«C’est injuste !» s’exclame Mohammad Nadeem Beegoo. Il venait tout juste d’apprendre que Yousouf Salarun, qui l’a défiguré à l’acide, a été condamné à 24 mois de prison. Sentence suspendue en attendant de voir si ce dernier est apte à faire des travaux d’intérêt général. Décision de la magistrate Darshana Gayan, siégeant en cour intermédiaire, jeudi 11 mai. Le rapport du Probation Office sera soumis le 12 juin.

Mohammad Nadeem Beegoo, 57 ans, dit avoir tout perdu lorsqu’il a été défiguré à l’acide par Yousouf Salarun, plus connu comme Issoop Tole, il y a 10 ans. À l’époque, il gagnait sa vie comme coiffeur. Mais après, «les clients me fuyaient. Certains me questionnaient même sur l’état de mon visage…» Pire, comme son visage et son corps ont été brûlés à l’acide, il ne peut pas travailler. «Je ne peux pas m’exposer au soleil car ma peau est fragile.» Du coup, depuis ces dix dernières années, il ne compte que sur la pension de ses parents âgés pour vivre.

Ce n’est pas tout. Son épouse l’a également quitté. «Elle a emmené mon fils avec elle.» Le petit est aujourd’hui âgé de huit ans.

«C’était un coup monté»

Les faits remontent au 2 août 2007, à la rue Duperré, Quatre-Bornes. Mohammad Nadeem Beegoo, qui habite à Highlands, s’y trouvait ayant été convié par sa maîtresse. Mais une fois sur place, Yousouf Salarun l'a aspergé avec de l’acide. «C’était un coup monté de la part de cette femme», martèle-t-il.

Dans un premier temps, Yousouf Salarun est passé aux aveux. Demandant même pardon à Mohammad Nadeem Beegoo. Dans sa déposition à la police, il avait déclaré : «Mo dakor mo finn fer sa, momem ki finn zet lasid lor Nadeem pou défigir li ek bril li.» Expliquant qu’il avait reçu Rs 2 000 pour ce «travay-la». En cour, toutefois, Yousouf Salurun devait se rétracter, alléguant avoir été victime de brutalité policière pour passer aux aveux. Il avait ainsi plaidé non coupable.

Reste que Mohammad Nadeem Beegoo dit qu’il ne pourra pas oublier ce qu'on lui a fait subir. Laissant dans la foulée entendre qu’il aurait aussi reçu des menaces suivant son agression. L’habitant de Highlands n’en démord pas : «Yousouf Salarun est une menace non seulement pour moi mais aussi pour la société. J’ai peur pour ma sécurité…»