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Journée mondiale de la propriété intellectuelle: la technologie au coeur de l’innovation

26 avril 2017, 13:57

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Journée mondiale de la propriété intellectuelle: la technologie au coeur de l’innovation

L’innovation devrait être le moteur de la croissance de Maurice, avec pour acteur principal la technologie. La clé est l’Internet of Things… Des intervenants du Huawei Innovation Forum vous en disent plus.

C’est un sujet qui revient souvent dans le milieu des affaires et dans les discours politiques. L’innovation est plus que jamais citée comme étant le prochain levier de développement économique du pays. Ce thème faisait d’ailleurs partie de la Huawei Creativity and Innovation Week qui s’est tenue du 15 au 21 avril, avec pour évènement central le Huawei Innovation Forum. Plusieurs intervenants se sont réunis pour parler de différents aspects, notamment ceux liés à la technologie dans le cadre de ce forum le 19 avril. Seul bémol : le manque de protection de la propriété intellectuelle sur le plan international des marques mauriciennes, un facteur d’autant plus important si Maurice compte faire décoller son secteur d’exportation. Alors que nous observons aujourd’hui, la Journée mondiale de la propriété intellectuelle, tour d’horizon sur ce qu’est l’innovation, son importance et les défis que doit relever le pays afin de le promouvoir.

Créativité, innovation et invention

D’emblée une distinction s’impose entre les termes innovation, créativité et invention, trois termes souvent utilisés de façon interchangeable. S’ils sont certes reliés, ils ont tout de même des caractéristiques distinctes. Tout commence par l’imagination. Si celle-ci est un espace personnel qui nous permet de penser à des idées, des solutions à des problèmes parfois réels ou irréels, la créativité s’inscrit, elle, dans le concret.

Il s’agit de la capacité à produire des idées à la fois «nouvelles et originales et appropriées dans une structure imposée et une direction donnée… La créativité permet d’encadrer l’imagination dans un processus créatif pour produire des résultats» selon le site web de Defi Innovation Estrie, société canadienne spécialisée dans les services d’accompagnement à l’industrie manufacturière en innovation. L’invention «fait entrer l’idée dans le monde physique», souligne le site.

L’innovation possède quant à elle une connotation commerciale. Il s’agit «d’un produit (bien ou service), ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, du lieu de travail ou des relations extérieures», explique le site.

Ce qu’ils en pensent

Parmi les plus grandes innovations qui ont influencé le monde, l’on retrouve l’imprimerie, Internet, les vaccins (comme la pénicilline), l’anesthésie ou, plus récemment, l’impression 3D ou encore les drones.

Le constat de Raju Jaddoo, secrétaire général de la Mauritius Chamber of Commerce & Industry (MCCI), est sans appel : «La croissance de l’économie au cours des prochaines décennies sera basée sur l’innovation et les activités à forte valeur ajoutée. Les industries devront s’adapter aux nouvelles tendances, aux nouvelles technologies et aux nouveaux processus». Il était l’invité d’honneur du Huawei Innovation Forum.

Raju Jaddoo s’est longuement attardé sur l’apport grandissant des technologies émergentes dans le monde, surtout l’Internet industriel, l’Internet of Things ou encore l’industrie 4.0, entre autres, des composantes de ce qu’on appelle communément l’«Internet of Everything» (IOE).

«On prévoit qu’il y aura 14,4 billions de dollars en jeu (valeur potentielle) au cours de la prochaine décennie dans l’économie de l’IOE pour connecter ceux qui ne le sont pas», a-t-il indiqué. Selon Raju Jaddoo, il existe plusieurs secteurs où Maurice pourrait davantage innover comme la biotechnologie, les appareils médicaux, la production d’énergie verte ou encore l’impression 3D.

S’exprimant en tant que Directeur des publications du groupe La Sentinelle, Nad Sivaramen a fait état des diverses innovations entamées au sein de la rédaction de l’express, comme la réalité augmentée avec l’édition spéciale lancée lors de l’anniversaire de l’Indépendance cette année. Pour lui, il n’y a d’autre choix que d’épouser la technologie et d’innover, car la survie de la presse en dépend.

«Il est important de repenser la presse à Maurice, parce qu’elle subit les contrecoups des avancées technologiques, dont Internet. Le fait que tout soit facilement et gratuitement accessible sur le Net nous pousse à répondre aux besoins croissants et évolutifs des lecteurs», a souligné Nad Sivaramen lors du Huawei Innovation Forum.

Au niveau de l’industrie locale, le label «Made in Moris» est l’une des innovations les plus connues à ce jour. La CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), Catherine Gris, en a longuement fait état lors du forum. Pour elle, le label est un outil de différenciation des produits mauriciens face aux produits importés, qui vise à stimuler l’offre et la demande des produits locaux. C’est aussi un outil de valorisation des compétences, de la production et du savoirfaire mauricien.

En ce qui concerne l’innovation chez les PME, Catherine Gris a fait ressortir que l’AMM souhaite s’inspirer de ses réussites «en créant un espace où on pourra appliquer la recherche qui a déjà abouti en brevet, et nous avons pris comme angle d’attaque, l’Internet of Things. Le but, c’est de s’approprier la transition numérique dans l’industrie, avec les capteurs et les datas qui permettent à la fois l’efficacité énergétique, une meilleure régulation des processus tout en réduisant le gaspillage des matières premières ainsi que des intrants. Avec l’IOT, c’est la façon la plus évidente et la plus simple d’intégrer l’innovation à l’industrie.»

Le fondateur de IV Play et d’A2MG, Mario Guillot, soutient pour sa part que l’innovation vient à la suite d’une demande ou d’un besoin de s’améliorer. Au cas contraire, personne ne voudra sortir de sa zone de confort. Le secret, poursuit-il, c’est la prise de risque, et de foncer malgré les doutes.

Parlant des opportunités d’accompagnement qu’offre l’incubateur de startups, La Turbine, son directeur Fabrice Boullé a fait ressortir que la vision de La Turbine est de faire de Maurice un pôle d’entrepreneuriat et d’innovation de renom international.

L’incubateur propose des programmes offrant un soutien adapté à chaque phase de développement des startups. Cela comprend le suivi de la progression du projet, la mise à disposition d’un espace physique à travers un coworking space ainsi que l’accès au financement et aux réseaux, entre autres. Les programmes de La Turbine sont ouverts aussi bien aux ressortissants mauriciens qu’aux étrangers.

Maurice, toujours pas signataire du protocole de madrid

C’est un cadre légal régi par la World Intellectual Property Organisation (WIPO), instance mondiale de référence en matière de politique, d’information, de services et de coopération pour tout ce qui a trait à la propriété intellectuelle. Le protocole de Madrid permet de protéger une marque simultanément dans 114 pays couverts par ses 98 membres, dont l’Union européenne et l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle. Bien que Maurice possède les structures de base pour bénéficier des avantages de ce protocole, dont un Intellectual Property Office, le pays n’a toujours pas signé le protocole.

Mais selon Raju Jaddoo, l’Intellectual Property Bill, qui devrait passer au Parlement cette année, fait provision pour que Maurice signe plusieurs protocoles internationaux, dont le Patent Corporation Treaty et le Protocole de Madrid. La MCCI possède à son niveau un Intellectual Property Help Desk destiné à aider ses membres à comprendre toutes les procédures concernant la propriété intellectuelle.

Cette année, en cette Journée internationale de la propriété intellectuelle la réflexion sera axée sur la façon dont l’innovation rend notre vie plus saine, sûre et confortable. La WIPO s’intéressera également à la façon dont la propriété intellectuelle encourage l’innovation en attirant l’investissement.

 


Ce que préconisent la National Export Strategy et le SME 10 Year Masterplan

<p>C&rsquo;est la seconde thématique intersectorielle de la <em>National Export Strategy </em>(NES) 2017-2021 rendue publique le 27 mars. Fruit d&rsquo;une initiative du ministère du Commerce et de l&rsquo;industrie et l&rsquo;International Trade Centre, ce document vise à booster le secteur de l&rsquo;exportation à travers le développement de sept secteurs prioritaires et l&rsquo;avancement de cinq thématiques intersectorielles dont le branding, l&rsquo;innovation, l&rsquo;internationalisation des petites et moyennes entreprises, l&rsquo;alignement des institutions et le développement de compétences.</p>

<p>Mais concrètement, que recommande la NES au sujet de l&rsquo;innovation ? Le document préconise une série d&rsquo;actions déclinées sous trois objectifs stratégiques, soit la sensibilisation, la création d&rsquo;un environnement propice à l&rsquo;innovation et l&rsquo;investissement dans la recherche et le développement.</p>

<p>Le premier objectif stratégique préconise la tenue de séminaires et d&rsquo;ateliers de travail pour les stakeholders clés de l&rsquo;économie, un plan d&rsquo;activités pour favoriser l&rsquo;apprentissage des expériences internationales ou encore l&rsquo;introduction d&rsquo;un programme de financement pour l&rsquo;innovation et des avantages fiscaux pour la recherche et le développement, entre autres.</p>

<p>En ce qui concerne le deuxième objectif stratégique, la NES recommande une augmentation de la collaboration entre les différentes industries, la création de partenariat entre les grandes entreprises et les PME ainsi que le développement des sciences de la vie et de la biotechnologie.</p>

<p>La NES préconise également la création d&rsquo;un <em>National Innovation Framework, </em>un renforcement du rôle du <em>Mauritius Research Council</em>, le développement d&rsquo;un centre dédié à la technologie, un soutien accru aux initiatives du secteur privé dans les domaines de l&rsquo;aquaculture et de l&rsquo;agroalimentaire en sus de la promotion de partenariats entre les industries et les universités.</p>

<p>Autre recommandation phare du NES : l&rsquo;expansion de <em>Collaborative Research and Innovation Grant Schemes</em> ainsi que les autres programmes d&rsquo;aide et de financement dédiés à l&rsquo;innovation et la recherche. Par ailleurs, le rapport préconise le renforcement des capacités de l&rsquo;<em>Albion Fisheries and Research Centre </em>tout en augmentant le budget dédié à la recherche et au développement de manière progressive afin qu&rsquo;il atteigne 0,5 % du Produit intérieur brut d&rsquo;ici 2020, entre autres.</p>

<p>Le constat du SME 10-Year Masterplan est pour sa part sans équivoque : l&rsquo;innovation et le gain de productivité sont des facteurs de croissance clés pour les économies qui ont épuisé leurs ressources de main-d&rsquo;oeuvre bon marché, comme Maurice. Selon le plan directeur, plusieurs dysfonctionnements sont à l&rsquo;origine du manque d&rsquo;innovation et de transfert de technologie chez les PME dont un système d&rsquo;innovation quasi inexistant, une approche mal coordonnée des incubateurs d&rsquo;entreprises qui se contentent d&rsquo;être des espaces de travail sans offrir un système d&rsquo;accompagnement et de mentorat, et un support institutionnel public<em> &laquo;fragmenté&raquo;</em> pour faciliter le transfert de technologie, entre autres.</p>

<p>L&rsquo;analyse du plan directeur révèle que la recherche et le développement ont trop longtemps été cantonnés à l&rsquo;industrie sucrière et recommande que les recherches soient davantage concentrées sur les énergies vertes, l&rsquo;agriculture biologique ou encore l&rsquo;économie bleue, entre autres, des secteurs porteurs de croissance pour Maurice. Le plan directeur soutient également que la recherche et le développement au niveau des universités devraient être dirigés vers les besoins de l&rsquo;industrie et des PME.</p>