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Coups de fusil à St-Hubert : Vishal Shibchurn joue-t-il avec le feu?

19 mars 2017, 17:10

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Coups de fusil à St-Hubert : Vishal Shibchurn joue-t-il avec le feu?

L’habitant de St-Hubert fait souvent parler de lui. Et pas qu’en bien. Arrêté pour plusieurs délits, ce pompier, suspendu de ses fonctions depuis 15 mois, se retrouve encore une fois dans l’actualité après que des coups de feu ont été tirés à son domicile mercredi. Nous l’avons rencontré jeudi après-midi. Juste avant que la police ne l’embarque à nouveau…

Il a le regard perdu… Un peu inquiet parfois. Sans doute Vishal Shibchurn est-il conscient, au moment où il nous accueille dans sa maison, à St-Hubert, des – nombreuses – menaces suspendues au-dessus de sa tête. Comme des épées de Damoclès. D’ailleurs, quelques heures à peine après notre visite, il est arrêté alors qu’il se présente au poste de police de Cent-Gaulettes, comme le requièrent les dispositions de sa liberté conditionnelle. Répondant d’une accusation provisoire de «use of firearms to intimidate», il est actuellement en détention policière, et ce, jusqu’au 24 mars.

L’homme, bien connu des habitants de la région, fait depuis quelques années parler de lui sur le plan national. Et pas qu’en bien. Ce qui est un comble pour ce soldat du feu, suspendu certes, mais qui collectionne, selon ses dires, des actes de bravoure… et de générosité. Qui fait don de son sang, qui «donn enn koudmin pour tir délo dan bann lakaz kan éna inondasion. [Mo] éna enn track record ed dimounn».

Vishal Shibchurn explique qu’il a toujours été «dans le social, organisant des programmes culturels». Et le pompier âgé de 42 ans, qui compte 20 ans dans la fonction publique, rappelle qu’il n’avait «jamais eu de casier judiciaire».

Mais les reproches – et les accusations – se sont accumulés ces dernières années. C’est en 2014 qu’il se retrouve mêlé à une affaire de gang, lorsque son nom est cité dans le cas de l’agression d’Aslam Noorsing, qui a eu les poignets sectionnés. Cet épisode marque le début des ennuis pour lui. «Depuis, à chaque fois qu’il se passe quelque chose dans le Sud, la police vient me voir.»

Vishal Shibchurn confie par ailleurs que, deux jours avant les fusillades visant l’ambassade de France et l’hôtel Saint Georges, à Port-Louis (NdlR, le lundi 30 mai 2016), il avait appelé le 148, la hotline de la police, car il détenait des informations «sur certaines personnes qui détiendraient des armes à feu. Monn fer mo devwar, monn donn linformasion, monn ed lapolis ek mo rétrouv mwa dan enn interogatwar. E zot inn vinn fer lafouy kot mwa». Sa vie, déplore-t-il, est loin d’être de tout repos.

Sa famille ? «Traumatisée», répond le quadragénaire, qui se dit «dépassé par les événements». Son fils, perturbé par tout cela, ne parvient pas à passer le cap de la Form IV, même après trois tentatives. Sa femme, pour subvenir aux besoins de la maisonnée, a pris un emploi à temps partiel à la foire de Mahébourg. «Mo moral down, mo pé suiv tretman mantal. Parfwa péna mem kass pou tir rasion.» C’est avec l’aide de ses amis et de sa famille qu’il parvient à s’en sortir. «Nou pa pé kokin pou roul nou la kwizinn.»

Vishal Shibchurn raconte même qu’il a déjà demandé, en vain, une protection policière car ses proches et lui se sentent «en danger». «Dimounn pé rant avek fasilité kot mwa.» Si les choses en sont arrivées là, c’est à cause de la politique, assène-t-il, en mettant aussi en cause «la presse et un groupe de personnes»… Lesquelles ? Il se montre évasif, assure avoir côtoyé «le monde politique pendant 24 ans au sein du Mouvement socialiste militant» et déclare qu’il a «un cousin ministre». Il aurait même «des photos de [moi] et de sir Anerood Jugnauth». Et il ajoute qu’il a «aidé Pravind Jugnauth lors de la partielle au n°8 en 2009».

Aurait-il bénéficié de faveurs quelconques ? Le quadragénaire nie avec force. Soulignant qu’après les élections en 2014, il «a pris ses distances de ce parti politique pour se consacrer uniquement au social, aux activités culturelles».

Ces activités «culturelles» ne seraient-elles pas quelque peu teintées de communalisme, comme semblent le penser certaines personnes de son entourage ? Piqué au vif, Vishal Shibchurn répond : «Kan mo donn disan, mo pa guet kominoté. Mo édé kot mo kapav. Mé si démin dimounn vinn atak mwa, mo bizin défann.» Il poursuit: «Enn ta fwa monn intervénir kot bazar Mahébourg, mé sa, personn pa kozé et sa bann dimounn-la ti aparténir lézot kominoté. Morisien koumsa, ki ou pou fer?»

Qu’en est-il des «posts» et autres commentaires à caractère communal sur Facebook ? Notre interlocuteur persiste à dire qu’elles ne visent aucune communauté en particulier. «Je me bats pour le pays, pour tous les Mauriciens.» La source de ses ennuis serait, selon lui, «la jalousie». Il se dit d’ailleurs «persuadé» qu’il existe un complot contre lui. Mais Vishal Shibchurn, qui n’en est pas à une contradiction près, déclare qu’il entretient «de très bonnes relations» avec ses voisins. «Kan monn rétourn dépi prizon dernié fwa, bann dimounn dan landrwa ti vinn get mwa.»

Quid de ses activités ? Sont-elles toutes légales ? Vishal Shibchurn répond du tac au tac. «Si mo ti fer bann aktivité louss, mo ti pou riss zordi.» Possède-t-il des armes à feu ? Réponse : «Non.» Même pas un permis de port d’arme. «Dimounn kapav dir séki zot anvi, zordi monn perdi larzan, mo lasanté pé gaté, mo stressé.»

Un de ses nombreux souhaits, aujourd’hui : être lavé de tout blâme afin de pouvoir enfiler à nouveau son uniforme de pompier et reprendre le travail. Et si possible s’acheter «une Mercedes, avoir une maison, un bungalow pied dans l’eau». Mais tout cela, tient-il à préciser, à la sueur de son front. Et s’il peut, dans le même temps, voir réussir son fils dans la vie, ce serait la cerise sur le gâteau. «Mo anvi ki sa bann zafer-la arété, linzistis-la, sa bann alégasion-la.»

Mise en garde ultime de Vishal Shibchurn : il ne se laissera pas faire.