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Rajapalayam Krishnan : «L’impact de la BAI sur l’assurance générale a été minime»

1 juin 2017, 11:39

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Rajapalayam Krishnan : «L’impact de la BAI sur l’assurance générale a été minime»

 

Jubilee Insurance vient d’ouvrir une nouvelle branche à Quatre-Bornes. Son directeur général dresse un constat du secteur et parle des défis à relever.

Après Beau-Bassin, Jubilee Insurance a ouvert une nouvelle branche à Quatre-Bornes. Pourquoi ?

L’assurance est un business basé sur la confiance, une confiance qui se construit à travers une amélioration constante du service et de l’accès à la clientèle. C’est dans cette optique que nous avons choisi d’étendre nos activités à travers le pays. Quatre-Bornes cadre parfaitement avec cette stratégie d’expansion, étant une agglomération urbaine avec une densité démographique qui a un goût pour les bons produits d’assurance. Grâce à la technologie, nous avons la possibilité d’opérer, de manière fluide, entre nos trois branches (Port-Louis, Beau-Bassin et Quatre-Bornes).

Quelle est votre stratégie de développement pour Maurice ?

Notre stratégie a été cohérente depuis notre arrivée en 2011. Cela comprend l’innovation à travers de nouveaux produits, de nouvelles méthodes de travail et la création de partenariat avec une série d’intermédiaires professionnels qui offrent un excellent service client. Nous avons également développé un portfolio avec une clientèle individuelle et corporate à part égal. Notre objectif est d’atteindre une part de marché de 10 % dans un proche avenir, tout en étant respecté pour nos capacités de souscription.

Pour rappel, Jubilee Mauritius fait partie des 90 entreprises de l’Aga Khan Fund for Economic Development (AKFED). Celui-ci vise à créer des entreprises rentables à travers des investissements à long terme qui viennent renforcer les capitaux de l’entreprise. Les profits générés sont réinvestis dans d’autres projets de développements sous la houlette de l’AKFED.

Comment se portent vos activités en comparaison de celles que vous avez sur le continent africain ?

Le marché mauricien est un marché avec une pénétration du secteur des assurances plus élevée comparée aux autres pays dans lesquels opère Jubilee. L’Afrique de l’Est est un marché avec un fort développement démographique qui tend graduellement vers la richesse. Le défi est d’y créer un marché équivalent. Alors que Jubilee, qui fête ses 80 ans le 4 août, est bien positionnée sur le continent, avec Rs 11,8 milliards de premium et Rs 33 milliards en termes d’actifs. Elle aborde le marché mauricien avec l’enthousiasme d’une jeune société qui s’attaque à un marché développé.

Pour pouvoir apporter de la valeur ajoutée au marché, cela nous requiert du professionnalisme et de l’innovation centrés sur la clientèle. Les produits d’assurance à Maurice sont plus avancés et c’est sans surprise que les affaires passent par des intermédiaires, des partenaires auxquels nous accordons beaucoup d’importance.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Dans le cadre des 80 ans de Jubilee, nous prévoyons une série de projets, notamment avec le Rotary Club. Nous avons aussi quelques activités dans le social. Du point de vue des affaires, nous prévoyons d’étendre nos services d’assurance maritimes en ligne afin de faciliter l’accès à la documentation. Nous souhaitons aussi augmenter notre présence à travers le pays.

En tant que vice-président de l’Association des assureurs, quel constat faites-vous du secteur actuellement ?

L’assurance générale est un secteur des plus difficiles. Notre croissance dépend directement de celui du business et de celle du produit intérieur brut du pays. Nous souhaitons voir des jours meilleurs bientôt. Il y a une certaine inquiétude de la part des opérateurs quant à l’augmentation du nombre d’accidents de la route. Cela cause un gaspillage de ressources et les assureurs sont parties prenantes de diverses initiatives pour régler ce problème. Nous avons également présenté nos requêtes au gouvernement dans le cadre du Budget et nous espérons qu’ils seront pris en compte.

Quel a été l’impact du scandale de la BAI depuis son éclatement en 2015 ?

La BAI opérait principalement dans le segment des assurances-vie. L’impact sur l’assurance générale a donc été minime. La croissance du marché de l’assurance générale a chuté de 1 % en 2015 avant de reprendre des couleurs en 2016, avec une croissance de 6 %. Les récents investissements d’un groupe d’assurance africain dans l’une des sociétés d’assurance générale mauricienne nous rendent confiants. Cela nous porte à croire que si la croissance du PIB dépasse les 4 % en 2017, nous nous dirigerons vers des jours radieux.

Le secteur est-il suffisamment régulé et surveillé pour empêcher qu’un scandale du même genre ne se reproduise ?

Nous nous dirigeons, cette année, vers un nouveau régime de gestion de risque et de bonne gouvernance pour les entreprises avec le nouveau Code of Corporate Governance. Cela demandera aux entreprises de prendre des mesures plus proactives pour gérer les risques et rapporter les problèmes. Ce qui devrait permettre d’améliorer la supervision des entreprises, en particulier celle des assureurs.

Toutefois, il faudrait revoir les législations qui concernent notre secteur, telles que l’Insurance Act, les lois sur la concurrence et le code civil, afin d’en corriger les incohérences et les gaps. Nous accueillerons des mesures régulatrices qui faciliteraient la collaboration entre les assureurs pour améliorer nos activités de souscription (underwriting activities), le partage des expériences liées aux réclamations, tout en luttant contre les fraudes. Ces mesures contribueront à protéger les assureurs et leurs clients contre des risques excessifs.

Selon vous, quels sont les défis qu’il faudra relever afin d’assurer un développement plus soutenu du secteur à Maurice ?

Comme je l’ai dit plus tôt, le développement du secteur des assurances dépend de la croissance du pays et de son peuple. Tout effort du gouvernement et du secteur privé sur le sujet aide les assureurs. Il y a divers problèmes qui sont traités à plusieurs niveaux. Ceux-là incluent le développement des talents. Les Mauriciens ont l’avantage d’être bilingues et à travers des formations adéquates, ils peuvent constituer un bon pool de gestionnaire de risque et de directeurs en assurance pour le continent africain.

Il faudrait aussi qu’il y ait une plus grande sensibilisation sur l’importance des assurances au niveau des écoles secondaires et des universités afin que les gens comprennent comment préserver leurs biens dûment gagnés.

Autre défi : contenir le coût des réclamations, notamment au niveau des assurances motrices et médicales, où la hausse est plus forte que le taux d’inflation normal. Enfin, il s’agit d’améliorer l’efficience des opérations en optimisant le coût des transactions, un aspect important du business aujourd’hui.