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[Vidéo] Chiens renifleurs: quand pattes et mains n'en font qu’un

2 avril 2017, 22:05

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[Vidéo] Chiens renifleurs: quand pattes et mains n'en font qu’un

Milo, Cassidy et Seuntjie. Ce sont les trois labradors de l’unité canine de la Mauritius Revenue Authority (MRA) qui ont aidé les douaniers à mettre la main sur d’importantes quantités de drogue ces derniers jours. Qu’ont-ils ces chiens renifleurs de plus que leurs collègues toutous? Sortons la truffe.

Déjà, il faut savoir que l’unité canine de la MRA compte six chiens. Tous des labradors, importés d’Afrique du Sud. Ce sont les dresseurs qui s’y rendent en vue d’acheter les toutous, qui se reproduisent chez un éleveur. «À Maurice, c’est l’élevage de chiens domestiques qui est pratiqué. Les chiens que nous choisissons ont non seulement des aptitudes spéciales de reniflement, mais aussi des prédispositions particulières vu qu’ils sont les ‘enfants’ de chiens renifleurs.» Bref, c’est dans leurs gènes, expliquent des dresseurs que nous avons rencontrés vendredi.

Aucun problème physique

Ce sont des chiots âgés entre deux et trois ans qui sont choisis. «Le temps de s’assurer qu’ils n’ont aucun problème physique.» Les «élus» travailleront jusqu’à l’âge de huit ou dix ans. «Des fois, on peut tomber sur des chiens solides. Tout comme cela a été le cas avec un compagnon à quatre pattes qui a bossé jusqu’à ses 18 ans», soulignent les dresseurs.

Une fois que le chien pose les pattes à Maurice, après la mise en quarantaine, il n’a pas vraiment le temps de se prélasser au soleil. ‘L’entraînement’ démarre dare-dare.

D’abord, le chien choisit son handler. Oui, c’est le toutou qui choisit celui qui sera son «papa». Celui qui lui donnera à manger, qui le câlinera, fera sa toilette, entre autres. Mais attention, pas question de le rebaptiser, le toutou garde son nom sud-africain. Et le maître-chien communique avec lui dans la langue de Shakespeare.

La formation dure, en moyenne, entre cinq à six semaines. Les dresseurs se garderont bien de nous dévoiler les détails sur les «cours» intensifs. Histoire de ne pas mettre la puce à l’oreille des malfrats.


Toutefois, contrairement à ce que peuvent croire certains, il ne s’agit pas de leur frotter la truffe dans de la drogue… «Le chien apprend à servir de son odorat pour nous donner un signal…» Place ensuite à l’évaluation du toutou renifleur et de son handler. Si leur performance n’est pas satisfaisante, la formation se poursuit sur le terrain.

Bientôt, quatre autres chiens, toujours en provenance d’Afrique du Sud, rejoindront la brigade. Deux labradors, un épagneul et un border collie. Une démarche entreprise par la MRA après qu’elle a eu vent de la performance exceptionnelle de ces races de chiens au sein de plusieurs départements douaniers sur le plan international.

Un peu d’histoire, pour finir. C’est en 2004 qu’un dresseur français met sur patte la Dog Unit de la MRA. À l’époque, elle se compose d’un golden retriever et deux labradors. Six ans plus tard, la direction de la MRA signe un accord avec ses homologues sud-africains, les South African Revenue Services.

Qui assurent alors la formation tout en guidant leurs collègues mauriciens. Trois nouveaux labradors sont recrutés. En 2012, les trois premiers chiens partent à la retraite. Trois autres arrivent, truffe au vent.

 

Devenir handler...

<p>Ne devient pas maître-chien à la MRA qui veut. Selon la loi, celui-ci doit être un Customs Officer doté d&rsquo;un certains nombre d&rsquo;années d&rsquo;expérience. Le recrutement se fait en interne. Il ne suffit pas que d&rsquo;être un amoureux des chiens, mais il faut aussi être capable de travailler avec lui. Il ne suffit pas d&rsquo;avoir un gros nez, il faut avoir du flair.</p>

 

En deux semaines, la police saisit plus d’héroïne qu’en 10 ans

Mars, un mois stupéfiant pour les saisies d’héroïne. Trois opérations menées en 17 jours ont permis d’intercepter 160 kilos de cette drogue. Un volume énorme, du jamais vu. En comparaison, le total des saisies d’héroïne pour les dix dernières années (2007-2016) a tourné autour d’une centaine de kilos, selon les chiffres officiels. Autrement dit, policiers et douaniers ont fait mieux en deux semaines qu’en une décennie. On peut dès lors imaginer deux scénarios. Soit les trafiquants viennent d’ouvrir une nouvelle «route» passant par Maurice. Soit des dizaines de kilos sont passées entre les mailles du filet ces dernières années…

Les deux principales prises ont eu lieu au port.

La première, le 9 mars, à bord d’un navire battant pavillon panaméen. Butin : 135 kilos de poudre blanche, déjà un record. La seconde, 15 jours tard, a été plus modeste : «seulement» 22 kilos. Ces deux pêches miraculeuses sont en tous points similaires : un porte-conteneur parti de Durban, sur la côte est sud-africaine, transporte des cylindres de compresseurs d’air bourrées d’héroïne. Lesquels compresseurs avaient été préalablement commandés par la société Brilliant Resources Consulting, basée à Maurice.

La troisième saisie a été effectuée à l’aéroport. Le 14 mars, une Sud-Africaine de 35 ans en provenance de Johannesburg a débarqué avec 3 kilos d’héroïne. La drogue était disposée dans des préservatifs dissimulés dans ses parties intimes.

Valeur à la revente des trois saisies : Rs 2,4 milliards. Une telle quantité de drogue laisse cependant penser que celle-ci était orientée vers la réexportation plutôt que le marché local. Même à Maurice, où le taux de prévalence de l’héroïne atteint des sommets(*), écouler 640000 doses (de 0,25 grammes) avant que celles-ci ne périment n’apparaît pas réaliste aux yeux des spécialistes.

(*): 1,3 %, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Cela fait de Maurice le 2e plus gros consommateur en Afrique et le 13e dans le monde.