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Affaire l’Amicale: grâce refusée
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Affaire l’Amicale: grâce refusée
Les quatre condamnés de l’incendie de l’Amicale, à Port-Louis, resteront en prison. La pétition de Me Rama Valayden pour qu’ils soient graciés a été rejetée par la Commission de pourvoi en grâce.
Le verdict est tombé hier. La Commission de pourvoie en grâce a rejeté la pétition de Me Rama Valayden réclamant que les condamnés de l’Amicale soient graciés par le président de la République. Les recommandations de la commission, présidée par l’ancien chef juge sir Victor Glover, ont été communiquées par la présidence aux quatre condamnés de l’incendie de L’Amicale.
Sheik Imran Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth et Muhammad Shafiq Nawoor resteront en prison. Ils avaient été condamnés à une peine d’emprisonnement de 45 ans après avoir été trouvés coupables dans l’incendie de l’Amicale de Port-Louis le 23 mai 1999.
Cette tragédie qui avait ému tout le pays a eu lieu après des incidents survenus lors d’un match de football au stade Anjalay. De graves incidents se sont produits à différents endroits de la capitale.
Me Valayden avait soutenu dans un document que les quatre personnes ont été «wrongly convicted». La pétition en faveur de leur libération a été déposée à la présidence le 10 juillet.
«Filtering process»
La commission considère que les points soulevés par Me Valayden en faveur des quatre condamnés ont trait à des témoignages qui ont été déterrés plusieurs années après l’événement. Elle estime aussi qu’il n’est pas possible pour ses membres de vérifier les allégations qui ont été faites.
La Commission de pourvoie en grâce propose ainsi au président de la République que «the petitioners be informed that, in accordance with our advice you do not propose to intervene in the matter». Elle ajoute que les quatre condamnés pourront toujours avoir recours à la Criminal Appeal (Amendment) Act de 2013. Il est entendu que, selon cette loi, ce recours sera lui-même sujet à un «filtering process» de la Human Rights Commission qui décidera si l’appel est apte à être présenté à l’Appeals Tribunal de la Cour suprême.
Réagissant au communiqué de la présidence sur le refus de gracier les condamnés, Me Yousouf Mohamed, Senior Counsel, a été d’un grand réalisme en disant que ce serait une perte de temps de porter l’affaire à la Cour suprême. L’analyse catégorique de cet ancien avocat des condamnés démontre à quel point le refus de la grâce présidentielle est un coup dur pour les quatre condamnés qui, selon lui, n’ont pas de «fresh and compelling evidence» à présenter la Cour suprême pour motiver un appel bien que cet appel reste une option théorique.
On se souvient aussi que le MMM au Parlement avait refusé de donner son appui au gouvernement sur l’amendement du Criminal Appeal Act car les mauves jugeaient aussi que le critère de «fresh and compelling evidence» était une barre trop haute pour y accrocher l’espoir que les quatre condamnés seraient libérés, ces nouvelles preuves n’ayant pas été obtenues.
Me Rama Valayden est, lui, déçu du refus de la Commission de pourvoi en grâce mais il compte réclamer une commission d’enquête et participera à une marche strictement pacifique en faveur des quatre condamnés.
Il compte étudier la Criminal Appeal Act en vue d’apporter le «fresh and compelling evidence» requis. En attendant, il envisage de solliciter une rencontre avec le Premier ministre.
Contactée par l’express Rozina Sumodhee, l’épouse de Khaleeloudeen Sumodhee, se dit sous le choc. «Sa desizyon finn debalans ein pe mo leta despri. Me nou gard konfians. Nou ti krwar li pou sorti. Me malheureusement li pa finn grasye.Nou byen trist ek sagrin», a-t-elle déclaré.
Sept personnes avaient péri dans cet incendie criminel : l’épouse du propriétaire de L’Amicale, Yeh Ling Lai Yau Tim, âgée de 44 ans, et ses deux enfants, la baby-sitter Jeanette Ramboro, enceinte de huit mois, le manager de L’Amicale, Jean Alain Lau Min, âgé de 34 ans, Krishna Luckhoo et Hakim Fauzy.
Espoirs brisés sur l’asphalte politique
On aurait osé espérer que la mémoire de l’île Maurice aurait conservé longtemps encore la douleur atroce de ces êtres calcinés par l’incendie criminel de L’Amicale. Et pourtant, à peine 14 ans plus tard, la mémoire de ces victimes est à jamais enfouie dans un oubli lâche et révoltant devant le «political mileage» que des politiciens en perte de vitesse espéraient encore en tirer. Ancien «Attorney General», Rama Valayden découvre des vices de procédures au procès de L’Amicale, qui donnent de l’espoir aux condamnés. Le MMM lui emboîte le pas et souhaite, avec lui, une loi scélérate qui permette une libération inconditionnelle des accusés. Le Parti travailliste a tenu bon, le seul espoir restait la Commission de pourvoi en grâce. Le comité de sir Victor Glover vient de sonner le glas. Cela n’aurait réussi qu’à meurtrir un peu plus les proches des victimes et des condamnés réunis dans un même deuil.
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