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Bhavik Desai et Krishen Patten: «Le risque du marché est l’un des plus grands défis associés aux plans de pension»

16 mai 2017, 20:55

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Bhavik Desai et Krishen Patten: «Le risque du marché est l’un des plus grands défis associés aux plans de pension»

En 2015, les actifs des plans de pension s’élevaient à 35,9 Mds, soit une croissance de 61 % par rapport à 2014. La Bourse permet à ces plans d’assurer un retour sur leurs investissements. Et ce n’est pas sans risques. Krishen Patten, Chief Risk Officer d’AXYS Investment Partners Ltd respectivement et Bhavik Desai, , Head of Research d’AXYS Stockbroking Ltd, analysent la nature des risques de l’investissement boursier.

Quelle est la nature des risques pour les fonds de pension ?

Bhavik Desai : Un des défis auxquels les fonds de pension sont confrontés concerne le retour sur les investissements, qui est en deçà des prévisions établies dans les paramètres des modèles choisis. Ceux-ci donnent une indication du taux de retour et les investissements appropriés doivent être mis à exécution afin de réaliser le retour escompté. Ce qui pourrait suggérer que le recours à des risques d’investissement plus élevés doit être pris à un certain moment. Il n’existe aucune opportunité d’investissement qui n’entraîne pas un certain degré de risques. Conformément au profil du fonds de pension identifié, le retour sur un investissement et les risques qui lui sont associés vont invariablement évoluer au rythme des marchés.

Quels sont les risques auxquels les fonds de pension sont confrontés ?

 Krishen Patten : Le risque le plus commun et qui est lié aux fluctuations du prix des investissements, c’est le risque du marché. C’est même l’un des plus grands défis. Ce risque se décline en plusieurs dénominations. Il y a, premièrement, le risque associé à la fluctuation de la valeur des titres d’une société. À titre d’exemple, les marchés ont réagi positivement après la victoire d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle française. Il y a ensuite les risques associés à des changements au taux d’intérêt qui peuvent affecter le prix des bons du trésor ou celui des obligations. Ainsi, les décisions prises par le Monetary Policy Committee d’une banque centrale doivent faire l’objet de suivi.

Un autre type de risque intervient au niveau des investissements réalisés en devises étrangères. Ces risques peuvent affecter la valeur d’un portefeuille ou le retour sur les investissements. Par exemple, les investissements en livre sterling ont accusé une baisse de 10 % du jour au lendemain après le référendum sur le Brexit. Ce qui a contribué à accentuer la faiblesse de la livre sterling dans le sillage de la décision de la Grande-Bretagne de se retirer de l’Union européenne.

Il y a aussi les risques qui sont liés aux fluctuations des prix des marchandises. Les risques associés à des produits sont comparables à ceux auxquels les valeurs de sociétés sont confrontées. Les investissements dans les marchandises telles que les pierres précieuses, les matières premières ou le pétrole sont tous sujets aux fluctuations des prix.

Est-il possible que d’autres facteurs viennent se greffer sur la liste que vous venez d’évoquer ?

Bhavik Desai : Parfaitement. Cette liste n’exclut pas le fait que d’autres facteurs susceptibles d’affecter la valeur des investissements puissent surgir. Par exemple, les résultats des élections présidentielles françaises ont eu un impact positif sur les cours boursiers. L’impact aurait été différent si les résultats l’étaient également. Il est indispensable de maîtriser la nature de ces risques pour mieux gérer leurs effets.

 

Que faire pour atténuer les effets d’une crise des marchés financiers toujours probable, voire possible, pour que les fonds de pension ne se retrouvent pas dans une situation où ils ne disposent plus d’argent pour payer les investisseurs au moment de la retraite ?

Krishen Patten : Plusieurs mesures peuvent être envisagées. D’abord, il y a la possibilité de diversifier le portefeuille. Un investissement peut être réalisé au niveau de plusieurs catégories d’actifs. Parmi celles-ci : les valeurs boursières, les bons du trésor et les obligations, ou encore l’or. Ce qui devrait permettre d’éviter qu’une catégorie spécifique ait un impact considérable sur la valeur des investissements du portefeuille.

 Des fonds de pension internationaux ne se limitent pas à l’achat de valeurs liquides mais sont aussi investis dans d’autres types de valeurs telles que l’immobilier et des fonds de placement privé. Cette catégorie d’actifs ajoute de la diversification susceptible potentiellement de contribuer à atténuer les effets des crises sur les portefeuilles.

Des fonds de pension ont également recours à la répartition géographique, en orientant leurs investissements vers d’autres marchés. Par exemple, les fonds de pension américains s’appuieront sur des actifs développés sur des marchés étrangers dans le but de se prémunir contre les crises financières pouvant surgir sur le marché local. Certains de ces fonds de pension évoluent sur la plateforme de la Stock Exchange of Mauritius.

Quelle est la pertinence de l’analyse et de la gestion des risques en période de crise ?

 Krishen Patten : L’analyse et la gestion des risques sont des facteurs importants pour assurer une protection des portefeuilles en période de crise. Même s’il est pratiquement impossible d’éliminer tous les éléments de risques spécifiques aux marchés financiers, une bonne analyse assortie d’une gestion rigoureuse permet de comprendre et de contrôler les effets d’une crise financière sur un portefeuille.

En quoi l’analyse des risques, auxquels les portefeuilles sont exposés, consiste-t-elle ?

Krishen Patten : La volatilité, la corrélation, la liquidité et la concentration sont certains des paramètres qui devraient être pris en compte dans le cadre de l’analyse des risques pour un portefeuille d’investissement.

Quelle est la spécificité de chacun de ces paramètres ?

 Krishen Patten : La volatilité est la fluctuation des prix. La corrélation se rapporte à la façon dont les prix de différents types d’actifs évoluent les uns par rapport aux autres. La liquidité est la vitesse à laquelle un portefeuille peut être vendu en temps normal et aussi en temps de crise financière. Quant à la concentration, il s’agit tout simplement de la prédisposition à évaluer la nature des répercussions d’un investissement spécifique sur l’ensemble d’un portefeuille.

Que se passe-t-il après la prise en compte des paramètres ?

 Krishen Patten : D’autres mesures doivent accompagner le travail effectué au niveau des paramètres calculés. Le recours à un test de résistance des paramètres ciblés s’impose. Ce test a pour objectif d’évaluer et de mesurer les effets de crises financières sur un portefeuille. L’interprétation des mesures est une étape importante dans la gestion des risques auxquels un portefeuille d’investissement est exposé.

Qu’est-ce qu’on devrait attendre des managers d’un fonds de pension chargé de gérer les risques de crises financières ?

 Bhavik Desai : Les gestionnaires de risques d’institutions internationales s’appuient sur les paramètres sélectionnés en vue de déterminer le niveau des risques existants.

Quels sont les instruments dont disposent ces gestionnaires de risques pour atténuer les effets de ces crises ?

Krishen Patten : Il y a des dispositifs qui permettent d’intervenir en période de crise aiguë, comme l’utilisation d’options ou d’instruments financiers dérivés. Il faut faire ressortir qu’avoir recours à ces instruments a un coût. Il faut cependant souligner qu’il n’est pas facile de prédire la date à laquelle une nouvelle crise financière risque de se pointer.

Faut-il alors que les fonds de pension se cantonnent dans une posture d’attente pour ne pas envenimer la situation, déjà difficile ?

 Bhavik Desai : Bien au contraire. Les fonds de pension doivent faire en sorte que l’éventualité que les crises financières puissent se produire soit incorporée dans le cadre de leurs prévisions et dans leurs modèles financiers. Les investissements sur le long terme aident aussi à mitiger l’impact de crises financières qui risquent potentiellement de se manifester dans un cycle économique.