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Anil Ramessur raconte la vie à Diego Garcia

21 avril 2017, 23:00

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Anil Ramessur raconte la vie à Diego Garcia

Mer turquoise, sable blanc, cocotiers et poissons à gogo… On dirait des images de carte postale. Mais non, il s’agit des photographies d’Anil Ramessur. Il a vécu «trois belles années» à Diego Garcia.

Ses yeux pétillent lorsqu’il évoque les douces années de sa jeunesse passée sur cet atoll de l’archipel des Chagos. Anil Ramessur n’a rien oublié de la douce chaleur du soleil sur sa peau. Ni des odeurs enivrantes de l’île. L’homme raconte avoir partagé le quotidien des milliers de soldats américains.

L’aventure débute en 1986

À l’origine de son aventure sur Diego Garcia : une annonce. Nous sommes alors en 1986, Anil Ramessur a 26 ans. «On demandait aux Mauriciens qui étaient intéressés à travailler à Diego de postuler. Et comme ils recherchaient des électriciens, j’ai fait une demande.»

Ce n’est pas en bateau qu’Anil Ramessur et les autres Mauriciens choisis se rendent à Diego Garcia, mais par avion. «Les Américains savent vraiment accueillir les gens. Ils nous ont donné des billets d’avion pour aller à Singapour. Pendant trois jours, nous sommes restés dans un hôtel et nous avons même reçu 200 dollars en guise d’argent de poche. Puis, un avion militaire est venu nous récupérer.»

Une fois sur place, «les autorités nous ont offert des draps propres.» Direction les quartiers. «Nous vivions dans un ‘barrack’. C’est une grande salle qui pouvait accommoder 28 personnes. Chacun avait un lit, une armoire. Et nous disposions aussi d’un frigo. L’ambiance était familiale.» Anil Ramessur est impressionné par la beauté de l’île. «On allait souvent à la pêche au poisson et aussi aux crabes. Ils étaient énormes.» Il confie que les autobus étaient gratuits et qu’ils roulaient jusqu’à fort tard le soir. «Dans la ville, il y avait des discothèques en plein air, des restaurants, des pizzerias. Il y avait trois salles de cinéma. Tous les jours, on diffusait deux films.» Autre fait marquant : il y avait du popcorn à tous les coins de rue.

«Mon ami mangeait six œufs d’un coup !»

 En sus, toute une infrastructure avait été mise en place à l’intention de ceux qui pratiquaient le sport. «Il y avait un gymnase qui était très bien équipé. Dès que vous y rentriez, l’on vous donnait une serviette. Puis, vous pouviez aller faire ce que vous voulez. Nager, de l’haltérophilie, jouer au basket sur une piste synthétique, du foot. Nous organisions aussi des épreuves d’athlétisme, passant du 4x100m au 4x200m.»

Une galerie avait aussi été mise à la disposition du personnel. «Le matin, pour le petit déjeuner, vous pouviez prendre tout ce que vous vouliez. J’avais même un ami qui mangeait six œufs d’un coup ! Tous les jours, l’on vous donnait le choix entre le poisson, le poulet et les légumes.»

Et quand la cuisine mauricienne leur manquait, ils allaient se procurer les ingrédients sur l’île et se faisaient un bon curry. «Nous avions réussi à aménager une petite cuisine et nous cuisions nos repas sur du bois. On se sentait bien, étant tous jeunes aussi à cette époque.»

 Les Mauriciens avaient pour voisins des Philippins. «Ils étaient vraiment serviables. On s’en est fait de bons amis. Souvent, ils nous aidaient en ramassant les vêtements que nous avions mis à sécher et ils les repassaient aussi.»

Avions de guerre

<p>En pensant aux différents avions de guerre qu&rsquo;il a pu voir de près, Anil Ramessur est encore tout chamboulé. <em>&laquo;J&rsquo;ai pris des photos où je me trouvais dans les hélices des avions. Je me suis même assis dans les réacteurs.&raquo;</em> L&rsquo;homme dit avoir pu visiter le B2Bomber, <em>&laquo;celui qui a lancé les bombes atomiques. Il est tellement grand qu&rsquo;il y a une roue dans ses ailes</em>&raquo;. D&rsquo;ajouter qu&rsquo;il est également monté à bord des bateaux de guerre. <em>&laquo;Je pense que les liens que nous avons tissés avec les Américains y sont pour quelque chose.&raquo;</em></p>

<p><strong>Son travail sur l&rsquo;île</strong></p>

<p>Anil Ramessur souligne que son travail lui permettait uniquement d&rsquo;aider à réparer les choses cassées en cuisine. &laquo;<em>On changeait les lumières. Les appartements où les Américains habitaient, c&rsquo;était à nous de les entretenir. On réparait tout ce qui devait l&rsquo;être.&raquo;</em> Et quelques fois, pour joindre les deux bouts, Anil allait aider en cuisine. &laquo;<em>J&rsquo;aidais comme second. J&rsquo;avais ainsi l&rsquo;occasion de m&rsquo;approcher des grands soldats et grands combattants. Eux, ils ne se frottaient pas à tout le monde. </em><em>C&rsquo;étaient des habits blancs, comme on les surnommait.&raquo;</em></p>

<p><strong>Son gagne-pain quotidien</strong></p>

<p>Il reste toujours attaché&nbsp;à la mer. Anil Ramessur s&rsquo;occupe de son petit business. À&nbsp;présent, il emmène les touristes rencontrer les dauphins. Il a aussi trois bateaux de pêche. &laquo;<em>Je fais aussi des grillades sur l&rsquo;île aux Bénitiers.&raquo;</em></p>

<p><strong>Diego Garcia, la terre de la discorde</strong></p>

<p>Diego Garcia, île principale de l&rsquo;atoll des Chagos, est une base militaire britannique louée à l&rsquo;armée américaine. Y ont été aménagés un aéroport, des hangars, des locaux techniques, des habitations et autres infrastructures civiles, ainsi qu&rsquo;un port en eaux profondes dans le lagon. Dans l&rsquo;océan Indien, Diego Garcia constitue le &laquo;<em>fer de lance</em>&raquo; de l&rsquo;armée américaine.</p>

Une publication du quotidien BonZour!