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Développement économique: pour une transition écologique à 100 %
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Développement économique: pour une transition écologique à 100 %
«Maurice verte». C’est le nom que porte le modèle économique préconisé par l’économiste, politologue et auteur français Thomas Guénolé, pour le développement économique de Maurice. Développement économique qui irait de pair avec développement durable. L’auteur du livre La mondialisation malheureuse était en déplacement à Maurice pour animer une conférence publique intitulée Les excès de la mondialisation : quel alter système pour Maurice ?, le vendredi 2 juin, à l’hôtel Labourdonnais, à Port-Louis.
Cette initiative de l’Association of Mauritian Manufacturers avait pour objectif d’analyser l’impact de la mondialisation pour un petit État insulaire en développement (PEID) comme Maurice, tout en se penchant sur un alter système économique pour le pays. Parmi les questions abordées : qui sont les gagnants et les perdants (NdlR, de la mondialisation), comment corriger les dérives et l’accroissement de l’inégalité, comment défendre nos spécificités économiques face aux grandes nations industrielles, entre autres.
Le modèle économique qui est ressorti de cette conférence : un projet basé sur le développement durable portant le nom de Maurice verte. L’économiste et les participants ont ainsi déploré l’abandon du projet Maurice île durable qui était, selon eux, un programme tout à fait valable et nécessaire au vu des différentes problématiques économiques, sociales et écologiques auxquelles font face les différents pays à travers le monde, et tout particulièrement les PIED comme Maurice.
Maurice verte est un projet économique qui émane directement des différentes réflexions menées à travers la conférence, a fait ressortir Thomas Guénolé. Ce serait, selon ce dernier, un projet qui a un «objectif collectif galvanisant» et qui permet dans la foulée de concilier «idéal collectif et idéal individuel».
«L’objectif de Maurice verte est de faire de Maurice le premier pays au monde à réussir une transition écologique à 100 %», explique-t-il. Un projet ambitieux mais pas impossible, qui peut s’échelonner sur dix à quinze ans, selon l’économiste. Période qui devrait permettre au pays d’identifier les manquements et de faire la transition vers ce nouveau modèle économique.
Que comprend une transition totale vers le développement durable ? Tout d’abord, une réduction maximale de la dépendance énergétique à l’énergie fossile, l’élimination de déchets, l’agriculture 100 % raisonnée ou encore la croissance de l’écotourisme, entre autres. Au niveau des industriels, le projet Maurice verte aiderait à donner une véritable identité au Made in Moris sur le marché de l’exportation, élément qui n’existe pas pour l’heure. «Il est important d’utiliser au maximum les initiatives existantes », souligne Thomas Guénolé.
Il ajoute que l’application d’un tel projet nécessitera un inventaire de toutes les initiatives liées au développement durable. Fait important : grâce à Maurice verte, le salaire minimum à Rs 10 000 devrait également être possible, notamment à travers l’instauration d’une taxe carbone sur les produits importés. Cette taxe devrait également permettre de financer les allocations familiales, explique Thomas Guénolé.
L’économiste a par ailleurs mis en garde contre le modèle économique singapourien, un système économique où l’agriculture et la pêche ont été complètement abandonnées, avec un taux d’endettement à 100 % du produit intérieur brut et une dette extérieure encore plus importante, ainsi qu’une dépendance de la «superéconomie» chinoise. Et c’est sans compter l’importante différence démographique entre Maurice et Singapour. Selon lui, Maurice devrait avoir un projet de développement qui tient compte de ses caractéristiques propres.
Bon nombre de participants ont salué les propositions de Thomas Guénolé. Certains, à l’instar d’Audrey d’Hotman de Villiers, CSR Manager du groupe Rogers, ont fait ressortir que ces idées reflètent ce que pensent les ONG mauriciennes et la société civile. Yan Hookoomsingh, CSR Manager de la HSBC et activiste du développement durable, a pour sa part souligné le recul de Maurice dans la politique de développement durable depuis ces dernières années et la nécessité d’y remédier.
Qui est Thomas Guénolé ?
<p>Thomas Guénolé est économiste, politologue, enseignant et essayiste. Il assure notamment les cours de sciences politiques de Sciences Po Paris et de démographie à l’université Panthéon-Assas. Il intervient régulièrement dans les médias pour décrypter l’actualité politique et économique. Parmi ses publications les plus connues : «<em>La mondialisation malheureuse</em>», essai publié aux éditions First en 2016, où il dénonce «<em>l’entreprise politique du pillage des ressources humaines et matérielles de notre planète par une infime minorité de l’humanité</em>».</p>
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