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Sunil Bholah : «Le plan pour les PME requiert une fusion des institutions qui les encadrent»
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Sunil Bholah : «Le plan pour les PME requiert une fusion des institutions qui les encadrent»
L’un des projets les plus attendus dans le secteur des petites et moyennes entreprises (PME) a été finalisé. Le SME 10 Year Masterplan sera rendu public ce lundi 27 mars, après plusieurs mois de préparations et de consultations par la firme Empretec Mauritius. Sunil Bholah fait le point sur le secteur.
Cela fait plus de deux ans que vous avez pris les rênes du ministère de l’Activité économique, des entreprises et des coopératives. Quel bilan faites-vous des mesures qui ont été prises jusqu’ici pour aider le secteur des PME ?
Plusieurs mesures ont été prises pour aider le secteur à se développer. Il y a tout une politique qui a été mise sur pied pour améliorer les services qu’offrent nos entités, à commencer par la Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA). On a lancé plusieurs business développement and facilitation centers à travers l’île, ce qui s’inscrit dans une logique de proximité avec les entrepreneurs. Autre mesure réintroduite : que les officiels de la SMEDA effectuent des visites au- près des entrepreneurs. On a aussi créé un pool de spécialistes indépendants chargés d’établir un diagnostic des problèmes spécifiques auxquels font face les PME. Au niveau des coopératives, le Cooperative Act a été revu, afin de combler les nombreuses failles qu’il y avait dans l’ancien cadre légal. Cette démarche vise également à encourager les jeunes à se joindre aux PME.
Mais il y a tout de même plusieurs problèmes qui persistent au niveau des PME, comme l’accès au financement, le manque de main-d’œuvre ainsi qu’une vulnérabilité face aux importations…
Tout à fait. Mais il ne faut pas voir ce problème en isolation. Il faut voir tout ce qui se passe sur la scène internationale, notamment dans le contexte de la mondialisation. Il y a une prise de conscience à ce sujet par plusieurs pays, notamment pour comprendre si la globalisation a été un avantage ou pas. Plusieurs événements, comme le Brexit ou encore l’élection de Donald Trump, sont liés à l’impact de la mondialisation. Maurice, par exemple, est lourdement affecté par les importations. Les barrières tarifaires n’existent quasiment plus et il est bien plus facile d’importer.
Les PME, dans cette équation, se retrouvent dans une situation difficile. Le paradoxe, c’est que les solutions aux défis économiques posés par la globalisation doivent être trouvées dans le cadre de politiques nationales. Comment espérer que les politiques nationales puissent influer sur le climat économique international ? Il y a, en fait, une incompatibilité flagrante à ce niveau.
Le gouvernement travaille cependant d’arrache-pied pour que la situation s’améliore dès cette année. Il faut impérativement revoir le Business Facilitation Act afin de déclencher des réformes majeures qui permettront de rationaliser le climat des affaires à Maurice. De plus, plusieurs actions ont été prises pour trouver des solutions aux problèmes des PME. Au niveau du financement il y a la Maubank ou encore la Banque de développement qui a même un département dédié à la microfinance.
En ce qui concerne le problème de main-d’œuvre qualifiée, il existe un programme de formation avec le Mauritius Institute of Training and Development. Il y a également des programmes pour aider les PME à améliorer leurs produits pour l’exportation. De plus, du 12 au 14 mai, la SMEDA, avec la collaboration du ministère des Affaires étrangères et de la chambre de commerce et d’industrie, organise un salon international de l’innovation et de la technologie pour les PME, pour faciliter le transfert de technologie, des compétences et des connaissances auprès des entreprises mauriciennes, en les mettant en contact direct avec des fournisseurs de technologies et de solutions innovantes, des investisseurs, manufacturiers et distributeurs de divers horizons.
Le problème d’importation a été développé dans le supplément économie de «l’express» du 15 mars, par la «Chief Executive» de l’Association of Mauritian Manufacturers, qui a fait constat inquiétant du secteur manufacturier. Qu’avez-vous à dire par rapport à cela ?
Elle a raison. Tout ceci est une conséquence de la globalisation qui met en péril le secteur manufacturier. Et il faut trouver des solutions à long terme face à ce problème. Le secteur manufacturier est un gros pourvoyeur d’emplois.
Mais nous savons aussi que Maurice se retrouve un peu coincé entre les différents traités de libre- échanges, dont il est signataire, et le besoin de protéger l’industrie locale. Comment faire pour concilier les deux ?
Un comité interministériel présidé par le ministère des Affaires étrangères, le ministre de la Pêche et celui de la Bonne gouvernance se penche sur les problèmes auxquels font face les entreprises. Le comité travaille également de concert avec les acteurs du privé. Il est clair que Maurice ne parvient pas à profiter comme il se doit des accords de libre-échange dont il est signataire car, selon mon constat, actuellement ces accords se concrétisent de manière plutôt unilatérale, c’est-à-dire qu’ils permettent une ouverture à l’importation alors que de l’autre côté, les entreprises ont des difficultés à profiter de ces accords pour exploiter leurs produits.
On est en train de dégager une stratégie afin d’augmenter les exportations. Un accord tripartite entre le COMESA (NdlR: marché commun de l’Afrique orientale et australe), la Southern African Devlopment Community (SADC) et les l’East African Community est en passe d’être finalisé, ce qui changera considérablement le paysage commercial de l’Afrique en général.
L’Afrique est certes pleine d’opportunités mais les PME locales ont également beaucoup de difficultés à pénétrer ses marchés, aussi complexes que vastes. Y-a-t-il une stratégie au niveau du ministère pour aider les PME en ce sens ?
Il est clair que le continent demeure une valeur sûre pour l’expansion de nos entreprises locales. Il est dit que le marché des consommateurs atteindra les deux milliards en 2050. Mais il faut bien étudier ce que demande le marché. Depuis 2000, le taux de croissance sur le continent augmente de manière constante. J’admets qu’il y a de gros efforts à faire pour que les PME puissent se rendre en Afrique. Mais elles sont beaucoup plus aptes à exporter sur l’Afrique qu’ailleurs. Car c’est un marché beaucoup plus pénétrable que d’autres en termes de qualité de produits.
Où en est le projet de fusion de la SMEDA-Enterprise Mauritius - National Women Entrepreneur Council annoncé lors du budget?
Le ministère des Finances préside un comité sur ce projet, dont fait partie mon ministère, ainsi que le ministère de l’Industrie. Il y a eu plusieurs réunions de suivi. Et il y aura un concept paper très prochainement. Le projet n’a pas été abandonné. Mais, à ce stade, je n’ai pas plus de détails car c’est le ministère des Finances qui pilote ce projet. Pour l’heure, les différentes institutions sont parfaitement opérationnelles.
Peut-on avoir plus de détails au niveau du «SME 10 Year Masterplan» qui sera incessamment rendu public, notamment après l’atelier de travail de validation qui a eu lieu fin 2016 avec les différentes parties prenantes du public et du privé ?
Le validation workshop a été très fructueux. Toutes les demandes faites par les acteurs présents ont été prises en compte au cours de la finalisation du masterplan. Le plan directeur préconise une fusion des entités car il penche beaucoup sur le support institutionnel. Reste à savoir s’il ira dans la même direction que le comité présidé par le ministère des Finances.
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