Publicité
Rehabilitation Youth Centre Girls: cadenas et espoir
Par
Partager cet article
Rehabilitation Youth Centre Girls: cadenas et espoir
Cellules, cadenas, rébellion, révolte. Des mots qu’on associerait plutôt à la prison de Beau-Bassin qu’au Rehabilitation Youth Centre (RYC) Girls, qui se trouve dans la même ville. Pourtant, cet établissement est, avant tout, un refuge pour des pensionnaires que la vie n’a pas gâtées. Emma (prénom modifié), les a côtoyées, en tant qu’observatrice, dans le cadre de ses études. Elle n’a peut-être pas tout entendu. Mais elle en a assez vu pour dire que, malgré tout, ce lieu est habité par l’espoir.
Là-bas, l’innocence côtoie l’expérience. «Toutes les filles portaient des survêtements bleus, fournis par le centre. Ce qui leur donnait des airs de gamine. Mais certaines avaient la bouche toute rouge et les paupières scintillantes…» Il faut savoir les pensionnaires ont le droit de se maquiller. Derrière les visages grimés, toutefois, il y a des âmes tourmentées.
Soif d’attention
Les filles, confie Emma, s’attendent à ce que leurs proches viennent les voir, tout ce qu’elles demandent, c’est une visite. Mais cela n’arrive que très rarement… La faute, sans doute, aux préjugés, au qu’endira-t-on. Alors, elles ont soif d’attention, réclament de l’affection. «À plusieurs reprises, j’ai entendu des filles qui appelaient les Rehabilitation Officers ‘maman’. Mo mama sa, mama mo kontan twa, elles écrivent les noms de celles qu’elles estiment, partout dans leurs cahiers», souligne Emma.
Il est injuste, selon cette dernière, de dire que les Rehabilitation Officers sont trop sévères ou trop méchantes avec les filles. Car, dit-elle, «elles font ce qu’elles peuvent». D’autant que les anges ont aussi un côté démoniaque. Langage vulgaire, jurons, entêtement et indiscipline, font ainsi partie du quotidien des mamans-gardiennes. Mais, poursuit Emma, il règne entre elles, la plupart du temps, une vraie entente, «presque familiale».
Qu’en est-il de la perception ? Celle qui veut que les filles soient enfermées, comme des prisonnières, dans des cellules fermées à double tour ? «Elles ont une certaine liberté de mouvement, elles peuvent choisir leurs activités, regarder la télé, participer aux corvées», fait valoir Emma. Et des activités, il n’en manque pas au RYC. Jardinage, cours académiques, danse, les filles peuvent meubler leur temps à leur convenance. Elles sont aussi chargées de l’entretien des espaces communs, ainsi que de leur chambre.
Elles peuvent, d’autre part, s’aventurer en dehors du centre, si elles sont accompagnées par un Rehabilitation Officer. Certaines se rendent ainsi au gymnase, qui se trouve à proximité, pour pratiquer du sport. Il y a une autre activité, par contre, qu’affectionnent particulièrement les adolescentes, mais qui n’est pas tolérée : elle consiste à grimper aux arbres pour faire les yeux doux aux garçons du centre d’à côté…
Qu’importe. Même si elles ont quelques chaînes, au RYC, elles apprennent à briser des barrières, à franchir des obstacles.
Publicité
Les plus récents