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Laval Rabaye : il y a anguille sous roche…

26 avril 2017, 23:55

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Laval Rabaye : il y a anguille sous roche…

Il avait commencé à pêcher à l’âge de 20 ans. À ce moment-là, cela n’était qu’un passe-temps. Il était loin de se douter qu’un jour, qu’il en ferait son métier.

Kewal Nagar et Olivia sont deux villages voisins connus pour leurs pêcheurs de chevrettes et d’anguilles. Il n’est d’ailleurs pas difficile de les trouver. En journée, ils sont assis en bordure de route à la recherche de clients à qui vendre leurs prises. Parmi ces nombreux pêcheurs, Laval Rabaye, 68 ans. Il pratique ce métier depuis plus de 40 ans.

Vêtu d’un vieux pantalon, d’une chemise dont les boutons sont tous ouverts, d’une vieille casquette et d’une paire de savates en éponge, Laval est assis sur le trottoir. Il a bien accroché ses anguilles à l’aide d’un crochet sur des planches de bois. «Bizin konn prézant li pou atir kliyan», nous dit-il.

Laval a un visage fatigué. On dirait presque qu’il en a ras-le-bol de faire ce métier. «Mé ki pou fer ? Bizin manzé, bizin nouri sa vant-la.» En fait, ce métier, on le pratique de génération en génération dans sa famille. Ses grands-parents et ses parents étaient tous pêcheurs d’anguilles et de chevrettes. Et c’est auprès d’eux qu’il a appris.

Au début, ce n’était, pour lui, qu’un passe-temps. Mais lorsqu’il s’est marié et a commencé à avoir des responsabilités familiales, Laval décide alors d’en faire son métier. En parallèle, il travaillait aussi comme maçon. Mais le poids de l’âge a commencé à se faire sentir. Il a donc préféré se consacrer uniquement à la pêche. «Mo santi mwa pli alez ar travay-la parski li dan mwa sa. Mo péna pou fer bel zéfor.»

Néanmoins, le sexagénaire précise que ce métier n’est pas aussi facile que l’on pourrait penser. Les anguilles par exemple, il faut savoir les pêcher. «Mo met lalinn tranpé, mo atann.» De confier qu’il lui est déjà arrivé de rester une nuit à la rivière et de rentrer les mains vides. Des fois, il ne peut se contenter de pêcher uniquement à la rivière d’Olivia ou de Kewal Nagar. «Souvent, il m’arrive d’aller jusqu’à Bel-Air-Rivière-Sèche et même à Réduit.»

 Et surtout, dans ce métier, il y des hauts et des bas. Comme dans tous les autres métiers d’ailleurs, souligne-t-il. Laval déplore qu’actuellement la prise est plutôt difficile. «Pa pé gagn sévret ditou avek bann débordman ki nou pé gagné. Séki konn lapess angi pé kapav trasé sinon mayé mem.» Il poursuit que, normalement, les chevrettes sont vendues par plateau. «Enn plato li Rs 100 ek angi nou van li Rs 100.»

Pense-t-il qu’un jour, ce métier disparaîtra ? Laval est confiant que non. Du moins, tant que les Mauriciens aimeront leur «ti cari, satini sévret». Sans oublier les touristes et expatriés.

Micro-trottoir

Les mauriciens aiment-ils encore consommer les poissons et crustacés d’eau douce ?

Yash Seechurn, 19 ans, étudiant

Yash Seechurn

«Le nombre de personnes qui aiment consommer ce genre de choses a beaucoup diminué de nos jours, en comparaison avec 20 ans de cela. La majorité préfère les fast food. Personnellement, j’aime beaucoup manger les poissons et crustacés d’eau douce, les anguilles surtout. Ceux qui n’y ont jamais goûté devraient essayer, ma préférence va surtout au ‘satini sévret’

Neha Magoo, 18 ans, étudiante

Neha Magoo

«Auparavant, les gens ne consommaient pas autant de viande et se contentaient de poissons et crustacés d’eau douce. À présent, les produits congelés sont devenus très populaires et les jeunes ne savent même pas ce que c’est qu’un bon ‘satini sévret’. Les petits plats simples comme ceux-là font partie de mes préférés et je trouve définitivement mieux de manger de telles choses que les viandes modifiées qu’on nous vend actuellement.»

Avishek Peddoo, 21 ans, étudiant

Avishek Peddoo

«Beaucoup de Mauriciens aiment manger la chevrette et l’anguille, voire d’autres poissons et crustacés des rivières. Ils sont encore nombreux à manger comme le faisaient nos grands-parents. Dans le passé, ces derniers en dépendaient beaucoup pour leur survie. Moi, j’apprécie beaucoup ce genre de menu et je me fais un devoir d’en consommer au moins deux à trois fois par semaine, que ce soit la crevette ou la chevrette. Quant à l’anguille, c’est devenu bien trop rare.»