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Mohamed Mfoihaya: «Nous étions à deux doigts d’arrêter le cerveau d’un trafic régional de drogue»

29 avril 2017, 16:59

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Mohamed Mfoihaya: «Nous étions à deux doigts d’arrêter le cerveau d’un trafic régional de drogue»

Selon Mohamed Mfoihaya, contrôleur général de la police nationale et directeur général adjoint de la police de l’Union des Comores, le trafic de drogue par le biais de compresseurs aurait pu être affaibli s’il y avait eu un échange d’informations entre l’Union des Comores et Maurice. D’où son souhait pour qu’un accord de coopération entre les autorités des deux pays soit signé au plus vite.

En quoi consiste la coopération qui se met en place entre Maurice et l’Union des Comores dans le domaine sécuritaire ?

Il existe deux axes de coopération auxquels le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, attache beaucoup d’importance. Il s’agit, premièrement, de la mise en place d’une structure pour l’échange d’informations susceptibles de renforcer la capacité actuelle de protection de nos deux territoires et, deuxièmement, d’étendre le processus actuel de coopération dans les domaines du judiciaire de l’immigration, de la lutte contre le terrorisme, du blanchiment d’argent que nous connaissons actuellement et du trafic de véhicules volés. Les domaines de coopération peuvent s’élargir selon les nécessités de chaque requête des institutions des deux pays.

Avez-vous eu des rencontres avec les responsables mauriciens chargés de la sécurité nationale ?

 J’ai beaucoup apprécié la prédisposition affichée par Lockhdev Hoolash, responsable du National Security Service de Maurice, pour l’accompagnement du service de sécurité de l’Union des Comores dans le cadre de ce programme de coopération. Nous comptons sur l’étroite collaboration entre les deux pays pour élaborer un plan de travail sur divers sujets portant sur la lutte contre les dangers qui menacent le monde et, en particulier, la région.

Les autorités mauriciennes viennent de mettre au grand jour un maillon du trafic régional de la drogue. Quelle pourrait être la contribution de l’Union des Comores sur ce plan ?

Elle pourrait être conséquente si nous disposions déjà d’un réseau d’échanges d’informations approprié. Si tel avait été le cas, le trafic de drogue par le biais de bouteilles de gaz aurait été sévèrement affaibli. Le 22 mars, nous étions à deux doigts d’arrêter le cerveau d’un trafic régional de drogue. Il a tenté de passer par les Comores. Il est reparti pour Madagascar. Qui peut affirmer qu’il n’aurait pas pu passer par Maurice ?

Comment est-il passé entre les filets ?

L’information concernant ses déplacements nous a échappé. Il a plusieurs identités et plusieurs passeports. Il se trouve toujours dans la région. Le fait de pouvoir travailler avec la police mauricienne devrait nous permettre de partager les informations et de coordonner rapidement notre stratégie.

Comment l’Union des Comores gère-t-elle la délicate problématique des actes de piraterie auxquels la région est exposée ?

 Nous disposons déjà de moyens assez sophistiqués pour gérer de tels risques. Nous avons un programme d’identification qui est directement relié au département américain. Désormais, rien ne peut franchir nos frontières sans que nous n’en ayons connaissance. Un autre programme, comprenant une base de données assez conséquente, est relié au service de surveillance de l’Arabie saoudite, ce qui nous permet d’être au courant des transactions maritimes en provenance du Moyen-Orient.

 L’Union des Comores possède des bateaux pour combattre la piraterie au niveau de la plateforme de la Commission de l’océan Indien. Notre service de garde-côtes possède un grand bâtiment marin et deux autres bateaux, l’un est de construction chinoise et l’autre américaine.

En quoi consiste l’armée des Comores ?

 La mission de défense et de paix du territoire revient à l’armée. L’Union des Comores peut s’appuyer également sur l’apport de la Brigade de la communauté économique régionale de l’Afrique de l’Est, basée au Kenya. Nous avons un ministère de la Défense et un ministère de l’Intérieur. L’armée est le propre de la Défense. Je travaille au sein du ministère de l’Intérieur qui, lui, gère la police nationale, l’immigration, la police judiciaire, le service de renseignement et l’unité de lutte contre le terrorisme.

Un des éléments des accords conclus entre Maurice et les Comores concerne le transfert des prisonniers. Comment cela va-t-il se faire dans le concret ?

Notre rôle consistera à accompagner les prisonniers. La police nationale peut soit accompagner un prisonnier mauricien vers Maurice soit récupérer un détenu comorien ici pour qu’il purge sa peine dans son pays. La police mauricienne peut en faire autant.

Quelle est la situation quant aux détenus dans les prisons des deux pays ?

Je ne dispose pas de données à cet effet.

Avez-vous établi un calendrier de travail avec le service de police mauricienne ?

Nous venons de transmettre notre projet d’accord au ministère des Affaires étrangères. Un exemplaire a été remis à Lockhdev Hoolash. Si les autorités des deux pays s’attellent à élaborer un programme d’action aux termes de l’accord, nous devrions être en mesure de procéder à sa signature rapidement.

Concrètement, si tout se passe bien, nous aurions souhaité que le ministre comorien de l’Intérieur fasse le déplacement à Maurice pour signer l’accord de coopération. Ce qui devrait avoir comme garantie l’ensemble de conventions qui viennent d’être signées entre les deux pays dans le cadre de la commission mixte. Nous procéderons à l’élimination des visas pour les ressortissants mauriciens et comoriens. Un accord dans ce sens a déjà été signé le 27 avril par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et Azali Assoumani. Il nous faut des garanties sécuritaires pour que les policiers puissent répondre à des requêtes venant des institutions des deux pays.

Vous semblez vouloir aller vite en besogne…

Certains de nos concitoyens sont d’origine mauricienne. Nous avons des liens qui datent de plus de 150 ans, du temps du commerce des épices. Certains n’ont pas hésité à évoquer ce lien de sang. Nous saisissons l’occasion de la présence dans le pays d’Azali Assoumani pour nous activer. L’urgence ne nous permet pas de renvoyer à demain ce que nous devrions faire aujourd’hui. D’ici 2030, l’Union des Comores devrait avoir réalisé les changements qu’elle se propose d’introduire selon la vision du président Azali Assoumani. On n’est pas là pour mettre des obstacles. On souhaite que le Cabinet du Premier ministre mauricien facilite et aide le ministère de l’Intérieur des Comores à signer ces accords. Ce qui permettra la mission de la direction générale de police mauricienne et comorienne de se mettre au travail dans les plus brefs délais.