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Dr Vinesh Sewsurn: «Nous voulons un système juste pour les médecins et les patients»

3 juin 2017, 21:18

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Dr Vinesh Sewsurn: «Nous voulons un système juste pour les médecins et les patients»

Le «shift system», les longues files d’attente, et maintenant le H1N1… Les hôpitaux publics font face à bon nombre de turbulences. Faisons le point avec le président de la Medical Health Officers Association (MHOA), le Dr Vinesh Sewsurn.

Dr Vinesh Sewsurn, cela fait deux mois que vous êtes à la tête de la MHOA. Comment comptez-vous faire les choses différemment ?

Nous voulons améliorer le service offert par la santé publique. La confiance de la population est là. Il y a certainement des différences d’opinions, mais le nombre de personnes qui viennent quotidiennement à l’hôpital témoigne de la confiance qu’elles ont en la qualité des traitements offerts. Et là, nous comptons travailler en étroite collaboration avec le ministère de la Santé et toutes les parties concernées pour réellement améliorer le service offert dans les hôpitaux.

Plusieurs reproches sont faits aux hôpitaux publics. Par exemple, les longues files d’attente des patients. Que proposez-vous comme solution ?

Nous voulons un système juste pour les médecins comme pour les patients. Bien sûr, nous avons des propositions concrètes mais je ne dirai rien pour le moment. Celles-ci seront expliquées lors d’une conférence de presse qui aura lieu incessamment.

Même pas une indication ?

Je peux dire que le maître mot sera la modernisation…

Parlons du «shift system». Ce lundi 5 juin 2017, 319 nouveaux médecins seront en poste dans les hôpitaux. Ils ont été recrutés dans le cadre de l’extension de ce système de rotation. Quel est l’avis des médecins à ce sujet?

Que ce soit clair : la majorité des médecins sont pour le shift system. Nous l’accueillons favorablement et félicitons les recrues. Elles nous aideront à offrir un meilleur service et à réduire notre charge ainsi que nos heures de travail.

Il y a également la question du salaire des médecins. Celui-ci devrait chuter avec l’application du «shift system»…

Oui, c’est vrai. C’est un sujet dont on discutera avec le ministère de la Santé. D’ailleurs, nous sommes toujours en négociation.

Justement, malgré les négociations, le litige concernant ce nouveau système existe toujours. Quel est le souci ?

Le shift system a été instauré le 1er avril 2016 au département des urgences, à la suite d’une réunion. Une mesure appliquée dans le flou. Avant la mise en pratique de ce système, nous commencions de 9 heures à midi, enchaînant donc trois heures consécutives, puis nous avions une pause déjeuner de midi à 13 heures et nous reprenions le boulot à 13 heures pour trois heures additionnelles jusqu’à 16 heures.

Maintenant, avec l’actuel système, nous travaillons de 8 heures à midi, ce qui fait quatre heures consécutives. La pause déjeuner est de midi à 13 heures et nous enchaînons à nouveau quatre heures consécutives jusqu’à 17 heures. Ce n’est pas évident avec le nombre élevé de patients.

 

«Auparavant, les médecins travaillaient 33 heures par semaine (...) Avec le nouveau système, cela nous fait un total de 40 heures par semaine.»

 

Le nombre d’heures effectuées chaque semaine pose également problème ?

Oui, c’est exact. Il y a même une affaire en cour, un cas devant la Commission de conciliation et de médiation et des discussions avec le ministère de la Santé. Auparavant, les médecins travaillaient de 9 à 16 heures en semaine et de 9 heures à midi les samedis. Ce qui faisait 33 heures par semaine pour six jours.

Il existait un système «de garde» pour s’assurer qu’il y ait des médecins la nuit, dépendant de la rotation. C’est ainsi que les médecins pouvaient toucher des allocations supplémentaires à la fin du mois. Avec le nouveau système, cela nous fait un total de 40 heures par semaine.

Souhaitez-vous ramener le nombre d’heures à 33 ? Que demandent les médecins ?

Nous voulons un système qui soit favorable à la fois aux patients et aux médecins. Nous avons travaillé sur des propositions mais, encore une fois, nous les rendrons publiques en temps et lieu. Il faut que les patients puissent nous dire s’ils ont vu une différence dans l’accueil ou la qualité des soins depuis le 1er avril.

Que pensent les médecins de l’extension du «shift system» à tous les départements ?

Il y a des divergences d’opinion. La majorité est pour un shift system mais avec des modalités beaucoup plus appropriées. Une petite partie des médecins ne sont pas d’accord, mais selon notre sondage, le système de rotation est accueilli favorablement.

Pourquoi une «petite partie» des médecins est-elle contre ?

Comme je l’ai dit, plusieurs ne sont pas satisfaits des conditions. Si les modalités et conditions sont appropriées, tous les médecins seront satisfaits.

«Si un patient arrive à minuit, aura-t-il le même traitement qu’il aurait eu s’il était venu à midi ?»

Le «shift system» sera étendu à quels départements et quelles sont les implications ?

À tous les départements. Outre les urgences, il y a l’Unit, l’Unsorted Department et les Community/ Area Health Centres. Il est plus facile d’instaurer le shift system aux urgences car tous les médecins effectuent le même boulot matin et soir. L’Unit comprend l’Outpatient Department ou encore l’Elective Surgeries.

Il faut bien comprendre : le jour, soit de 9 à 16 heures, tous les professionnels seront présents. Mais en soirée, seuls les médecins généralistes seront présents. Ils devront s’occuper du département des urgences, assurer une présence en salle, par exemple pour le suivi postopératoire des patients et aussi s’occuper de la salle qui leur a été allouée. Par contre, avec un vrai shift system, si dix médecins travaillent le matin - y compris des spécialistes - il aurait fallu avoir dix le soir. Voilà pourquoi souvent des patients se demandent où est passé le médecin…

Si un patient arrive à minuit, aura-t-il le même traitement qu’il aurait eu s’il était venu à midi ? Nous n’avons aucun problème avec le shift system, mais il doit pouvoir montrer comment la population en sortira gagnante.

Et les autres départements ?

L’Unsorted Department travaille de 9 à 22 heures. C’est là où les non emergencies sont traitées. Par exemple, les cas de grippe. Les médecins y sont postés de 9 à 16 heures et l’extra duty dure jusqu’à 22 heures. Comment le shift system sera-t-il appliqué dans leur cas ? C’est le flou total.

Des discussions sont toujours en cours, nous attendons des réponses. Nous avons un cas en cour et un à la Commission de conciliation et de médiation, mais avant d’aller de l’avant, nous souhaitons négocier avec le ministère pour améliorer le service. 

Il y a une recrudescence des cas de grippe H1N1 en ce moment. Comment l’expliquer ?

Nous avons déjà envoyé une requête au ministère de la Santé sur le nombre de cas suspects. On attend les réponses. Concernant la grippe H1N1, c’est ce qu’on appelle la grippe porcine. C’est une grippe saisonnière, les mêmes précautions doivent être prises comme pour n’importe quelle grippe.

«Le virus H1N1 lui-même ne peut causer de décès. Il y a des décès lorsqu’il y a des complications liées à des infections respiratoires.»

Pourquoi tant de décès s’il ne s’agit que d’une grippe saisonnière ?

Le virus H1N1 lui-même ne peut causer de décès. Il y a des décès lorsqu’il y a des complications liées à des infections respiratoires. Par exemple, cela peut être une surinfection bactérienne, une complication des infections respiratoires, ou encore une pneumonie qui se transforme en septicémie. Là, cela peut causer un décès. Ceux qui sont les plus à risque sont les personnes âgées, celles qui sont très jeunes et celles qui ont une déficience immunitaire.

Comment le H1N1 est-il différent de la grippe saisonnière ?

Le H1N1 est plus virulent, il peut s’attaquer à des gens plus vite. Mais cela ne veut pas dire qu’il entraîne des décès. Il nous faut féliciter le ministre de la Santé qui a su vite réagir en mettant sur pied les Flu Clinics. C’est un bon moyen de canaliser les patients contaminés vers le traitement approprié, en évitant de les mélanger aux autres.