visiteur inhabituel lors de la vente, mercredi matin ?

(NdlR, le ministre Mahen Seeruttun y a effectué une visite matinale pour dresser un constat). Non. J’avais déjà acheté mes marchandises et j’étais déjà arrivé devant le marché central lorsque le ministre a débarqué. D’habitude, hormis le lundi, qui est mon jour de repos, je suis déjà devant le marché central à 2 heures. Je me repose dans mon véhicule jusqu’à ce que les portes s’ouvrent, à 5 heures.

Sur place, le ministre de l’Agro-industrie a dit qu’il trouvait «archaïque, dépassée et peu hygiénique» la manière dont la vente se fait. A-t-il vu juste?

Il a raison. Il a bien vu. L’on ne peut maltraiter des légumes de la sorte. Ils sont posés à même le sol. On les jette n’importe comment ! Ce sont ces mêmes marchandises qui vont finir dans l’assiette du public par la suite.

Vous êtes donc favorable à la construction d’un marché national pour la vente en gros de légumes et de fruits, à Belle-Rive ?

C’est sûr qu’il est grand temps de revoir la vente à l’encan. Mais, c’est le gouvernement qui décide. Ce n’est pas moi, simple maraîcher, qui vais pouvoir influencer les politiciens.

Cela ne vous dérange donc pas d’aller à Belle-Rive pour vous approvisionner ?

 Ça aurait arrangé beaucoup de maraîchers si le lieu choisi était dans la capitale. Actuellement, je mets moins de 20 minutes de chez moi à Montagne-Longue pour aller à la vente à l’encan. À Belle-Rive, cela me prendra 20 minutes de plus. Je ne compte pas les bouchons qu’une telle vente occasionne en temps normal.

Quel serait pour vous le lieu idéal pour ce type de projet ?

 Le seul endroit qui puisse accueillir une vente à l’encan dans des meilleures conditions à Port-Louis est le Champ-de-Mars. Mais, encore une fois, je ne pense pas que ma voix compte. Ce sont eux, là-bas, au pouvoir, qui décident.

 

 C’est quand même vous qui êtes sur la route à partir de 22 heures au quotidien pour pouvoir aller faire le plein de fruits et légumes…

Si pa al boner pa pou gagn nanyé. Sans compter l’insécurité qui y règne. Si je rentre tard sur place, je n’aurai pas d’aire de stationnement. Et si je gare mon van rempli de marchandises au bout de la rue, à plusieurs mètres du lieu où se tient la vente, je cours le risque de retrouver le pare-brise en éclats lorsque je retourne.

La visite du ministre semble avoir porté ses fruits puisque la mairie vient de prendre la décision ce matin (NdlR, vendredi) d’imposer une heure de fermeture. Cette mesure vous convient-elle ?

La vente démarre à partir de minuit et se termine à pas d’heure. C’est un véritable bazar! Cela pénalise certains maraîchers. C’est bien que les autorités agissent pour y mettre un peu d’ordre.

 Je fréquente la vente à l’encan depuis que j’ai 25 ans. Auparavant, avant que l’ancien marché ne prenne feu, elle se faisait ici (NdlR, là où le marché central se situe aujourd’hui). Ensuite, elle a été délocalisée au Caudan qui n’était pas encore ce qu’il est aujourd’hui avant qu’elle ne s’installe finalement à proximité de l’église St-Antoine.

 Je me souviens qu’à un moment, le système était structuré. Il y avait une heure d’ouverture et une heure de fermeture. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.