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Relation Bilatérales: Les îles sœurs à la conquête de l’Afrique

19 avril 2017, 16:09

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Relation Bilatérales: Les îles sœurs à la conquête de l’Afrique

 

Les différentes possibilités de collaboration entre Maurice et La Réunion pour exploiter le potentiel du marché africain ont été élaborées lors des dernières rencontres Maurice-Réunion les 13 et 14 avril.

L’appartenance aux zones économiques africaines valorisée

Elles sont côte à côte. Des voisines d’outre-mer qui partagent une histoire quasi-commune mais une évolution économique, démographique et politique différente. Semblables de par leur petite taille et leur insularité, La Réunion et Maurice veulent aller ensemble à la conquête du marché africain.

C’était la thématique de la cinquième édition des rencontres Maurice-Réunion autour du développement durable et du financement de projets pour l’Afrique. Cette conférence a eu lieu les 13 et 14 avril à La Réunion. Cette initiative du Club Export Réunion (CER) en collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie France-Maurice (CCIFM) a pour objectif de promouvoir les relations économiques et les partenariats entre les îles sœurs. Si le développement durable est le thème récurrent, voire la base même de ces rencontres, cette fois-ci c’était l’Afrique qui était au centre des discussions.

Complémentarité

«Une France et une Europe à l’échelle miniature avec tous ses avantages.» C’est en ces termes que François Mandroux, premier vice-président du CER et commissaire des rencontres, résume la force économique de l’île de La Réunion dans l’océan Indien. Qui dit région française et européenne, dit également haut niveau de qualité tant au niveau des produits que des services notamment en termes d’infrastructures, d’énergie, de connectivité, d’éducation, de santé, du climat des affaires ou encore de la sécurité juridique, entres autres. «La force économique de La Réunion réside aussi dans les services à haute valeur ajoutée (bureaux d’étude, organismes de recherches, plateaux techniques, incubateurs), l’industrie sucrière et agroalimentaire, le bâtiment et génie civil (Nouvelle route du littoral après la route des Tamarins), enfin un tourisme de territoire, s’appuyant sur son classement mondial de l’Unesco tient également une place importante», ajoute François Mandroux.

Maurice dispose, pour sa part, d’un accès privilégié au continent africain à travers les marchés du Comesa et de la SADC, entre autres. Autres attraits de Maurice : son économie hautement diversifiée, avec un secteur financier dynamique tourné vers l’Asie et l’Afrique, un secteur touristique en croissance constante et un secteur manufacturier de l’exportation qui parvient tout de même à maintenir le cap malgré les difficultés du commerce mondial et l’impact des produits importés. C’est sans compter le potentiel du couloir aérien Afrique-Asie en 2016, fruit d’un partenariat entre Air Mauritius et l’aéroport singapourien Changi Airport. Au niveau du continent africain, Maurice est également signataire de 19 traités de non-double imposition et de protection de l’investissement.

Mais les similitudes entre les deux pays sont tout aussi évidentes. À l’instar de la petite taille des marchés. Et pour cause, tout comme Maurice, le marché intérieur réunionnais demeure très limité, l’île n’abri- tant que 800 000 habitants, soit 500 000 habitants de moins que Maurice. Ce qui rend son expansion économique difficile. Raison pour laquelle l’île sœur souhaite développer davantage son secteur d’exportation, notamment sur la région africaine. Mais n’étant pas membres des zones économiques africaines telles que le Comesa et la SADC, l’île sœur peine à profiter du potentiel des marchés africains. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle souhaite s’associer à Maurice pour aller en Afrique. Quel serait l’apport de La Réunion pour Maurice dans cette collaboration ? «Sous forme de partenariat équilibré, La Réunion peut ouvrir aux Mauriciens ses programmes de recherche et l’utilisation de ses plateaux techniques et scientifiques d’excellence comme par exemple le Cyclotron, le Cirad (centre de recherche agronomique), le Critt (centre de recherche et d’innovation technologique), ou encore ses modèles de développement d’innovation tels que le Qualitropic ou encore la Technopole», avance Gilles Couapel, Président du CER.

Notre interlocuteur fait aussi ressortir que les réseaux consulaires de la Réunion, via la France, sont très bien implantés sur le continent. «La francophonie est un véritable atout pour conquérir l’Afrique de l’Ouest. Sans parler de la force de l’implantation et des compétences du réseau Business France», fait-il ressortir. La complémentarité et les perspectives de développement en commun sont donc évidentes pour nos interlocuteurs.

 

Mécanismes de collaboration : missions conjointes, label océan Indien…

Pour aller ensemble exploiter le potentiel du marché africain, la présidente de la CCIFM, Catherine Dubreuil-Mitaine, préconise des missions conjointes Maurice-Réunion avec le soutien des différentes institutions et associations réunionnaises et mauriciennes tels que le Board of Investment et le CER, entres autres.

Elle voit aussi des opportunités de capitaliser sur les zones économiques spéciales que développe Maurice sur le continent africain. «Les opérateurs réunionnais peuvent ainsi investir via des véhicules d’investissement à Maurice et bénéficier de ces opportunités de croissance en Afrique», souligne-t-elle.

Le CEO de Business Mauritius, Raj Makoond, met, pour sa part, l’accent sur les énergies renouvelables et la gestion des déchets. Il existe aussi de multiples avenues de collaborations entre nos deux îles, notamment dans les «stratégies de spécialisation intelligentes», telles que la smart agriculture, les smart cities ou encore les smart grids, fait ressortir François Mandroux. Il ajoute que Maurice et La Réunion peuvent servir de plateforme de sauvegarde des données juridiques et institutionnelles, un service qui répond aux besoins associés aux risques politiques du continent.

Fait important : bien que la collaboration concerne principalement Maurice et la Réunion, les deux îles voient plus loin. «On rêve d’une marque label «made in océan Indien» car, au-delà de notre partenariat bilatéral, nous devons aussi associer les autres îles de l’océan Indien et notamment Madagascar, pour mettre notre région, nos savoir-faire et nos talents «on the map», expliquent Gilles Couapel et François Mandroux. Ils citent, à cet effet, l’exemple des Îles Vanille. «Grâce à cette alliance, notre région existe maintenant vraiment sur le marché mondial des croisières», relèvent-ils.

Pour une plateforme de suivi permanente

Malgré les bonnes intentions et les projets qui ont émergé jusqu’ici, Raj Mohabeer, chargé de Mission au sein de la Commission de l’océan Indien (COI), fait ressortir que ces évènements ponctuels tels que les rencontres MauriceRéunion ont le potentiel de catalyser de manière significative le partenariat entre nos deux îles. Toutefois, il pense qu’il faudrait instituer «une plateforme permanente entre Maurice et La Réunion qui réunirait tous les acteurs du privé, les organisations et les institutions publiques impliquées dans le partenariat économique entre les îles afin que le dialogue continue après les rencontres»

 

C’est, d’ailleurs, une des propositions qu’il a formulées lors de ces rencontres. Cette plateforme servirait aussi à faire le suivi des actions d’accompagnement des projets, élément important si les pays partenaires souhaitent que les intentions se traduisent par des faits. À la question de savoir si la COI pourrait héberger cette plateforme, Raj Mohabeer rappelle que cette décision revient aux États dans la mesure où les parties prenantes en expriment le besoin.

L’économie circulaire, thème des prochaines rencontres

<figure class="image"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/photovoltaique_3.jpg" width="620" />
	<figcaption>L&rsquo;efficience dans l&rsquo;utilisation des ressources, une solution de croissance durable.&nbsp;</figcaption>
</figure>

<p><strong>C&rsquo;est une thématique qui s&rsquo;inscrit directement dans la ligne du développement durable, élément qui constitue la base des rencontres Maurice-Réunion depuis leur lancement.</strong> Programmées pour fin 2018 à Maurice, la sixième édition des rencontres Maurice-Réunion devrait être centrée autour de l&rsquo;économie circulaire entre nos deux îles ainsi que dans la région de l&rsquo;océan Indien. Mais qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;économie circulaire ? Sujet d&rsquo;étude de plus en plus en vogue et système économique naissant dans les pays occidentaux, l&rsquo;économie circulaire est un nouveau modèle économique qui s&rsquo;inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels, selon l&rsquo;Institut de l&rsquo;Économie circulaire. Elle est basée sur l&rsquo;efficience autour de l&rsquo;utilisation des ressources pour créer de la valeur à la fois pour l&rsquo;économie, la société et l&rsquo;environnement. &laquo;<em>Son objectif ultime est de parvenir à découpler la croissance économique de l&rsquo;épuisement des ressources naturelles par la création de produits, services, modèles d&rsquo;affaires et politiques publiques innovants. Il s&rsquo;agit par exemple de rallonger les flux de matière (réemploi, recyclage) et de produits (écoconception sans toxicité ni obsolescence programmée, réparation, réutilisation puis recyclage) tout au long de la vie du produit ou service</em>&raquo;, explique-t-on sur le site internet de l&rsquo;institut.</p>

<p>L&rsquo;économie circulaire repose sur la création de <em>&laquo;boucles de valeurs positives à chaque utilisation et réutilisation de la matière et des objets</em>&raquo;, avance l&rsquo;Institut de l&rsquo;Économie circulaire. Ce modèle met, à ce titre, l&rsquo;accent sur de nouveaux modes de production, de conception et de consommation, le prolongement de la durée d&rsquo;utilisation des produits, ainsi que sur la réutilisation et le recyclage des composants. La gestion, le traite- ment et la revalorisation des déchets fait partie des points centraux de ce modèle économique. L&rsquo;économie circulaire préconise donc une optimisation des ressources par une &laquo;<em>écoconception pensée en amont</em>&raquo;.</p>

<p>Le thème n&rsquo;a pas été choisi au hasard, l&rsquo;île sœur étant très avancée en matière de gestion des déchets dans l&rsquo;océan Indien, notamment celui des déchets électroniques et électriques. L&rsquo;entreprise Réunion Valorisation Environnement, située à St-André, en est un exemple. PhoenixBev, qui a une présence sur l&rsquo;île sœur à travers sa filiale Edena, souhaite, pour sa part, y développer une unité de production &laquo;bottle to bottle&raquo;, soit unité de recyclage de bouteilles de plastique. Pour ce faire, l&rsquo;entreprise mauricienne souhaite développer des partenariats avec des entreprises de la région.</p>

<h3>Les relations Maurice-Réunion en chiffres et en projets</h3>

<p>Exportations vers l&rsquo;île sœur : 50 millions d&rsquo;euros</p>

<p>Importations : 2,7 millions d&rsquo;euros</p>

<p>Investissement des sociétés mauriciennes à la Réunion en 2016 : 18 millions d&rsquo;euros</p>

<p>Arrivées touristiques en provenance de la Réunion en 2016 : 146 203, soit notre deuxième marché émetteur derrière la France.</p>

<p>Projets qui découlent des rencontres Maurice-Réunion :</p>

<p>Partenariat Mauritius Chamber of Agriculture / CIRAD pour le projet &laquo;<em>Agriculture raisonnée et réduction de l&rsquo;utilisation rationnelle de pesticides&raquo;.</em> Partenariat CYROI (Cyclotron Réunion O.I) &ndash; Quantilab pour l&rsquo;innovation à travers la collaboration scientifique portant sur l&rsquo;environnement, la toxicologie et la sécurité alimentaire.</p>

<p>Projet en cours AFD/Agorah/Gouvernement mauricien sur les Smart Cities CIRBAT &ndash; Association des Architectes de Maurice : Signature d&rsquo;un protocole d&rsquo;accord de partenariat pour formation et workshop Bâti Tropical.</p>

<p>Création d&rsquo;une plateforme privé- privé en 2015 pour le suivi des projets avec Business Mauritius, le CER, l&rsquo;Association pour le développement industriel réunionnais.</p>